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Pendant l’expérience de 15 minutes, certains étudiants n’ont pas résisté et ont consulté leur téléphone portable. © Intel Free Press, flickr, cc by sa 2.0
Dans une expérience menée aux États-Unis, alors qu'ils devaient passer quinze minutes à réfléchir et laisser divaguer leurs pensées, deux tiers des hommes ont préféré s'administrer au moins un choc électrique, contre un quart des femmes. Est-il si difficile de ne rien faire dans une vie (trop) emplie d'activités ?

« Un roi sans divertissement est un homme plein de misères. » Cette pensée de Blaise Pascal semble trouver aujourd'hui un fondement scientifique avec ces résultats parus dans la revue Science. Timothy Wilson, professeur de psychologie, et ses collègues de l'université de Virginie, aux États-Unis, ont mené une série d'expériences pour évaluer le plaisir que l'on pouvait trouver en restant seul perdu dans ses pensées.

Tout d'abord, ils ont demandé à des étudiants de passer 6 à 15 minutes dans une pièce du laboratoire à réfléchir tout en restant assis. Ensuite, on leur a demandé ce qu'ils avaient pensé de cette expérience : les participants ne l'ont pas vraiment appréciée. Pour savoir si c'était dû à l'environnement, les chercheurs ont reproduit l'expérience au domicile des étudiants. Mais ceux-ci prenaient encore moins de plaisir à rester assis à réfléchir. Pire, 32 % ont reconnu avoir triché, par exemple en écoutant de la musique ou en consultant leur téléphone portable !

Les chercheurs ont reproduit le même type d'expérience avec des adultes de 18 à 77 ans recrutés dans une église et un marché, et ont trouvé des résultats similaires. Conclusion : la plupart des gens n'aimeraient pas rester seuls dans leurs pensées. Mais est-ce que cela serait au point de préférer une distraction désagréable ?

L'homme moderne n'aime pas n'avoir rien d'autre à faire que penser

Les chercheurs ont alors suivi un nouveau protocole : tout d'abord, ils ont demandé aux participants de dire si différents stimulus, comme des photographies ou un léger choc électrique, étaient plaisants ou non. Puis ils leur ont demandé si, dans l'hypothèse où on leur donnait 5 dollars (3,7 euros), ils seraient prêts payer pour subir ou ne plus subir ces stimulus. Ceux qui ont dit qu'ils préféraient payer plutôt que de supporter un nouveau choc électrique sont restés pour la suite des expériences.

Les participants ont alors dû rester assis 15 minutes, avec leurs pensées comme seule distraction. Mais s'ils en avaient envie, ils pouvaient à nouveau recevoir un choc électrique en appuyant sur un bouton. Résultat : 12 des 18 hommes et 6 des 24 femmes se sont administré au moins un choc, et un homme l'a fait 190 fois. La majorité des hommes préféraient donc s'administrer un léger choc électrique plutôt que de rester assis à ne rien faire ! Pourtant, les participants sélectionnés avaient affirmé qu'ils étaient prêts à payer pour ne plus recevoir de choc électrique...

Pour les chercheurs, la différence entre les hommes et les femmes serait due à une certaine tendance masculine à la recherche de sensations. D'après Timothy Wilson, il deviendrait difficile dans une société moderne emplies de gadgets et d'activités d'utiliser la simple pensée pour passer un bon moment... Au point que pour sortir de son ennui, une stimulation négative semble parfois préférable à pas de stimulation du tout !