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© InconnuLa Liberté guidant le peuple par Delacroix
Une société sans cash est immorale, pense Le Temps, car la propriété de l'individu est alors entièrement soumise et prisonnière d'un système dirigiste de contrôle, de prédation et de spoliation.

« L'argent liquide sera-t-il bientôt interdit ? De plus en plus de pays prennent des mesures allant dans ce sens. Des économistes de renom, comme Larry Summers, l'ex-secrétaire au Trésor de Barack Obama, ou Kenneth Rogoff, ancien économiste du FMI, plaident pour un tel interdit. Quelle est leur motivation ? ».

Le journal suisse Le Temps s'émeut de la mise en place d'une société sans cash ; il répond à la question dans le titre même de son article : « La guerre contre le cash est immorale ». Bigre, ce n'est pas moi qui le dis... Une société sans cash est immorale, pense Le Temps, car la propriété de l'individu est alors entièrement soumise et prisonnière d'un système dirigiste de contrôle, de prédation et de spoliation.

« La méfiance des autorités envers le citoyen est telle en 2015 que l'argent non contrôlé et certifié par un homme de l'État est considéré comme le produit d'un acte répréhensible. L'argent a subitement mauvaise odeur. Ce n'est plus le fruit d'un travail honnête, une récompense que l'on se plaît à détenir ».

À tout instant, un « fonctionnaire habilité » pourrait, en cliquant sur un simple bouton, vous priver de votre légitime propriété. Rappelons-le, un État de droit et une démocratie sont régis par les principes suivants :
- l'État possède le monopole de la sécurité (police, armée, justice)
- des représentants sont élus
- les impôts sont débattus et votés par ces élus
- l'État les lève en usant de son monopole de force publique
Si les citoyens sont mécontents de l'usage de l'impôt, ils renvoient leurs représentants et en trouvent d'autres à la prochaine échéance électorale. Nous ne vivons plus que dans un simulacre de démocratie. Les impôts ne sont plus débattus ou votés car le recours à la dette publique pour financer le fonctionnement courant de l'État s'est généralisé. Souvenez-vous, « Ça ne coûte rien, c'est l'État qui paie » a-t-on entendu au sujet des emplois d'avenir. Mais la dette publique n'est rien d'autre qu'un impôt qui n'a pas encore été levé. L'argent gratuit n'existe pas.

Nous ne vivons plus dans un État de droit car celui-ci promulgue des lois qui défendent la sphère publique et des privilèges au lieu de lois qui défendent le citoyen. Nous ne vivons plus dans un État de droit depuis que les députés de l'Assemblée nationale se sont auto-amnistiés en 1998 (affaire Urba-Gracco). Les lois protègent désormais privilèges et monopoles accordés par les élus à certains, et notamment les banques.

Les banques profitent de la dette publique. Elles ont obtenu la délégation du monopole de création monétaire et encaissent des intérêts sur de l'argent qui n'existe pas mais qu'elles ont le droit d'émettre, contrairement à vous et moi. La dette publique est, du point de vue d'une banque, une « bonne dette » puisqu'elle est garantie par les contribuables et que l'État peut lever l'impôt arbitrairement, à tout moment.

Or quoi de plus facile de lever un impôt quand il n'y a plus de cash ? Quand tous vos avoirs, épargne, livrets, comptes, déclarations d'impôt, prélèvements automatiques, facturations, numéros de comptes, allocations, salaires, et bientôt dépenses de santé sont en ligne, tous étant liés, corrélés, il ne suffirait, en gros, que d'un « clic » pour que tous soient bloqués.

Pour promouvoir une société sans cash, les autorités agitent l'épouvantail de la sécurité et de la moralité : on lutte contre le blanchiment, le crime, le terrorisme, la fraude fiscale. On veut vous « simplifier la vie », « simplifier les procédures ». Certes. Sauf qu'il me semble que trafiquants, criminels, terroristes, ou fraudeurs, justement, sont peu enclins à utiliser cette panoplie de flicage du citoyen. Et puis, ils utilisent des routes et de l'éclairage public mais on ne les supprime pas pour autant !

Quant à la lutte contre la fraude fiscale, si elle était vraiment un souci, l'ex-ministre Cahuzac ne serait-il pas déjà condamné, et le député Thévenoud n'aurait-il pas été destitué ? Comment la société sans cash se met-elle insidieusement en place ? Voyez cette liste de décisions prises ou en passe d'être prises. Et ouvrez les yeux :
- le Danemark s'apprête à interdire le cash
- l'Italie a rendu illégale toute transaction en espèces supérieure à 1000 euros
- la Suisse a proposé d'interdire les paiements en espèces de plus de 100 000 francs suisses
- la Russie a interdit les transactions en espèces de plus de 10 000$
- l'Espagne interdit les transactions en espèces au-dessus de 2 500 euros
- le Mexique a rendu illégaux les paiements en espèces de plus de 200 000 pesos
- l'Uruguay a interdit les transactions en espèces excédant 5 000$
- la France a rendu illégales les transactions en espèces de plus de 1 000 euros, abaissant ainsi la limite précédente qui était de 3 000 euros
- la France et Tracfin demandent la suppression du billet de 500 euros
- les banques américaines Chase Manhattan puis J.P. Morgan ont interdit à leurs clients de déposer des espèces dans les coffres qu'ils louent
- Chase a limité l'usage des espèces dans la région de Cleveland
- l'État de Louisiane a interdit les transactions en cash aux vendeurs d'occasion
- en France, l'anonymat sur les opérations de change sera limité à 1000 euros au 1er janvier 2016.
Qui a intérêt à cette société sans cash ? Les gouvernements et les banques. Qui la promeut ? Les gouvernements, les banques, les multinationales qui fournissent des solutions de télépaiement, les économistes payés par les gouvernements (universitaires, fonctionnaires) ou les banques.

Ils ne la promeuvent pas pour des raisons de sécurité ou de moralité mais pour mieux vous asservir...