Commentaire : Poutine est diabolisé, bien sûr, car il représente un réel danger. Le danger de la vérité, celle qui ramène au plus prés de la réalité, qui révèle la rouerie et les mensonges de nos représentants, celle qui nous confirme que le blanc est bien blanc, et pas noir. Et pour finir :
En d'autres termes, la crise ukrainienne et le paroxysme antirusse/antipoutinien nous en révèlent beaucoup plus sur "nous-mêmes" (c'est-à-dire sur le bloc BAO) que sur les Russes et sur Poutine, et sur les relations de nous-mêmes avec la Russie et avec Poutine. La crise ukrainienne dans toutes ses composantes se confirme elle-même comme une composante de la Grande Crise, - c'est-à-dire la crise d'effondrement du système, - avec notamment, sinon essentiellement, une crise fondamentale de la psychologie collective sous l'influence du Système. Par conséquent, l'engagement surpuissant du Système dans cette crise ukrainienne constitue pour lui (le Système) et pour les psychologies de ses serviteurs un risque considérable d'accélérer cette phase finale de l'effondrement. Poutine est le miroir et le témoin de tout cela, ce qui dispense de se demander pour quelles raisons on distingue parfois chez lui, derrière sa mine énigmatique, un certain sourire non exempt d'ironie.

Traduction : Christophe pour ilFattoQuotidiano.fr

Poutine
© Inconnu
Nous assistons à une campagne effrénée de diabolisation du président russe Vladimir Poutine. Beaucoup s'en sont aperçus, tellement elle est flagrante, mais tous n'en comprennent pas les raisons, et ne se rendent pas forcément compte de qui est derrière tout cela.

D'abord, énumérons les faits. Les tout derniers, car cette campagne dure depuis déjà plusieurs années. Depuis que le président russe a compris qu'avec l'Empire, on ne peut que se défendre. Il doit avoir lu le livre d'Arnold Toynbee.

Poutine "agresseur" de l'Ukraine. Poutine qui a "annexé" de force la Crimée. Poutine qui a "abattu le Boeing malaisien". Poutine qui a assassiné Anna Politkovskaïa. Poutine qui a tué Boris Nemtsov sur le pont du Kremlin.

Et ça continue aujourd'hui avec cette nouvelle vague d'accusations (pas si nouvelle que ça, en fait). Poutine qui a assassiné Alexander Litvinenko avec du Polonium. C'est un juge anglais qui l'affirme, tout en ajoutant le mot "probablement". La richesse infinie de poutine documentée dans un reportage de la BBC sans la moindre preuve, mais qui est repris et amplifié... par un ministre du gouvernement américain et validé par le porte-parole d'Obama. Ce qui revient à lui envoyer le message "on ne discute plus avec toi". Alors que lui s'obstine à les appeler "nos partenaires". Quelle patience !

Et attendez-vous à une nouvelle "bombe" médiatique très bientôt : le Tribunal pénal international (TPI) annonce avoir ouvert une enquête sur la responsabilité de la guerre en Géorgie déclenchée le 8 août 2008. Quelle réactivité impressionnante ! Il aura fallu attendre 8 ans. De son côté le gouvernement russe a déjà fait cette enquête et publié voilà 8 ans son rapport constitué de plus 500 documents. Mais ne nous faisons pas d'illusions. Personne à La Haye ne prendra le temps de le lire. En fait, ils sont simplement en train de préparer une nouvelle salve d'accusations contre la Russie, et pour cela ils n'ont besoin d'aucune preuve.
L'objectif est juste de maintenir vivace la flamme russophobe, et même de l'amplifier en ajoutant de nouveaux thèmes. Mais, sans apporter l'ombre d'une preuve, évidemment. Qui s'en préoccupe ? De toute façon, le résultat est garanti. En fait, tous les médias occidentaux, porteurs de la nouvelle logique orwellienne, n'ont plus besoin de preuves. Ils ne savent même plus comment les chercher ni comment les vérifier.
Ils répètent à l'unisson, avec l'assurance pérenne à la fois de leur totale impunité, et de l'amnésie béate, voire stupide, des masses populaires, comme ce fut le cas par exemple avec la fameuse fiole agitée par Collin Powell devant le Conseil de Sécurité de l'ONU visant à accuser Saddam Hussein de détenir des "armes de destruction massive".

Il existe effectivement un centre, un bureau spécial, chargé de coordonner cette campagne. Nous en parlons, Pino Cabras et moi, dans notre livre "Barack OBush". Où se trouve ce bureau ? Nous ne le savons pas exactement, mais ce que nous savons c'est qu'il opère à temps plein. C'est un peu l'équivalent d'un d'état-major de la propagande impériale. Et il ne lésine pas sur les moyens.

Poutine bombarde les terroristes en Syrie ? Non, Poutine bombarde les civils, les hôpitaux, les écoles, les enfants. Qui affirme cela ? C'est la coalition occidentale, celle qui a financé les coupeurs de tête de Daesh. Personne ne prend la peine de vérifier, c'est Erdogan qui le dit [ou l'Observatoire syrien des droits de l'homme - NdT]. Ou bien les pro-nazis de Kiev. Ou encore les sympathisants nazis en Pologne, Estonie, Lettonie, Lituanie. Bruxelles aussi. C'est tout dire.

Les USA annoncent qu'ils vont envoyer des troupes en Syrie, en violation flagrante de toutes les lois internationales. L'Arabie saoudite, fleuron de la démocratie, s'associe à ce projet, et propose également d'envoyer des troupes. La Turquie se propose d'envahir elle aussi les zones kurdes.
Pourquoi tout cela se produit-il ? Mais pour une raison toute simple : la Russie est en train de détruire Daesh, petit bout par petit bout. Et l'armée de Bashar el-Assad est passée à l'offensive sur tous les fronts. A Washington, on organise des séminaires et on essaie de mesurer les pertes [de Daesh] sur le champ de bataille. Il va donc falloir stopper la Russie avant qu'il ne soit trop tard, c'est-à-dire avant que tous les coupeurs de tête ne se soient enfuis et dispersés dans la nature.
Les gens s'étonnent que les négociations de paix à Genève soient au point mort ? Les terroristes modérés protestent, et disent aux USA : "avant de négocier, la Russie doit s'en aller". Autrement dit, celui qui doit partir, c'est le seul pays qui est intervenu en toute légitimité sur le territoire syrien, puisque le gouvernement de Damas l'a appelé à l'aide.

Si la Russie refuse - l'Occident le fait comprendre ouvertement - il y aura la guerre. Peut-être en Ukraine, ou peut-être dans les Pays baltes, où tous mettent en garde contre une imminente attaque russe, tandis que l'OTAN prépare une tout aussi imminente provocation contre la Russie.

Et s'il vous plait, ne me dites pas que je suis catastrophiste. Je suis tout sauf catastrophiste, mais je ne suis pas aveugle. Les choses sont extrêmement claires.

Mettez vos cuirasses, mais sachez que cela ne vous sauvera pas. En attendant, préparons-nous à entrer en guerre en Libye [contre l'État islamique]. Je suggèrerais vraiment de commencer à nous mobiliser contre ce gouvernement. Zanotelli vient de lancer un appel : laisserons-nous notre ministre de la Défense, Roberta Pinotti, nous entrainer dans une nouvelle guerre ?