Lors d'une conférence à l'Université d'État de Moscou pour les relations internationales, le deuxième jour de sa visite officielle en Russie, le Premier ministre grec Alexis Tsipras a expliqué, selon le site DefenceNet, que la Grèce a fait le choix de se rapprocher de la Russie non pas pour des raisons opportunistes, mais dans le cadre d'une volonté stratégique concernant les questions énergétiques et économiques.

Poutine
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Dans ce même discours, Tsipras a appelé l'Union européenne à rétablir le dialogue avec la Russie, en dépit de ses différends concernant l'Ukraine :
Il est impossible de construire la sécurité européenne sans la Russie, et encore moins contre elle, a-t-il déclaré aux étudiants présents. Nous devons dans ce contexte (...) rétablir le dialogue UE-Russie de manière à répondre aux défis mondiaux, à mettre en place la coopération dans le domaine de l'énergie, et à promouvoir la mobilité entre les citoyens.
Malgré les prétentions d'une grande partie de la presse européenne, selon laquelle les discussions entre Tsipras et Vladimir Poutine n'auraient qu'un « caractère symbolique » et n'ont débouché sur rien de concret, le quotidien grec Prothema, ainsi que d'autres médias grecs, rapportent que Tsipras a obtenu cinq gains positifs au cours de ce périple, dont :
  1. La création d'un nouveau couloir énergétique, en l'occurrence le gazoduc Turkish Stream, qui ferait de la Grèce une plateforme de la distribution du gaz russe en Europe. Ce gazoduc générera 500 millions d'euros de revenus annuels directs. Les ministres des Affaires étrangères hongrois, serbe, grec et macédonien s'étaient réunis le 2 avril pour signer une déclaration de soutien au projet, et la Russie s'était engagée à faire en sorte qu'il soit conforme aux régulations européennes.
  2. L'embargo russe contre les produits agricoles en provenance de l'UE sera contourné par la création d'entreprises conjointes entre la Russie et la Grèce, qui seront domiciliées sur le territoire russe, une solution proposée par les Russes pour permettre à la Grèce d'exporter ses produits.
  3. Le développement d'une collaboration bilatérale à venir dans le commerce, la finance, le tourisme, la culture, ainsi que la participation de la Russie dans des appels d'offre pour la privatisation et la construction de certaines infrastructures. Les Russes seraient intéressés par le Port de Thessalonique, ainsi que par certaines lignes ferroviaires.
  4. Les entreprises russes pourront participer aux appels d'offre pour le forage de 20 sites pétroliers dans la mer Ionienne et au sud de la Crète.
Ces résultats montrent la volonté de la Grèce de développer une « politique étrangère multipolaire », comme l'a expliqué Tsipras lors de son séjour à Moscou. La Grèce n'est pas un « mendiant » ni une « colonie débitrice », mais un « pays souverain disposant du droit indiscutable de mettre en place une politique étrangère multidimensionnelle et d'exploiter son rôle géopolitique », a-t-il déclaré.

Tsipras doit retourner en mai à Moscou pour participer aux commémorations entourant le 70e anniversaire de la défaite du nazisme en Europe, et une troisième fois en tant qu'invité d'honneur au prochain Forum économique de Saint-Pétersbourg.