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Poutine assume. Il s'engage militairement auprès du régime syrien à la demande de celui-ci. Il frappe pour aider Bachar el-Assad à reprendre du terrain et à se trouver en position d'affronter Daesh au sol au cœur d'une coalition. Cela implique que les Russes ne frappent peut-être pas exclusivement l'organisation de l'État islamique.

Mais être accusé de mensonge par les américains, champions toutes catégories de cette discipline depuis toujours notamment pour justifier la guerre inexpiable en Irak ,doit faire sourire Poutine. La tête de faux cul béni de Fabius sur le même registre doit également être un sujet de jubilation pour celui qui a cru- mais on ne l'y prendra plus- en notre action humanitaire en Libye.

La France toujours du coté de la morale et du droit bien sûr contre les méchants. Ainsi le lendemain du jour où François Hollande demande le départ de Bachar El-Assad, la justice française entame une action contre le président syrien pour "crime de guerre et crime contre l' humanité", alors que sort un livre document qui se veut accablant sur le sujet. Ça tombe bien non ?

Invité de RTL, le ministre des affaires étrangères, Laurent Fabius, a réagi aux premiers bombardements de l'aviation russe en Syrie : « s'il s'agit pour les Russes, de frapper Daech, pourquoi pas ! Mais d'après les informations que nous avons, ils ont frappé, pour une bonne part, des résistants et les civils.»


Commentaire : On s'habitue, hélas, au discours politicien, mais quand on prête attention à la manière dont s'exprime Fabius, c'est tout de même sidérant d'approximation, de mauvaise foi, et, disons-le, de foutage de gueule. Le "Si" et le "pourquoi pas", pour minorer l'action russe et distiller le doute, le "d'après nos informations", vague au possible, mais forcément vrai-puisqu'on-nous-le-dit-et-que-c-est-une-preuve-suffisante-donc, le "pour une bonne part", d'une imprécision voulue qui amène forcément à penser que c'est la "part" principale.

Le manque de courage journalistique pour oser ne pas relever de telles énormités révèle toujours plus, évidemment, la grossièreté d'une telle désinformation. Ceci ne nous rappelle t-il pas cela : les accusations mensongères (et sans preuves) de l'année dernière concernant le vol MH17 ?


Il n'y a que les Français qui ne font pas de victimes civiles! Assad lui, en revanche, ne tue que des civils. Incroyable non ? Ce qui est sûr, c'est que les frappes russes posent un problème aux Américains et aux Français. Il faut tout faire pour éviter la bavure en plein ciel et donc discuter militairement avec Moscou.

Mis devant le fait accompli, le secrétaire d'État américain John Kerry a retrouvé son homologue russe Sergueï Lavrov au Conseil de sécurité de l'ONU. Ils ont annoncé, côte à côte devant la presse, s'être mis d'accord sur la nécessité d'une rencontre "entre militaires, aussi vite que possible, peut-être même demain" afin d'éviter tout incident entre leurs aviations en Syrie. Cette réunion entre les deux armées doit porter sur ce que John Kerry a appelé en anglais la "deconfliction". Il s'agit d'éviter un incident militaire entre les avions russes et ceux de la coalition internationale pilotée par les États-Unis, qui, depuis un an, frappe les positions de l'État Islamique. John Kerry a déclaré devant le Conseil de sécurité que Washington était disposé à "bien accueillir" le recours à la force aérienne russe, à condition de viser "réellement" l'EI et Al-Qaïda. Sinon, "nous aurions de sérieuses inquiétudes", a dit le secrétaire d'État. Moscou a répondu que son aviation avait effectué 20 sorties et touché "huit cibles du groupe État islamique". La télévision officielle syrienne a confirmé des bombardements dans les provinces de Hama (Nord-Ouest) et Homs (centre). L'armée syrienne a aussi mené un raid dans la région de Lattaquié (Nord-Ouest).

La Russie est montée en puissance en Syrie durant l'été, et surtout en septembre, en déployant avions, hélicoptères, tanks et soldats dans le nord-ouest du pays et en construisant une base dans l'aéroport de Lattaquié. Elle a intensifié ses livraisons d'armes à Damas. La Russie intervient aussi loin de son territoire pour la première fois depuis 36 ans : en 1979, il s'agissait pour les troupes soviétiques d'envahir l'Afghanistan. Elle rappelle ainsi qu'elle est un soutien indéfectible au président syrien, toujours au pouvoir après plus de quatre ans d'une guerre.

En engageant son armée pour encadrer celle de Bachar, il apporte une puissance incontournable à la coalition, cette force au sol qui, coordonnée avec les frappes aériennes, pourra faire reculer Daech. Mais Poutine veut un engagement international. Il connait bien le passé. En 1996, l'académie militaire russe Frounze publiait une autocritique des erreurs des Soviétiques en Afghanistan. Depuis tous les militaires étudient ce texte.

L'ours a hiberné, il se réveille mais ne veut plus commettre les mêmes erreurs qui lui ont coûté si cher.