Commentaire : Dans l'article qui suit, le World Socialist Web Site considère qu'au final Trump veut aussi la guerre mais plutôt contre la Chine au lieu de la Russie comme le camp Clinton. Ce n'est pas l'analyse de SOTT qui aujourd'hui considère que Trump est un businessman et qu'il essaye réellement d'arrêter la machine infernale. Mais le fait qu'il y parvienne ou qu'il ne se laisse pas entraîner est tout autre chose. Nous devrons suivre les « signes » qui seront donnés au fil du temps...


Mercredi, le chroniqueur du New York Times, Thomas Friedman, a adressé une lettre ouverte à un groupe de généraux et d'agents de l'État profond, ainsi qu'à un dirigeant du cabinet du président Trump, les invitant à organiser un coup d'État.

Les destinataires de la lettre de Friedman, au nom de code « Appel à quelques hommes de valeur », sont trois généraux - le secrétaire à la Défense James Mattis, le conseiller en sécurité nationale HR McMaster et le secrétaire à la Sécurité intérieure John Kelly - ainsi que le directeur de la CIA Mike Pompeo et l'ancien magnat du pétrole et actuel Secrétaire d'État Rex Tillerson.

US Democrats and Republicans
© Carlos Barria/Reuters
S'exprimant dans le langage d'un flagorneur politique, la chronique de Friedman commence : « Chers Messieurs, je vous écris aujourd'hui comme aux cinq adultes les plus intègres de l'administration Trump. Mattis, McMaster et Kelly, vous avez tous servi notre nation en tant que généraux sur le champ de bataille. Pompeo, vous, diplômé premier de votre promotion à West Point avez été officier de cavalerie. »

Il continue : « Je vous écris directement parce que je crois que vous êtes les derniers des "quelques hommes de valeur" qui peuvent tenir tête » à Trump. Faisant référence à la destitution de Richard Nixon, Friedman déclare : « La dernière fois que notre pays a fait face à un tel cancer sur la présidence, la direction du Parti républicain s'est levée et a mis le pays avant le parti pour arriver à la vérité. » Mais, écrit-il, le Parti républicain d'aujourd'hui a « déclaré sa faillite morale » et « a renoncé à sa responsabilité ».

Combinant la flatterie avec l'abaissement de soi, il poursuit : « Je demande à ceux d'entre vous qui ont honoré notre pays comme officiers militaires comment vous auriez réagi si votre commandant avait accusé son prédécesseur d'un haut crime qui violait son serment constitutionnel [...] Est-ce que vous, hommes de l'armée, auriez simplement dit : « Désolé, je ne fais que de l'artillerie » ou "Je reste dans ma voie ?" Connaissant certains d'entre vous, je préfère penser que non ».

Friedman révèle le caractère complètement réactionnaire de l'opposition du Parti démocrate à l'administration Trump. Trump et sa bande de fascistes, de généraux et de milliardaires ont provoqué la haine de dizaines de millions de personnes aux États-Unis, qui s'opposent aux attaques de l'administration contre les droits démocratiques, à la persécution des immigrants par la police et aux appels au chauvinisme, au racisme et au militarisme. Mais l'opposition de Friedman et du Parti démocrate au nom duquel il parle n'a rien à voir avec ces sentiments démocratiques.

Friedman donne la parole aux tendances dans et autour du Parti démocrate qui sont préparés, dans la poursuite de leur diabolisation style McCarthy de la Russie, à accueillir un coup d'État qui imposerait une junte réunissant les militaires, l'appareil de renseignement et les grandes entreprises sur le peuple américain. Les couches sociales riches et corrompues pour lesquelles ce chroniqueur milliardaire parle sont motivées par deux préoccupations principales.

Tout d'abord, Trump menace les intérêts impérialistes américains dans le monde en se soustrayant à la politique belliqueuse de l'administration Obama contre la Russie, tout en minant l'image des États-Unis à l'échelle internationale par ses mensonges et ses intimidations envers les alliés de Washington. Il le précise dans sa chronique, faisant état de discussions dans les Émirats arabes unis et de sondages en Allemagne montrant un soutien en baisse pour les États-Unis, et avertissant que « le monde regarde ».

Il cite le stratège impérialiste américain Richard Haass, président du Conseil des relations extérieures, qui avertit que sans une correction urgente de l'orientation, les États-Unis pourraient se retrouver « non pas avec l'Amérique d'abord, mais avec l'Amérique toute seule ».

La deuxième grande préoccupation est que Trump suscite le mécontentement populaire aux États-Unis qui pourrait partir en vrille et menacer l'ensemble du système économique et politique. Loin d'en appeler à la large opposition populaire à Trump qui a commencé à éclater dans les jours après son investissement, le Parti démocrate est obsédé par le désir d'éviter à tout prix l'émergence d'un mouvement des masses ouvrières.


C'est pourquoi il fait appel à l'appareil militaire et de renseignement et à l'aristocratie patronale dans sa lutte avec la faction de la classe dirigeante représentée par Trump.

La guerre entre les deux est une guerre de menteurs entre deux factions profondément réactionnaires de la même élite capitaliste. Le camp de Trump cherche à adopter une approche différente dans l'impulsion de l'impérialisme américain pour l'hégémonie mondiale, mettant de côté pour l'instant des plans de guerre contre la Russie afin de concentrer l'agression américaine d'abord sur la Chine.

Les deux factions entraîneraient le peuple des États-Unis et le monde dans une troisième guerre mondiale, avec la perspective de l'annihilation nucléaire. Et il n'y a aucune différence entre les deux sur la nécessité d'escalader la guerre contre la classe ouvrière.

Ceux qui s'opposent à la politique de racisme anti-immigrés de Trump, à la destruction des programmes sociaux et à la guerre doivent rejeter les efforts des démocrates pour canaliser le sentiment populaire anti-Trump derrière leur propre programme de guerre et de réaction sociale. Ce qui est nécessaire, et ce pour quoi le Parti de l'égalité socialiste et le World Socialist Web Site se battent, c'est le développement d'une opposition ouvrière basée sur un programme socialiste pour mettre fin au capitalisme et à l'impérialisme.

(Article paru en anglais le 23 mars 2017)