Ayant abattu un avion syrien, les Etats-Unis invoquent la légitime défense. Rick Sterling, du Mouvement de solidarité avec la Syrie, se demande ce qu'il se passerait si un pays ne laissait pas les avions américains voler dans leur propre ciel.

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© HAIDAR MOHAMMED ALI / AFPL'illegalité des Américains en Syrie
Washington affirme que son action contre un avion de chasse syrien relevait de la « légitime défense ». Moscou a fait part de son mécontentement en mettant un coup d'arrêt à la coopération en Syrie avec la coalition dirigée par les Etats-Unis.

RT : Le général Joseph Dunford a tenté de justifier l'action de ses troupes contre l'avion de chasse syrien. Qu'en pensez-vous ? Y a-t-il un fondement juridique à de tels agissements ?

Rick Sterling (R. S.) : Aucun. Le général Dunford faisait référence à l'Autorisation d'utilisation de la Force militaire, adoptée en 2001 après le 11 septembre. Cette autorisation se référait expressément à Al-Qaïda en Afghanistan. Désormais, il tente de faire croire qu'elle justifie l'attaque contre les forces terrestres et aériennes syriennes dans leur propre pays. C'est absurde.

RT : L'Amérique peut-elle prétendre à la légitime défense alors que la légitimité de l'engagement militaire américain en Syrie elle-même est remise en question ?

R. S. : C'est une situation extrêmement dangereuse. Les Etats-Unis financent une armée, un proxy, en Syrie depuis 2011. En avril de cette année, les Etats-Unis ont attaqué une base aérienne syrienne près de Homs. En mai, ils ont pris pour cible les forces terrestres syriennes près d'al-Tanf et ont à nouveau frappé au mois de juin. Récemment, encore, ils ont attaqué et abattu un avion syrien. Ils deviennent de plus en plus agressifs, tout en invoquant la légitime défense. Imaginez un instant qu'un autre pays débarque, s'installe dans l'Etat de Washington et déclare que les forces aériennes américaines n'ont plus le droit de survoler ledit Etat...

RT : Les Etats-Unis ont déclaré que, face à cet incident, ils allaient déplacer leur force aérienne en Syrie. Mais où pourraient-ils la transférer ?

R. S. : Je ne saurais répondre à cela. Nous savons que, quand les Etats-Unis disent une chose, nous devons prendre leurs propos avec la plus grande précaution. Ils agissent souvent de manière totalement différente. Les Etats-Unis disent respecter la souveraineté de la Syrie, mais leurs actions traduisent l'inverse. Ce que [les Etats-Unis] ont fait relève de la pure et simple violation du droit international : il est illégal de financer une armée par procuration pour attaquer un Etat souverain, il est illégal de survoler un Etat sans autorisation, et le fait de se rendre dans un autre pays, de tirer sur son armée et d'abattre [un de ses avions] est un acte d'agression évident.
Les Russes disent tout le temps qu'ils veulent travailler avec leurs partenaires. Et Donald Trump a dit vouloir collaborer avec la Russie pour vaincre Daesh, mais ce que nous voyons là, c'est un coup de poignard dans le dos. En septembre dernier, lorsque les forces américaines ont «accidentellement» attaqué les forces syriennes près de Deir ez-Zor, cela a permis à Daesh d'envahir un camp de l'armée syrienne.