Le nouveau système russe de gestion intégrée des données sur le champ de bataille syrien n'est pas uniquement conçu pour prévenir les agressions israéliennes. Il rend également impossible aux États-Unis et à la France de soutenir par la voie aérienne leurs bases illégales en Syrie. C'est pourquoi, anticipant une défaite, l'ambassadeur James Jeffrey a évoqué le retrait des troupes d'occupation US.
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La défense du territoire syrien, même les portions occupées par des groupes terroristes anti-gouvernementaux, séparatistes, est en droit international, sous la responsabilité du gouvernement syrien. Il en est de même des eaux territoriales ou de l'espace aérien de la Syrie. La Russie a été invitée par le gouvernement légitime de la Syrie à soutenir l'armée syrienne dans la lutte contre les terroristes, et même dans ce cadre, la Russie ne s'est pas arrogé le droit de remplacer le gouvernement syrien en ce qui concerne le droit souverain de défendre son territoire et son espace aérien.

Dans le passé, passant outre les règles internationales et les décisions de L'ONU, les États-Unis et leurs alliés, en particulier L'OTAN, ont procédé à l'occupation militaire de l'Iraq et de l'Afghanistan, et imposé une zone d'exclusion aérienne sur la Libye et la Yougoslavie. À l'inverse, le contingent russe en Syrie n'étant pas une troupe d'occupation, n'a pas reçu du président russe la mission d'occuper le territoire de la Syrie ou de créer une zone d'exclusion aérienne sur l'ensemble du pays, bien qu'il ait la capacité opérationnelle de le faire.
L'accord que la Russie a conclu avec les États-Unis et Israël pour éviter la destruction accidentelle de ses avions se limite aux espaces aériens situés aux alentours de la base aérienne de Hmeymim, des installations russes dans le gouvernorat de Lattaquié, et de la base navale à proximité de Tartous, englobant les installations situées autour du port de Tartous. Cet accord a été respecté, la preuve en est que les Russes n'ont jamais lancé leurs missiles AA, sinon contre les drones des islamistes armés qui menacent la base aérienne de Hmeymim.
Le 17 septembre, 2018 lorsque l'avion russe IL-20 a été abattu, les F-16 israéliens ont été très près de violer l'accord avec la Russie en prenant pour cible des objets dans la zone interdite, à seulement 10 km au nord de la base aérienne de Hmeymim. Et malgré cela, ils n'ont pas été abattus.

Le terrain situé sur la frontière syro-libanaise est montagneux, de sorte que la détection radar et le guidage des missiles AA syriens sont impossibles pour des cibles volant à basse altitude au Liban ou au voisinage de la côte du Liban. Le Liban ne dispose pas de missiles AA, étant donné que son gouvernement dépend de l'Arabie saoudite pour financer son armée. En outre, l'Arabie saoudite a été le principal fournisseur de services financiers, de recrues, d'armes, de munitions et de formation des terroristes luttant contre l'armée nationale syrienne.

Soit l'Arabie saoudite n'a aucun intérêt à armer le Liban avec des missiles AA interdisant le survol du territoire par les avions israéliens, soit elle a une très étroite coopération politique et militaire avec Israël. En tout état de cause, Israël a souvent utilisé l'espace aérien libanais pour attaquer des cibles en Syrie.
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À la frontière orientale et dans le nord de la Syrie, ainsi que le territoire occupé par Daech (y compris le gouvernorat de Raqqa), il n'y a pas de stations radar syriennes. La zone est occupée par des séparatistes kurdes, les forces démocratiques syriennes (SDF), soutenus et armés par les États-Unis.

La Russie a déployé en Syrie un avion radar A-50U (AWACS) qui est maintenu dans la zone de patrouille durant 9 heures et poursuit simultanément 150 cibles aériennes sur une distance allant jusqu'à 350 km, sans subir aucune influence à cause du relief. Jusqu'à présent, les coordonnées des cibles n'étaient pas transmises par une ligne de données directe aux radars au sol syriens, parce qu'ils ne disposaient pas d'un système de gestion automatisé pouvant s'interfacer avec l'A-50U.

Avec l'implémentation dans l'armée syrienne du système russe de gestion automatisé Polyana D4M1, les informations des avions A-50U, ainsi que celles des satellites d'observation russes ou des radars dernière génération des batteries S-400 russes à Lattaquié parviendront aux postes de commandement des forces aériennes syriennes et donc à tous les systèmes de missiles AA syriens.

Aucune arme n'étant infaillible, Israël cherchera et trouvera des failles dans le système Polyana D4M1 mis en place par l'armée syrienne, comme il l'a fait jusqu'à présent. D'autant plus que, après l'effondrement de l'URSS, un grand nombre de Juifs a émigré en Israël. Certains d'entre eux étaient des scientifiques de renom dans le domaine des armements soviétiques et leur intégration dans l'industrie de la défense a apporté un avantage substantiel à Israël.

Ces experts israéliens, originaires de l'ex-URSS, experts en techniques soviétiques, savaient que le 17 septembre 2018, le radar de repérage de l'espace aérien ainsi que le radar de guidage des missiles S-200 sont situés près de la rampe de lancement, soit à plus de 100 km de l'avion russe. À cette distance, l'espace de séparation radar entre l'avion russe et les faux échos des avions F-16 créés par les systèmes de brouillage est très faible. Et les cibles se chevauchent fondamentalement. Ces experts savaient aussi que si les Syriens ripostaient, le missile S-200 abattrait l'avion russe, et non les avions israéliens qui n'étaient plus là.

Qui a le plus à perdre ?

Jusqu'à présent, les raids de l'aviation israélienne en Syrie n'ont pas causé de grosses pertes qui pourraient changer le sort des batailles. Il s'agissait plus d'une image de prestige pour montrer à l'opinion publique internationale qu'ils pouvaient frapper des cibles militaires en Syrie sans que la Russie n'intervienne. Étonnamment, ce n'est pas Israël le grand perdant de la mise en œuvre de la gestion automatisée de l'espace aérien syrien (qui comprend maintenant des systèmes S-300). Israël peut éviter la confrontation avec la défense AA syrienne, renoncer d'attaquer plusieurs cibles en Syrie. Ou, pour maintenir son image inchangée, frapper par d'autres moyens que l'aviation, les zones dépourvues de cibles militaires après en avoir préalablement averti les Russes.

Le grand perdant, ce sont les États-Unis. Tant dans le territoire occupé par les Kurdes du SDF, mais aussi à la frontière avec la Jordanie, les États-Unis ont créé illégalement des bases militaires. La Syrie est un État membre-fondateur de L'ONU et à la différence des militaires russes, le statut des militaires étasuniens, britanniques, français et turcs, agissant en Syrie aux côtés de groupes luttant contre le gouvernement ou des troupes indépendantes, est celui d'agresseurs. Par exemple, des avions de combat US ont abattu des avions syriens au-dessus du territoire syrien, sous prétexte qu'ils menaçaient les troupes étasuniennes agissant sur le territoire de la Syrie aux côtés des groupes antigouvernementaux.

Il y a, dans les bases militaires US, des éléments des Forces d'opérations spéciales, c'est-à-dire une infanterie légère sans soutien de l'artillerie. Ces bases ne pourront donc pas résister à une seule attaque au sol de l'armée syrienne, appuyée par l'aviation. Si les États-Unis réalisent que l'aviation ne pourra pas passer au travers du barrage AA syrien sans subir de grosses pertes, alors toute intervention aérienne deviendra inopportune. Lorsque l'on parle du barrage de l'AA syrien, nous nous référons à la fois au système automatisé de gestion de l'espace aérien, aux systèmes de missiles AA et à l'équipement de brouillage Krasukha-4 et au R-330ZH Zhitel. Ce dernier annihile les centres de gestion de l'aviation de combat (AWACS) la navigation, les centres de contrôle des tirs et du guidage des armes embarquées à bord des avions de combat étasuniens.

La seule solution qui restera au Pentagone sera de retirer ses troupes du territoire syrien.