DUBAI - Les 47 médecins et infirmières accusés de soutien au mouvement de contestation de février-mars à Bahreïn, ont affirmé au début de leur procès lundi que leurs aveux avaient été extorqués sous la torture, ont indiqué des membres de leurs familles.

Ils ont aussi été torturés pour signer des déclarations contenant des accusations fausses, a affirmé l'un de ces parents sous le couvert de l'anonymat.

Ces médecins et infirmières ont comparu lundi devant un tribunal institué en vertu des lois d'urgence décrétées par le roi Hamad Ben Issa Al-Khalifa à la mi-mars, à la veille de la répression du mouvement de contestation qui a été menée par la majorité chiite contre la dynastie sunnite minoritaire qui dirige ce royaume du Golfe.

Les violences à Bahreïn ont fait, selon les autorités, 24 morts, dont quatre policiers. Quatre manifestants sont morts depuis en détention.

Au total, 24 docteurs et 23 infirmières travaillant à l'hôpital de Salmaniya, le plus grand de la capitale Manama, ont été inculpés en mai pour incitation au renversement par la force du régime.

L'agence officielle BNA a indiqué lundi que 20 des accusés, y compris quatre femmes, ont été inculpés de possession illégale d'armes, d'avoir occupé l'hôpital, de s'être emparés d'équipements médicaux et d'avoir lancé des appels pour un changement de régime. Les autres, dont 5 femmes, sont accusés d'avoir répandu de fausses rumeurs sur le nombre de victimes de la répression et d'avoir pris part à des rassemblements, selon cette même source.

L'audience a ensuite été ajournée au 13 juin.

Les chefs d'inculpation prononcés en mai les accusent également de refus de porter assistance à des personnes en danger, détournement de fonds, agression ayant provoqué un décès, possession illégale d'armes et de munitions et refus d'exercer leurs fonctions.

Les autorités avaient affirmé que l'hôpital Salmaniya était utilisé comme centre de coordination par les protestataires et abritait des activités politiques et sectaires pendant le mouvement de contestation.

Les médecins et infirmières ont pu voir leurs familles pendant 30 minutes après l'audience de lundi, pour la première fois depuis leur arrestation.

Lors d'une audience préliminaire dimanche, le tribunal avait divisé les accusés en deux groupes, l'un pour ceux inculpés de crimes et l'autre pour ceux inculpés de délits.

L'état d'urgence a été levé le 1er juin mais des centaines de chiites ont été inculpés pour avoir participé aux manifestations. Quatre personnes ont déjà été condamnées à mort et trois autres à la prison à vie pour la mort de deux policiers et neuf autres ont été condamnés à des peines de 20 ans d'emprisonement pour l'enlèvement d'un autre.