Image
© Inconnu
Scandale au pays de l'érable ! TransCanada, une compagnie canadienne spécialisée dans le transport du pétrole et du gaz, cherche à obtenir coûte que coûte un mégaprojet de 12 milliards de dollars. Il s'agit d'un projet de pipeline de 4600 km susceptible d'acheminer le pétrole des sables bitumineux de l'Alberta vers l'Est du Canada, via le Québec. Devant une opinion publique québécoise réticente, TransCanada a fait appel à Edelman, le géant américain des relations publiques en lui donnant comme mission d'élaborer une stratégie de « vente » du projet à l'opinion publique de la « société distincte » du Québec.

Les documents secrets élaborés par Edelman se sont retrouvés, grâce à un informateur anonyme, dans les mains de Greenpeace qui les a transmis aux médias. La centaine de pages exposant la stratégie Edelman contient des méthodes jugées très déloyales par certains observateurs, « aussi sales que leur pétrole » selon d'autres.

Jugez-en :

- Créer de toutes pièces une mobilisation citoyenne en recrutant 35 000 activistes pour écrire des articles favorables ou en commenter d'autres sur Internet et en particulier sur les médias sociaux.
- Tenter de mettre de leur côté des universitaires « car ils sont particulièrement crédibles aux yeux des Québécois » en organisant « une campagne de financement majeure » d'une université québécoise pour la recherche environnementale.
- Tenter d'entrer en relation avec des « personnes d'influence, potentiellement favorables au projet ». Une liste contenant plusieurs noms est fournie : on y trouve d'anciens Premiers ministres, des maires de grandes villes (Montréal, Québec), différents PDG, etc.
- Contrer les opposants au projet en travaillant avec des tierces parties que « nous armerons de l'information dont ils ont besoin pour leur mettre de la pression et les distraire de leur mission ».
- Faire une « recherche de fond détaillée sur les principaux groupes d'opposition ».
- Etc.

Vidéo.

Cette stratégie a fait bondir Keith Stewart, responsable de la campagne Climat-Énergie chez Greenpeace Canada qui a déclaré : « Ils adoptent un modèle politique américain qu'ils reconnaissent comme étant 'agressif' et font appel à des spécialistes américains de relations publiques connus pour leurs pratiques déloyales utilisant de faux groupes citoyens pour attaquer les détracteurs de l'industrie En ayant recours à des groupes factices pour décrédibiliser leurs détracteurs, les compagnies pétrolières portent atteinte au débat démocratique ».

La preuve que business et éthique sont souvent antinomiques. Même en démocratie. Coïncidence ? Le projet Keystone XL vient d'être rejeté par le Sénat américain. Ce projet d'oléoduc qui devait transporter le pétrole des sables bitumineux de l'Alberta vers les raffineries du golfe du Mexique (États-Unis) était lui aussi porté par TransCanada.

Un mauvais présage pour le projet Énergie Est ?

Image
© Inconnu