Le scandale du Mediator n'en finit plus d'éclairer les coulisses de l'industrie du médicament. Exemples à l'appui, Mediapart pointe les collusions entre la commission d'autorisation de mise sur la marché et les laboratoires.

La commission d'autorisation de mise sur le marché, (AMM), organe de l'Afssaps, est chargée de proposer au directeur de l'Afssaps qu'un médicament soit autorisé, ou bien qu'il soit retiré du marché en cas d'alerte.

Mediapart a enquêté sur les membres de la commission actuelle, qui a été renouvelée en partie en 2010. Verdict : sur 30 membres, 28 sont liés à des labos, alors qu'ils sont censés juger les médicaments en toute impartialité.

Les 30 membres sont nommés par le ministère de la Santé pour une durée de trois ans. Depuis 1993, chacun d'entre eux est tenu de faire une déclaration d'intérêt lors de son entrée en fonction, explique Médiapart. Et depuis 1998, ces déclarations sont rendues publiques.

D'après ces déclarations, selon Médiapart, "23 membres ont personnellement touché de l'argent des laboratoires." Seuls deux des 30 membres déclarent n'avoir pas du tout reçu d'argent des laboratoires au cours des cinq dernières années.

Exemple: Véronique Andrieu, membre de la commission de l'AMM, et qui, depuis 2006, a rédigé 34 rapports d'expertise rémunérés pour des laboratoires -laboratoires dont les dossiers étaient présentés à l'Afssaps.

Médiapart donne aussi l'exemple de la réunion du 9 septembre 2010, dernière mise en ligne sur le site de l'Affssaps, dans laquelle un produit de Sanofi-Aventis est discuté. Or, dans la commission, 14 membres ont précisément un lien avec Sanofi-Aventis. Selon le règlement, une personne "doit sortir de la salle en cas de conflit d'intérêt important". Lors de cette réunion, aucune n'a quitté la salle.

C'est ce qui s'était passé lors d'une réunion de la commission de l'AMM au sujet du médiator, le 5 avril 2007. La commission avait été alertée par le chaînon précédent, la commission nationale de pharmacovigilance, qui avait conclu à un bénéfice risque négatif" du médicament, c'est à dire qu'il comportait plus de danger pour la santé que d'apport positif. A l'issue de la réunion de l'AMM, aucune décision de retirer le médicament du marché n'avait été prise. Dans son rapport, l'Igas pointe que "quatre des experts présents avaient alors un lien d'intérêt avec les laboratoires Servier." Seul un avait quitté la salle, "les trois autres, pourtant identifiés comme tels, assistant sans délibérer à cette séance".