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Depuis des décennies, les états luttent contre le "trop" de sel dans les aliments. En France, les médecins ont mis la France au régime sans sel, rendant fades pain, frites et saucisses. Une revue scientifique publiée cet été montre que tous ces efforts ont peut-être été faits en vain...

Cette semaine, une meta-analyse de 7 études incluant au total 6 250 sujets a été publiée dans l'American Journal of Hypertension. Elle montre qu'il n'y a pas de lien entre consommation de sel et risques cardiaques, mort subite sur des sujets à tension artérielle normale ou élevée. En mai, des chercheurs européens avaient déjà publié dans l'excellent Journal of the American Medical Association une observation étonnante : moins les urines contenaient de sodium et plus fort était le risque de maladies cardiovasculaires.

La conclusion de tout ceci serait-elle que pour les questions nutritionnelles, l'excès nuit en tout. Excès de prudence ou excès d'apport ?

Les craintes sur le sodium ont débuté au début des années 1900. Les médecins français reportaient alors que 6 de leurs sujets à forte pression sanguine étaient grand amateur de sel... Les craintes ont grimpé dans les années 70 quand Lewis Dahl, du Brookhaven National Laboratory déclara qu'à l'évidence, le sel provoquait l'hypertension chez les rats. Par comparaison, la dose nécessaire était de 500 gramme de sodium par jour chez l'homme ! (NB : Aujourd'hui, la consommation moyenne des Français est de 8,5 g par jour !)

Dahl a aussi découvert que les populations qui consomment beaucoup de sel, comme les Japonais, avaient une tension forte et plus de problèmes cardiaques. L'American Journal of Hypertension publia quelques années plus tard des conclusions de scientifiques impliquant la génétique et les facteurs environnementaux comme responsables des dites pathologies.

Néanmoins, en 1977, le Senate's Select Committee on Nutrition and Human Needs américain publia un rapport recommandant aux Américains de réduire leur consommation de sel de moitié ou de 85 %.

Les Scientifiques ont des outils précis pour mettre en avant des corrélations nutritionnelles et santé.

Intersalt, une vaste étude publiée en 1988, comparait les apports en sodium et la pression sanguine de sujets issus de 52 centres de recherches et ont trouvé aucune relation avec la prévalence de l'hypertension.

Mais les idées fausses ont la vie solide et longue !

En fait, les populations qui consomment le plus de sel (14 g/ jour) ont une pression sanguine moyenne inférieure à ceux qui consomment environ 7,2 g / jour.

En 2004, le Cochrane Collaboration, une association sans but lucratif indépendante et internationale, publia une revue de 11 études portant sur la consommation de sodium. Sur le long terme, les régimes à bas sodium comparés aux régimes normaux, ont une pression sanguine moindre chez les sujets sains (- 1,1 mm de Hg)

Mais c'est comme d'aller de 120/80 à 119/79. La revue conclut que les interventions intensives ne donnent qu'une très faibles réduction de pression artérielle sur de longues périodes.

En 2003, la revue faite par Cochrane sur 57 études à court terme, concluait de même à un très faible effet à long terme.