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Eugène Delacroix : La Liberté guidant le peuple (1830)

Nul besoin d'être grand clerc pour percevoir le rythme effréné avec lequel la société française se délite depuis le sacre de sa majesté Sarkozy 1er.

Rallongement de la durée des cotisations, démantèlement de l'éducation, réduction des couvertures sociales, baisse du pouvoir d'achat, accroissement des inégalités, montée en flèche de la pauvreté, flambée du chômage... las, la liste est longue comme un jour sans pain. Et elle ne cesse d'enfler.

Et à chaque fois que la situation va vraiment mal, on repense avec nostalgie à cet événement fondateur de l'histoire française, de la culture française, de l'identité française, de la fierté française ; la panacée universelle face à tous les maux du peuple : la Révolution.

1789, et ses allègres étêtements d'aristocrates mécréants et d'ecclésiaste corrompus. Les têtes roulent, le sang coule. Chère révolution, salvatrice et purificatrice. Mère de notre hymne national et de la déclaration des Droits de l'Homme. Inspiratrice de tous les peuples opprimés. Joyau humaniste unanimement révéré aux quatre coins de la planète.

Bien-aimée révolution qui a vu nos braves ancêtres opprimés prendre les armes, renverser le régime aristocratique sanguinaire et donner naissance à une république juste et magnanime, paradis sur Terre où chacun pourrait s'abreuver aux mamelles de la liberté, de l'égalité et de la fraternité...Voilà du moins ce que nous enseigne l'Histoire officielle.
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Couverture de "La controverse de Sion" par Douglas Reed

Mais avant d'imaginer nos femmes poitrine à l'air grimpant sur des barricades de fortune pour porter haut le drapeau tricolore, avant d'imaginer la tendre nuque de notre gnome élyséen et de l'insatiable Carlita caressées par Dame Guillotine, penchons-nous un peu sur la véritable histoire de la révolution française et sur les quelques documents qui ont réussi à passer à travers les mailles particulièrement resserrées de la censure.

La Controverse de Sion fait partie de ces rares documents révélant la véritable nature de cette "révolution".

Nous ne pouvons que vous encourager à lire l'intégralité de cet ouvrage que vous pourrez télécharger gratuitement ici.

Douglas Reed a été banni des médias, victime de diffamation, et la publication de The Controversy of Zion a été suspendue par les éditeurs. Ce livre est donc difficile à trouver. Pour enterrer encore un peu plus la précieuse ressource, un autre auteur dénommé Geoffrey Wheatcroft a sorti en 1997 un ouvrage éponyme.

Vous trouverez ci-dessous des extraits choisis de cette œuvre référence. Ils sont un peu longs mais, croyez-bien, ils valent infiniment la peine d'être lus.

Notez que Douglas Reed a écrit ce livre en 1955 au lendemain de plusieurs décennies de stalinisme. Il a identifié de nombreuses similitudes entre les différents mouvements révolutionnaires qui ont émaillé l'Histoire (y compris la "révolution" bolchévique de 1917). C'est la raison des quelques références faites au communisme. Les commentaires entre crochets ont été ajoutés au texte original.

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Cette preuve fut donnée quand les documents de la société secrète des « Illuminati » d'Adam Weishaupt furent saisis par le gouvernement bavarois en 1786, et publiés en 1787. Le plan originel de la révolution mondiale et l'existence d'une organisation puissante aux membres très haut-placés furent alors révélés. Dès ce moment, il ne subsista aucun doute que tous les pays et les classes de la société comprenaient des hommes qui s'étaient ligués entre eux pour détruire tout gouvernement légitime et toute religion. L'organisation conspiratrice repassa dans la clandestinité après son exposition, mais elle survécut et poursuivit son plan[...]
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Adam Weishaupt (1748-1830)

La publication des documents Weishaupt survint par un hasard aussi curieux que celui de la conservation des documents de M. Whittaker Chambers en 1948. Seul un reliquat subsistait après que l'essentiel eut été détruit, car une partie des faits et gestes et des plans des Illuminati avait été connue avant 1786, en partie de par les vantardises de ses membres, et en partie de par les révélations de certains qui (comme M. Chambers 160 ans plus tard) se révoltèrent contre la compagnie en laquelle ils se trouvaient, quand ils comprirent sa véritable nature. Ainsi , la duchesse douairière Maria Anna de Bavière reçut-elle en 1783 l'information d'anciens Illuminés selon laquelle l'ordre enseignait que la religion devait être considérée comme une absurdité (« l'opium du peuple » de Lénine) et le patriotisme comme de la puérilité, que le suicide était justifiable, que la vie devait être gouvernée par la passion plutôt que la raison, que l'on pouvait empoisonner ses ennemis, et ainsi de suite.

Suite à cela et à d'autres informations, le duc de Bavière publia en 1785 un décret contre les Illuminati ; l'ordre fut accusé d'être une branche de la franc-maçonnerie, et les représentants gouvernementaux, les membres des forces armées, les professeurs, les enseignants et les étudiants avaient interdiction de le rejoindre. Un interdit général fut posé sur la formation des sociétés secrètes (c'est-à-dire les corps qui se rassemblaient sans se faire enregistrer, comme la loi l'exigeait). Cet interdit (qui ne pouvait manifestement pas être appliqué - les organisations secrètes ne pouvant être supprimées par décret) mit en garde les conspirateurs, de sorte que (ainsi que le relatent les deux historiens des Illuminati, Messieurs C.F. Forestier et Leopold Engel) « une quantité considérable de documents de la plus haute importance appartenant à l'ordre fut soit cachée soigneusement, soit brûlée » et « peu de documents survécurent, car la plus grande partie fut détruite, et les relations externes furent interrompues, afin de détourner les soupçons » ; autrement dit, l'ordre entra dans la clandestinité. Ainsi les documents qui furent trouvés en 1786 ne représentent-ils qu'une toute petite partie de l'ensemble. [...]

Un émissaire illuministe fut frappé par la foudre lors d'un voyage en Silésie en 1785. Les papiers trouvés sur lui provoquèrent la fouille des maisons de deux leaders
illuministes. La correspondance entre « Spartacus » (Adam Weishaupt) et les « aréopagites » (ses associés les plus proches dans l'ordre), ainsi que d'autres papiers
trouvés alors révélèrent le plan complet pour la révolution mondiale, [...]

Nul ne peut croire aujourd'hui que ce plan grandiose de destruction prit naissance dans le cerveau d'un professeur bavarois, ni résister à la conclusion que (comme le suggère Mme Nesta Webster), Weishaupt et ses alliés ne créèrent pas, mais ne firent que lâcher sur le monde une force vive et terrible restée inerte pendant des siècles. Quand il fonda ses Illuminati, le 1er mai 1776, Weishaupt était doyen de la faculté de droit à l'université d'Ingolstadt [...]. Il avait été élevé par les jésuites,qu'il en vint à détester, et il leur emprunta leur secret d'organisation, qu'il pervertit à des fins contraires : la méthode (comme le disait son associé Mirabeau) grâce à laquelle « sous un seul chef, les hommes dispersés dans tout l'univers se retrouvaient à tendre vers le même but. » [...] les recherches de Mme Nesta Webster pour déterminer l'origine de cette doctrine morbide et perverse la firent remonter jusqu'au début de l'ère chrétienne et même avant.
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Volume XI des documents Illuminati des archives de Munich : Quibus-Licet

Les documents de Weishaupt sont incontestablement authentiques ; le gouvernement bavarois devança involontairement toute tentative de crier à la « contrefaçon » (d'une manière que nous connaissons bien dans notre siècle), en invitant quiconque serait intéressé à examiner les originaux aux Archives de Munich. Ceux-ci révélaient trois choses principales : premièrement, les buts de la société ; deuxièmement, la méthode d'organisation ; et troisièmement, les membres - du moins sur une région relativement limitée (principalement, les États allemands du Sud). Ces trois questions seront discutées séparément ici.

L'idée de base, rendue parfaitement claire dans la correspondance entre « Spartacus » et ses compagnons-conspirateurs à pseudonymes, était la destruction de toute autorité, nationalité et religion établies, permettant ainsi d'ouvrir la voie à l'ascension d'une nouvelle classe dirigeante, celle des Illuminés. Les buts de la société, tels que résumés par Henri Martin, étaient « l'abolition de la propriété, de l'autorité sociale et de la nationalité, et le retour de la race humaine à l'état heureux dans lequel elle ne formait qu'une seule famille, sans besoins artificiels, sans sciences inutiles, chaque père étant prêtre et magistrat ; prêtre de nous ne savons quelle religion, car malgré leurs fréquentes invocations du Dieu de la Nature, beaucoup d'indications nous amènent à conclure que Weishaupt n'avait d'autre Dieu que la Nature elle-même. »

Ceci est confirmé par Weishaupt ; « Les princes et les nations disparaîtront... La raison sera le seul code de l'homme. » Dans tous ses écrits, il élimina complètement toute idée de pouvoir divin en dehors de l'Homme. L'attaque contre « les rois et les princes » n'était qu'une « couverture » de la véritable attaque contre toute nationalité [...] ; et l'attaque contre les « prêtres » était un déguisement de l'attaque réelle, contre toute religion. Le vrai but, dans les deux cas, est révélé dans la correspondance même de Weishaupt avec ses intimes ; le faux but était professé aux agents inférieurs de la société, ou au public, au cas où il aurait eu vent desactivités illuministes. La grande habileté de Weishaupt dans l'enrôlement de gens importants, qui le rejoignaient en croyant qu'ils se montraient ainsi « progressistes » ou « libéraux », est démontrée par le nombre de princes et de prêtres retrouvés sur ses listes secrètes d'adhésion.

Le meilleur exemple de son succès et de la faculté d'adaptation rapide de sa méthode se retrouve dans le cas de la religion. Son attaque de la religion fut une chose beaucoup plus audacieuse et ahurissante à son époque qu'à la nôtre, où nous avons vécu suffisamment longtemps avec le communisme ouvertement déclaré pour savoir reconnaître une proposition qui, à l'époque de Weishaupt, devait sembler à peine crédible : celle que l'homme, après avoir trouvé la voie menant à l'idée de Dieu, devrait de son propre chef rebrousser chemin ! L'idée première de Weishaupt était de faire de l'Adoration du Feu la religion de l'Illuminisme. Il était peu probable que cette idée puisse jamais amener des recrues venant des rangs du clergé, et il eut une meilleure idée, qui les fit venir en nombre. Il déclara que Jésus avait eu « une doctrine secrète », jamais révélée ouvertement, mais que toute personne assidue pouvait lire entre les lignes des Évangiles. Cette doctrine secrète devait supprimer la religion et la remplacer par la raison : « quand enfin la Raison deviendra la religion de l'homme, alors le problème sera résolu. » L'idée de rejoindre une société secrète dont Jésus avait été le vrai fondateur et de suivre un exemple établi par Jésus en utilisant des mots pour cacher le vrai sens, se révéla irrésistible pour de nombreux ecclésiastiques qui franchirent alors la porte qui leur était ainsi ouverte. C'étaient des personnages d'un nouveau genre pour leur époque ; de nos jours le clerc communiste est devenu familier.[...]
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Peinture représentant l'université d'Ingolstadt

Weishaupt fit de grands progrès en Bavière après avoir persuadé avec succès les ecclésiastiques que l'irréligion était la vraie foi et l'Antéchrist le vrai christianisme. Il nota que tous les professeurs non-illuministes avaient été éconduits de l'université d'Ingolstadt, que la société avait fourni à ses membres cléricaux « de bons bénéfices, des paroisses, des postes à la cour », que les écoles étaient contrôlées par les Illuministes et qu'ils s'empareraient bientôt du séminaire pour les jeunes prêtres, à partir de quoi « nous serons à même de pourvoir
toute la Bavière en prêtres appropriés. » [...]

Quant à la méthode, toute bassesse dont sont capables les êtres humains fut répertoriée pour ensuite être utilisée pour le recrutement. Parmi les documents, se trouvaient deux paquets qui horrifièrent particulièrement l'opinion publique à l'époque. Ils contenaient des documents stipulant que l'ordre pouvait exercer le droit de vie et de mort sur ses membres, et présentant un éloge de l'athéisme, ainsi que la description d'une machine à détruire automatiquement les documents secrets, et des prescriptions pour l'avortement, pour contrefaire les sceaux, pour fabriquer des parfums toxiques et de l'encre sympathique, entre autres choses. [...]

Les documents de Weishaupt incluaient un diagramme illustrant la manière dont il exerçait le contrôle de son organisation. Ce diagramme montre ce qui pourrait être un morceau de cotte de mailles, ou de nid d'abeilles, et est identique au célèbre système de « cellule » sur lequel le communisme est construit aujourd'hui. C'est le produit d'une intelligence supérieure (et manifestement de siècles d'expérience ; de telles méthodes ne sont pas inventées sans un long processus de tâtonnements). Le secret est qu'un dommage sur une telle structure ne peut être que local, le tissu principal restant toujours intact [...]

Weishaupt siégeait au centre de cette toile et en tirait toutes les ficelles. « Il faut montrer combien il serait facile pour un chef intelligent de diriger des centaines et des milliers d'hommes », avait - il écrit au-dessus du diagramme, et il avait ajouté en dessous : « Il y en à deux immédiatement sous moi à qui j'insuffle tout mon esprit, et chacun d'eux en a encore deux autres, etc... De cette façon, je peux mettre mille hommes en mouvement et les enflammer de la manière la plus simple, et c'est de cette façon qu'on doit transmettre les ordres et opérer en politique. »

Quand les documents illuministes furent publiés, la plupart des membres apprit pour la première fois que Weishaupt en était le chef, car il n'était connu que de ses proches associés. La majorité savait seulement que, quelque part au-dessus d'eux, se trouvait un « leader bien-aimé » ou « grand frère », un Être plein de sagesse, bienveillant mais sévère, qui par eux, refaçonnerait le monde. [...]

Le fait que chaque dupe ne connût que ses deux dupes immédiats n'aurait pu à lui seul provoquer ce résultat. Comment les Illuminés étaient-ils maintenus ensemble ? [...] la terreur !

Tous les Illuminés prenaient des noms « illuminés », qu'ils utilisaient dans les relations qu'ils avaient entre eux et dans toute leur correspondance. [...]Weishaupt organisait sa société en échelons ou cercles, dont les anneaux extérieurs comprenaient les nouvelles recrues et les dupes de moindre importance. L'avancement dans les échelons était censé amener l'initiation aux chapitres suivants du mystère central. Weishaupt préférait l'enrôlement de jeunes hommes à un âge où ils sont le plus impressionnables, entre 15 et 30 ans. [...]

Dans cette approche des membres potentiels, le mode d'invitation : « Si vous voulez bien me suivre au salon », variait pour s'adapter aux cas particuliers. On faisait prêter serment aux jeunes hommes qui étaient recrutés pour la conspiration au cours d'un cérémonial intimidant qui comprenait une parodie significative du sacrement chrétien. On leur demandait de fournir un dossier sur leurs parents, énumérant leurs « passions dominantes », et de s'espionner mutuellement. Ces deux idées sont fondamentales au communisme, et l'une des sources originelles possibles est la « Loi mosaïque », dans laquelle l'obligation de dénoncer un proche soupçonné d'hérésie, et de placer « un garde autour de mon garde », fait partie des « lois et jugements ».

On faisait en sorte que le jeune Illuminé ne sache jamais combien de regards de supérieurs inconnus étaient posés sur lui (il ne connaissait que ses supérieurs immédiats) ; on lui apprenait à dénoncer son entourage, et il en déduisait que son entourage le dénonçait aussi. C'est le principe de base de la terreur, que l'on ne peut jamais totalement instaurer uniquement par le meurtre, la torture ou l'emprisonnement ; seul le fait de savoir qu'elle ne peut faire confiance à personne, pas même à son propre fils, ou père, ou ami, réduit la victime humaine à une soumission totale. [...]
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De Luchet, "Essai sur la secte des Illuminés", Londres, 1789

Quant au nombre de membres des Illuminati, les documents découverts montrèrent qu'après dix ans d'existence, l'ordre comptait plusieurs milliers de membres, dont beaucoup occupaient des postes importants dans l'administration, où ils pouvaient exercer une influence sur l'action des dirigeants et des gouvernements. Ils incluaient même des dirigeants : le marquis de Luchet, un contemporain, relate qu'environ trente princes régnants et non régnants avaient lâchement rejoint un ordre dont les maîtres avaient juré de les détruire ! Étaient inclus les ducs de Brunswick, Gotha et Saxe-Weimar, les princes de Hesse et Saxe-Gotha, et l'Électeur de Mayence ; Metternich, le pédagogue Pestalozzi, des ambassadeurs, des politiciens et des professeurs.

Au-dessus de tous, se trouvait celui qui vingt ans plus tard, devait écrire le chef-d'oeuvre le plus célèbre au monde sur le thème du jeune homme qui a vendu son âme au diable. Il est difficile de résister à la conclusion que Faust était en vérité l'histoire de Goethe et de l'Illuminisme ; [...]

Ces listes étaient manifestement incomplètes, pour la raison précédemment évoquée selon laquelle des précautions avaient déjà été prises avant que les autorités bavaroises ne fassent une incursion aux domiciles des principaux associés de Weishaupt, en 1786. Pour la même raison, les documents découverts ne révèlent qu'une partie du territoire sur lequel s'étaient étendus les Illuminati [...]

Ce qui est sûr, c'est que bien que les documents illuministes ne contiennent aucun nom ou autre indication de nature à révéler son pouvoir en France, la Révolution française, lorsqu'elle débuta trois ans plus tard, devint une attaque contre toute autorité civile et toute religion, une attaque identique à celle planifiée par Weishaupt et ses associés. Depuis ce jour, les écrivains au service de la révolution mondiale (leur nom est légion dans tous les pays) n'ont jamais cessé de nier toute connexion quelle qu'elle soit entre l'Illuminisme et la Révolution française ; ils soutiennent ingénument que puisque la société secrète fut interdite en 1786, elle ne put avoir de rapport avec un événement de 1789.

La vérité est que l'Illuminisme, bien qu'interdit, ne fut pas plus éradiqué que le communisme ne le serait aujourd'hui par une interdiction légale, et que ses agents donnèrent à la Révolution française ses marques de fabrique qui l'identifient comme l'œuvre de révolutionnaires mondiaux, et non de Français mécontents. Les actes commis sous la Terreur étaient d'une nature inimaginable avant qu'ils ne soient commis, mais ils étaient depuis longtemps familiers, en imagination, aux Illuminati. Dans quels autres esprits l'idée que les récipients du souper sacramentel devaient être transportés sur un âne en procession publique dans les rues de Paris aurait-elle pu prendre forme ? Ils étaient éduqués dans la tradition antique d'une telle parodie, et leurs propres initiés étaient admis au cours d'une cérémonie parodiant le sacrement. Dans quel cerveau, sinon celui de Weishaupt, l'idée d'introniser à Notre-Dame une actrice comme Déesse de la Raison aurait-elle pu naître ?

« Pour les besoins d'évocation diabolique... il est requis... de profaner les cérémonies de la religion à laquelle on appartient, et de piétiner ses symboles les plus sacrés » ; c'est la description que fait M. A.E.Waite de la formule de magie noire, et la magie noire et le satanisme étaient deux des ingrédients du breuvage illuministe.
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Emblème du Grand Orient de France, obédience créée en 1773
Weishaupt et ses proches, ou peut-être ses maîtres, proposèrent de s'introduire en France par leurs agents - des Illuminés secrets - et ce, en haut lieu. [...]Weishaupt choisit la manière parfaite pour obtenir un tel pouvoir sur les affaires et les événements français : passer par une autre société secrète très puissante, qu'il infiltra et dont il s'empara selon les méthodes exposées dans ses documents. Cette société était le Grand Orient de la franc-maçonnerie. Le plan pour prendre le contrôle de la franc-maçonnerie par le biais d'agents illuministes, et le succès accompli, est exposé clairement dans les documents de Weishaupt. Il note d'abord : « J'ai réussi à obtenir un aperçu en profondeur des secrets des francs-maçons ; je connais leur but global et l'annoncerai au bon moment à l'un des degrés supérieurs ». Par la suite, il donna l'ordre général à ses « aréopagites » de s'engager dans la franc-maçonnerie : « Nous aurons alors notre propre loge maçonnique... nous la considérerons comme notre pépinière... à chaque occasion, nous nous protégerons grâce à elle... »[...]

« Du moment que le but est atteint, peu importe sous quelle couverture cela se passe ; et une couverture est toujours nécessaire. Car dans la dissimulation se trouve une grande partie de notre force. Pour cette raison, nous devons toujours nous couvrir avec le nom d'une autre société. Les loges sous les ordres de la franc-maçonnerie sont pour le moment la couverture la plus appropriée à notre but ultime ... on ne peut œuvrer contre une société dissimulée de cette manière... En cas de poursuites ou de trahison, les supérieurs ne peuvent pas être découverts... Nous serons enveloppés dans une obscurité impénétrable qui nous protégera des espions et des émissaires d'autres sociétés. [...]

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Charles Guillaume Ferdinand, Duc de Brunswick, grand maître de la franc-maçonnerie allemande.
L'étendue du succès de Weishaupt se retrouve clairement dans un extrait d'une complainte prononcée cinq ans après le début de la Révolution Française, par le duc de Brunswick, Grand Maître de la franc-maçonnerie allemande, qui fut aussi un Illuminé. En 1794, il dissout l'ordre, disant avec des accents de surprise attristée :
« ... Nous voyons notre édifice » (la franc-maçonnerie) « s'écrouler et recouvrir la terre de ruines ; nous voyons la destruction que nos mains ne peuvent plus arrêter... Une grande secte a surgi qui, en prenant pour devise le bien et le bonheur de l'homme, a travaillé dans l'obscurité de la conspiration pour faire du bonheur de l'humanité une proie pour elle-même. Cette secte est connue de tous ; ses frères ne sont pas moins connus que son nom. Ce sont eux qui ont sapé les bases de l'Ordre au point de le renverser complètement ; c'est par eux que toute l'humanité a été intoxiquée et égarée pour plusieurs générations... Ils ont commencé en jetant la réprobation sur la religion... le plan qu'ils avaient formé pour briser tous les liens sociaux et détruire tout ordre a été révélé dans tous leurs discours et leurs actes... ils ont recruté des apprentis de tous les rangs et dans tous les postes ; ils ont trompé les hommes les plus perspicaces en prétextant faussement des intentions différentes...Leurs maîtres n'avaient en vue rien moins que les trônes terrestres, et le gouvernement des nations devait être dirigé par leurs cercles nocturnes. C'est ce qui s'est passé, et se passe encore. Mais nous remarquons que les princes et les peuples ignorent la manière et les moyens dont cela est accompli. C'est pourquoi nous leur disons en toute franchise : l'usage impropre de notre Ordre... a causé tous les troubles politiques et moraux dont le monde est rempli aujourd'hui. Vous qui avez été initiés, vous devez vous joindre à nous en élevant vos voix, afin d'apprendre aux peuples et aux princes que les sectaires, les apostats de notre Ordre, ont été et seront les seuls auteurs des révolutions présentes et futures... Afin d'extraire jusqu'à la racine l'abus et l'erreur, nous devons dès ce moment dissoudre l'Ordre entier... »
Avec cette citation, le présent récit à fait un bond, ce qui nous amène cinq ans avant les événements, afin de montrer que l'un des plus importants francs-maçons de cette génération, lui-même un pénitent, identifia les Illuminati comme les auteurs de la Révolution française et des révolutions futures. Le succès de Weishaupt dans son intention déclarée de s'emparer de la franc-maçonnerie de l'intérieur, et le rôle joué alors par les agents illuministes à l'intérieur de la franc-maçonnerie afin de diriger la révolution, ne pouvaient être certifiés par une meilleure autorité que le Grand maître de la franc-maçonnerie allemande lui-même.

Sous cette influence insufflée, la franc-maçonnerie, très puissante en France, suivit un cours extrême et engendra les clubs jacobins ; ceux-ci, toujours sous influence illuministe, présidèrent à la Terreur, où les auteurs masqués de la révolution révélèrent sa vraie nature par leurs actions. Tout comme la révolution russe 130 ans plus tard, la Révolution française afficha alors sa haine des pauvres et des faibles plus que celle des riches, des paysans de Vendée plus que de leurs prétendus oppresseurs, de toute beauté en tant que telle, des églises et de la religion, de tout ce qui pouvait élever l'âme humaine au-dessus des besoins et des désirs animaux.

[Le peuple fut une des principales victime de ce mouvement qui n'avait rien de populaire : "Si quelques masses révolutionnaires, comme les 'sans-culottes' de Paris, ont souvent soutenus les mouvements initiés, la majorité de la population, elle, n'a pas participé aux évènements : laissée dans l'ignorance, elle n'était pas consultée"[1] En outre le peuple a été volontairement plongé dans la famine : "Il (le duc d'Orléans) sait agir sur le peuple autrement qu'en le payant; il lui retire son pain, le lui redonne. Comment ? En pratiquant l'agio sur les blés... Malouet confirme : 'Les agents du duc d'Orléans faisaient aussi sur cet objet (les blés), leurs spéculations; ils faisaient vendre et acheter en divers lieux suivant qu'ils avaient besoin de la faveur ou des fureurs de la populace.' On l'accusa même d'avoir fait courir de fausses circulaires, signées Necker, arrêtant les approvisionnements sur Paris du 20 avril au 15 mai, au moment où se réunissaient les États généraux"[2]]

Adam Weishaupt devint lui-même franc-maçon en 1777, l'année suivant la fondation de ses Illuminati, en intégrant une loge de Munich. Le comte Mirabeau, qui fut plus tard le dirigeant révolutionnaire français, était au courant tant de l'intention que de la raison secrète de Weishaupt de rejoindre les francs-maçons, car ses Mémoires incluaient un document daté de 1776 qui présentait un programme identique à celui des Illuminati, et dans son Histoire de la Monarchie Prussienne, il se réfère nommément à Weishaupt et aux Illuminati, et dit :

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Sceau de la Loge Théodore de Bon Conseil (circa 1780)
« La Loge Théodore de Bon Conseil à Munich, au sein de laquelle il y avait quelques hommes ayant de l'intelligence et du cœur, était fatiguée d'être ballottée par les vaines promesses et querelles de la Maçonnerie. Les chefs se résolvèrent à greffer sur leur branche une autre association secrète qu'ils nommèrent l'Ordre des Illuminés. Ils la modelèrent sur la Compagnie de Jésus, tout en proposant des vues diamétralement opposées. »
Ce sont précisément l'intention et la méthode décrites par Weishaupt dans sa propre correspondance, et c'est la preuve que Mirabeau, le dirigeant révolutionnaire, les connaissait à l'époque, c'est-à-dire en 1776. De plus, ses mots suggèrent que la société secrète des Illuminati fut fondée dans l'intention explicite de prendre le contrôle de la franc-maçonnerie et, à travers elle, de provoquer et de diriger la révolution. La complicité de Mirabeau concernant toute l'entreprise depuis le début est suggérée par le fait que le document daté de 1776 (l'année de la fondation des Illuminati) lui attribue le « nom de couverture » illuministe « Arcesilas », si bien qu'il dut être un membre fondateur, avec Adam Weishaupt, et par la suite un Illuminé important. Mirabeau, en tant que lien entre Weishaupt et la Révolution Française, est incontournable. L'éditeur de ses Mémoires, M. Barthou, fait observer que
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Mirabeau apostrophant Dreux Brézé
« le plan de réforme » de 1776, trouvé dans les documents de Mirabeau, « ressemble beaucoup, dans certaines parties, à l'œuvre accomplie plus tard par l'Assemblée Constituante » (le Parlement révolutionnaire de 1789).
C'est une autre façon de dire que le travail de l'Assemblée Constituante ressemblait beaucoup au plan d'Adam Weishaupt de 1776, lorsque Mirabeau et lui étaient en train de fonder les llluminati et prévoyaient ensemble de prendre le contrôle de la franc-maçonnerie. Les autres étapes de la capture clandestine de la franc-maçonnerie par Weishaupt sont également claires dans ces archives. Au congrès général de 1782 (sept ans avant la Révolution) à Wilhelmsbad, les Illuminati attirèrent tant de recrues que l'Ordre de la Stricte Observance, auparavant le corps le plus puissant de la franc-maçonnerie, cessa d'exister. La voie vers la victoire totale dans le monde maçonnique fut ouverte quand les Illuminati recrutèrent les deux personnages les plus importants de la franc-maçonnerie allemande, le duc Ferdinand de Brunswick (futur pénitent) et le prince Carl de Hesse.

[L'infiltration massive des loges par des agents révolutionnaires est également attestée dans Le livre noir de la Révolution Française où l'on peut lire : "le déroulement des émeutes de juillet 1789 rend saisissante la présence continuelle de membres des loges à tous les échelons de l'action, et dans toutes les initiatives importantes : les noms que l'on connaît des chefs ou meneurs (tel Moreton de Chabrillant, vénérable de la Parfaite Union, à la tête de gardes-françaises rebelles, surtout Santerre, du Contrat Social, et Palloy, 'souverain prince des Amis de la Jeunesse et de l'Humanité', Coconnier, membre de la loge Saint-Julien de la Tranquilité), des délégués du Comité permanent de la commune qui constituèrent les ambassades auprès de Launay (Chaton, de la loge de l'Union des bons français, Thuriot de la Rozières, des Amis réunis, l'abbé Fauchet, des Neuf Soeurs, et Milly et Poupard de Beaubourg, des Amis réunis...), des chefs de la milice bourgeoise, dont La Fayette, à partir du 15 juillet, est le plus illustre, tous ces noms confrontés aux listes des loges conservées au Fonds maçonnique de la Bibliothèque Nationale de France, révèlent une étrange similitude.[3]]
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Médaille de la Loge des amis réunis

En 1785, des émissaires illuministes assistèrent à un autre congrès général à Paris, et dès ce moment, il semble que la planification détaillée de la Révolution devint la tâche de la Loge des Amis réunis, qui était une « couverture » pour les Illuminati. L'effacement des traces à ce stade est le résultat de la notoriété que l'ordre acquit en Bavière, de sa proscription l'année suivante, en 1786, et de la destruction des preuves. Néanmoins, en 1787, les mêmes émissaires vinrent en visite à Paris, sur invitation du comité secret de la Loge. Même avant que la Révolution ne se soit vraiment étendue, le fait qu'elle était provoquée et dirigée par l'Illuminisme était connu et public.

L'acte d'accusation et l'avertissement prononcés par le marquis de Luchet se révèlent être aujourd'hui une prédiction étonnamment exacte, non seulement concernant le cours que la révolution prendrait en France, mais aussi le cours ininterrompu de la révolution mondiale jusqu'à nos jours. Déjà en 1789, il écrivait :« Sachez qu'il existe une conspiration en faveur du despotisme contre la liberté, de l'incompétence contre le talent ; du vice contre la vertu, de l'ignorance contre l'instruction... Cette société vise à diriger le monde... Son but est la domination universelle... Aucune calamité de ce genre n'a encore jamais affligé le monde... »

De Luchet décrivait précisément le rôle que le monarque serait forcé de jouer pendant la phase des Girondins (« le voir condamné à servir les passions de tout ce qui l'entoure... à élever des hommes avilis au pouvoir, à prostituer son jugement par des choix qui déshonorent sa sagesse ») et la situation critique dans laquelle la Révolution laisserait la France (« Nous ne voulons pas dire que le pays où règnent des Illuminés cessera d'exister, mais il tombera dans un tel degré d'humiliation qu'il ne comptera plus dans la politique, que la population diminuera... »).

[L'impact de la Révolution fut effectivement terrible : "le commerce français ne retrouvera son niveau d'activité de 1789 qu'après 1825... Encore la part de la France dans le commerce mondial sera-t-elle alors loin de rejoindre le pourcentage atteint avant la révolution... Ce pourcentage-là ne sera jamais retrouvé. En chiffres absolus, trente-cinq années ont été perdues. En chiffres relatifs, à l'échelle du monde, le recul est sans appel."[4]]

Si l'on ne tenait pas compte de son avertissement, s'écriait de Luchet, il y aurait « une série de désastres dont la fin se perd dans l'obscurité des temps... un feu souterrain couvant éternellement et éclatant périodiquement en explosions violentes et dévastatrices. » Les événements des 165 dernières années ne furent pas mieux décrits que dans ces paroles de de Luchet, qui les avait prédits. Il prévit également le mécène « libéral et progressiste » de la révolution, qui devait grandement aider à provoquer les « explosions violentes et dévastatrices » de ces 165 années : [...] Il prévit la force et l'emprise ininterrompues de la conspiration : « les chefs de l'Ordre n'abandonneront jamais l'autorité qu'ils ont acquise ni le trésor dont ils disposent. » [...]La portée de la prédiction de de Luchet est donnée par le fait qu'il écrivait en 1789, alors que la Révolution française était à peine une révolution : elle était universellement considérée comme une simple réforme modérée et salutaire qui laisserait au monarque un pouvoir raisonnable, corrigerait des maux évidents et établirait la justice et la liberté pour toujours dans une France heureuse et régénérée !
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© DC MemorialsStatue d'Edmond Burke à Washington

C'était encore la croyance générale en 1790 lorsque, de l'autre côté de la Manche, un autre homme vit la vraie nature de la Révolution et « prédit avec une étrange exactitude le cours des événements », pour citer M. John Morley, son biographe plus d'un siècle plus tard. Edmond Burke, un Irlandais, fut l'un des plus grands orateurs que la Chambre des communes britannique ait jamais connus. Le temps est le révélateur de la qualité d'un tel homme et, au fil des années, les expressions utilisées dans son attaque contre la Révolution française résonnent encore plus magnifiquement ; comme dans le cas de de Luchet, ce qui est frappant est que cette attaque fut publiée en 1790, alors que les noms de Robespierre et de Danton étaient à peine connus, avant que le mot « république » n'ait été entendu, alors que le roi attendait avec impatience de longues années de règne constitutionnel, alors que la France entière célébrait joyeusement l'amélioration pacifique qui venait d'être réalisée. L'ombre du doigt tendu de Burke traversa soudainement cette scène heureuse, pointant « comme un prophète inspiré » vers la ruine prochaine. [...]

Malheureusement, ce n'est pas l'image exacte de ce qui se produisit quand l'avertissement de Burke se réalisa. De nombreux hommes se retournèrent contre Burke, et non vers lui, précisément parce qu'il avait dit la vérité ; en effet, le pouvoir que la conspiration, même à cette époque, exerçait sur la presse et le débat public est très clairement montré dans la manière dont la flatterie à son égard se transforma subitement en attaque et en diffamation après qu'il eut publié ses Réflexions sur la Révolution. Les IIlluminés et les organes et orateurs « libéraux et progressistes » contrôlés par ces derniers avaient beaucoup compté sur Edmund Burke, car il avait soutenu la cause des colons américains une décennie plus tôt. [...]

Si Burke avait suivi la ligne « progressiste » et avait prétendu que la Révolution française aiderait « l'homme du commun », la flatterie à son égard aurait continué, mais dans ce cas, rien de ce qu'il eût dit n'aurait eu de valeur durable, ou ne serait resté dans les mémoires aujourd'hui. Les choses étant ce qu'elles sont, les paroles inspirées de son attaque contre la révolution ont la lueur impérissable de l'or :
« Elle s'en est allée, cette sensibilité de principe, cette chasteté d'honneur, qui ressentait la souillure comme une blessure... L'âge de la chevalerie a disparu. Celui des sophistes, des économistes et des calculateurs lui a succédé ; et la gloire de l'Europe s'est éteinte pour toujours. »
[Les "économistes" comme les appelle Burke ont joué un rôle essentiel (hausse du prix des denrées, financement des armes, des troupes, des espions...) Il n'est alors point étonnant d'apprendre la concentration exceptionnelle d'hommes de la haute finance au sein de la loge des amis réunis : 37 % de l'effectif total de la loge, soit 84 personnes, sont en effet des manieurs d'argent. On ne compte pas moins de 15 banquiers ou affairistes, 13 receveurs généraux, 7 fermiers généraux, 7 trésoriers généraux dont ceux de la Marine et de la Guerre, 4 payeurs généraux, 19 membres de la Chambre des Comptes de Paris, 7 hauts fonctionnaires du Trésor royal et, enfin, 11 frères qui s'occupent des finances publiques. À la veille de la Révolution, la loge des Amis Réunis est la plus forte concentration de financiers. Un certain nombre se retrouvent en groupe où séparément pour se livrer à des opérations spéculatives. à la Caisse d'escompte six administrateurs sont membres de la loge. On retrouve aussi les membres de la loge en qualité d'actionnaires de la manufacture d'armes de Charleville, de la Compagnie des eaux de Paris, des mines de Baïgorry, de Decize où de Rueil.]

Si ces mots, eux aussi, étaient une prophétie inspirée (et en 1955, ils semblent plus exacts qu'ils ne l'étaient même en 1790), au moins, la chrétienté et l'Occident trouvèrent en Raymond Burke un pleureur éloquent et noble. Car il connaissait la différence entre les « révolutions » aussi clairement qu'il vit la véritable nature de l'événement de France. Il n'était pas prêt d'être embobiné par le fait que quelqu'un avait qualifié trompeusement de « révolution » une guerre coloniale d' indépendance, menée par des propriétaires terriens.

En véritable ami de la liberté, il avait soutenu l'offre des colons de s'auto-gérer et d'être maîtres chez eux. Il n'y avait pas la moindre ressemblance entre leurs motivations et celles des hommes secrets qui, comme Burke le décela, étaient derrière la Révolution française. [...]

Il y eut une « frénésie française » transitoire, où les Américains portèrent des cocardes et des bonnets phrygiens, dansèrent, festoyèrent et défilèrent sous des drapeaux français et américains entremêlés, et crièrent « Liberté, Égalité, Fraternité. » Avec la Terreur, cette phase d'illusion fut suivie d'une phase de dégoût et d'horreur. Les leaders jacobins dirigèrent la Terreur et, comme de bons Illuminés, ils utilisaient des pseudonymes classiques tel que l'avait initié « Spartacus » Weishaupt lui-même : Chaumette était Anaxagoras, Clootz (décrit comme un baron prussien) était Anarcharsis, Danton Horace, Lacroix Publicola et Ronsin Scaevola.

[Phase de dégoût et d'horreur bien légitime quand on sait que la Terreur amena "environ 17 000 condamnations à mort selon les documents officiels, en fait près de 40 000 victimes, si l'on compte les personnes assassinées sans jugement. Les régions les plus ensanglantées furent celles où avaient éclaté des révoltes et les départements frontières. D'après les statistiques, 85 % des condamnés faisaient partie du tiers état, 8,5 % de la noblesse, 6,5 % du clergé. Mais les membres des ordres privilégiés étant beaucoup moins nombreux, le nombre des prêtres et des nobles exécutés fut proportionnellement plus élevé que celui des victimes des autres classes.]

Lorsqu'ils eurent réussi la phase-Kerenski, ces terroristes exécutèrent fidèlement le plan des Illuminati, et par le meurtre d'un roi et la profanation des églises, exprimèrent les deux notions principales de ce plan : la destruction de tout gouvernement légitime et de toute religion. Cependant, ils n'étaient eux-mêmes que des outils, car un contemporain, Lombard de Langres, écrivit sur cette :
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Maximilien Marie Isidore de Robespierre (1758-1794)
« Convention la plus secrète qui dirigea tout après le 31 mai, un pouvoir occulte et épouvantable dont l'autre Convention était devenue l'esclave et qui était composée des principaux initiés de l'Illuminisme. Ce pouvoir était au-dessus de Robespierre et des comités du gouvernement... Ce fut ce pouvoir occulte qui s'appropria les trésors de la nation et les distribua aux frères et amis qui avaient contribué au grand-œuvre. »
C'est cette image d'hommes hauts placés faisant la volonté d'une secte suprême, dissimulée mais manifestement dirigeante, qui donne à la Révolution l'aspect d'un spectacle de marionnettes démoniaque, joué sur fond de flammes rouges vacillantes dans une odeur de soufre.[...]

Toutefois, ce qui a une grande valeur historique dans les annales de la Révolution Française est la preuve fournie par elle de l'utilisation d'hommes dans un but incompris de ceux-ci. Ceci donne à la révolution, jadis et maintenant, son empreinte singulière et satanique ; elle est, comme Lombard de Langres l'écrivit, « le code de l'enfer ».

Alors que la révolution déclinait, trois hommes émergèrent, en France, en Angleterre et en Amérique, qui virent clairement trois choses la concernant : ils virent que son cours avait suivi le diagramme révélé par les documents Illuminati en 1787 ; que cette société secrète avait été capable, au travers de la franc-maçonnerie, de la provoquer et de la diriger ; et que la ligue secrète des conspirateurs, avec son plan ininterrompu pour la révolution mondiale, avait survécu et préparait les prochaines « explosions violentes et dévastatrices » prédites par de Luchet.

Ces trois hommes étaient l'abbé Barruel, jésuite et témoin oculaire de la Révolution ; le professeur John Robison, un scientifique écossais qui pendant plus de vingt ans avait été secrétaire général de la Société Royale d'Edimbourg ; et le Révérend Jedediah Morse, ecclésiastique et géographe de la Nouvelle Angleterre. Il étaient tous trois des hommes distingués. Les ouvrages de l'abbé Barruel et du professeur Robison, et les sermons du révérend Morse (tous de 1797-98) ont connu de nombreuses rééditions et sont encore indispensables
aux étudiants de notre époque. [...]

Le verdict de l'abbé Barruel sur ce qui s'était produit était identique à la prophétie de de Luchet auparavant, et à l'analyse de Lord Acton beaucoup plus tard :
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© Site Internet de la Présidence de la RépubliqueLa prise et le siège de la Bastille Jean-Pierre Houelle.
« ... Nous démontrerons que, même pour les actes les plus horribles commis pendant la Révolution française, tout fut prédit et déterminé, combiné et prémédité ; qu'ils furent le résultat d'une infamie mûrement pensée, puisqu'ils avaient été préparés et produits par des hommes qui possédaient seuls la clef de ces complots et conspirations, se cachant dans les réunions secrètes où ces derniers avaient été conçus... Bien que les événements quotidiens ne semblent pas avoir été combinés, il existait néanmoins un agent secret et une cause secrète, provoquant chaque événement et détournant chaque circonstance vers le but longtemps recherché... La grande cause de la révolution, ses caractéristiques principales, ses crimes atroces, resteront toujours une chaîne continue d'infamie profondément ancrée et préméditée. »
[La préméditation est parfaitement illustrée par ce qui s'est réellement passé à la Bastille (on est bien loin de la croyance populaire) :
"Le marquis de la Salle, membre du Comité de permanence, et, un instant, chef de la milice bourgeoise, devait avouer qu'un plan d'attaque de la Bastille lui avait été présenté le 13 juillet" [5]
"Le 14 juillet 1789, en trois quarts d'heure, la Bastille est prise par une bande d'émeutiers,... commandités par Philippe d'Orléans, grand maître des Loges du Grand Orient ... ils sont partis du Palais Royal, où réside le duc. Ils ont pris des armes aux Invalides. Ils massacrent le gouverneur et la garnison qui ne résistaient pas..." [6]
"C'est dans une séance de la loge des Amis réunis que fut décidée la prise de la Bastille" [7]
"De la vieille forteresse - que l'administration royale voulait déjà démolir - sont extraits en fait de victimes de l'absolutisme, sept prisonniers : quatre faussaires, un libertin et deux fous. La légende a fait de cette péripétie un haut fait d'armes.[8]]

Les trois hommes en arrivèrent à la même conclusion :
« Une conspiration anti-chrétienne... pas seulement contre les rois, mais contre chaque gouvernement, contre toute société civile, même contre toute propriété quelle qu'elle soit » (abbé Baruel)
« Une association a été formée dans le but exprès de déraciner tous les établissements religieux et de renverser tous les gouvernements existants d'Europe » (prof. Robison)
« Le but exprès est de "déraciner et supprimer le christianisme, et de renverser tous les gouvernements civils" » (M.Morse).
Ils convinrent que ce qui était arrivé n'était pas simplement un épisode en France, né de circonstances françaises, mais l'œuvre d'une organisation au plan continu dans tous les pays : un plan universel. Ils convinrent que cette organisation était la société secrète des lluminati, qu'elle avait inspiré et contrôlé la phase terroriste de la Révolution, qu'elle avait survécu et qu'elle était établie et forte en Angleterre et aux États-Unis. L'abbé Baruel en particulier donna un avertissement sur ce dernier point.

Les paroles et les écrits de ces trois hommes furent soutenus par les hommes publics importants de leur époque, et furent si pleinement corroborés par les événements, particulièrement à notre siècle, qu'historiquement, ils servent simplement à montrer que la révolution mondiale fut reconnue par certains, et son déroulement futur prédit, au moment de sa seconde apparition en Occident. Les efforts de ces trois hommes furent tout aussi vains à prévenir les ravages qui seraient provoqués plus tard par la conspiration, et c'est pourquoi les arguments de Messieurs Barruel, Robison et Morse présente un intérêt particulier.

Ce qui leur arriva prouve de manière plus concluante que n'importe laquelle de leurs propres paroles la chose même qu'ils s'efforcèrent de démontrer : l'existence et la puissance d'une société secrète travaillant, dans tous les pays, au dessein destructeur qu'ils décrivaient. Messieurs Barruel, Robison et Morse furent couverts d'injures. À leur époque, les journaux n'en étaient qu'à leurs premiers balbutiements et appartenaient d'ordinaire à un seul homme, qui en était également l'éditeur. Il devait donc être beaucoup plus difficile qu'aujourd'hui de prendre le contrôle d'une grande partie d'entre eux.

L'attaque concentrée portée contre les trois hommes, dès l'instant où ils dirent que l'Illuminisme avait provoqué la Révolution française et qu'il existait toujours, démontre que même en 1797, les Illuminés contrôlaient de façon effective la presse en Amérique et en Angleterre. Ce fut l'une des découvertes les plus surprenantes accomplies grâce aux recherches qui ont permis d'écrire ce livre. À mon époque, j'ai été forcé de me rendre compte que ce contrôle existe et qu'un auteur qui écrit sur la révolution mondiale dans l'esprit d'Edmond Burke verra toutes les voies de la publication se fermer à lui.
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Abbé Augustin Barruel (1741-1820)

Mme Nesta Webster relate la même expérience. Quand elle commença à écrire sur la révolution, au début des années 1920, un célèbre éditeur londonien lui dit : « Rappelez-vous que si vous adoptez un parti antirévolutionnaire, vous aurez tout le monde littéraire contre vous. » Elle dit qu'elle trouva cela extraordinaire, mais constata alors par l'expérience que l'éditeur avait raison, et mon observation a été identique. Cependant, je pensais que c'était une condition apparue au cours des trente dernières années, jusqu'à ce que j'étudie l'histoire de Messieurs Barruel, Robison et Morse ; je constatai alors que « le monde littéraire dans son ensemble » était tombé sur eux comme un seul homme en 1798, alors que la Terreur était récente. [...]

Il y avait une autre chose curieuse à propos de l'attaque envers ces trois auteurs qui avaient adopté « un parti anti-révolutionnaire. » Peu après qu'il eurent attiré l'attention du public, les attaques dans les journaux commencèrent ; des attaques presque toujours anonymes. Elles utilisaient exactement le même langage (un double langage) que celui utilisé aujourd'hui dans des attaques semblables. Les trois hommes furent accusés d'entamer une « chasse aux sorcières », d'être des fanatiques et des alarmistes, de persécuter « la liberté d'opinion » et « la liberté d'enseignement », de déformer la pensée « libérale » et « progressiste », et autres choses du même genre.

Après cela, l'attaque se poursuivait en calomnies et insinuations haineuses, et j'ai souvent retrouvé certaines expressions récurrentes qui furent employées dans la campagne menée contre un membre du Conseil américain, M. James Forrestal, en 1947-49 ; on disait leurs vies privées dissolues et leurs habitudes financières louches ; tout cela pour finir par l'insinuation familière qu'ils étaient « fous. » [...]

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L'université de Columbia à New-York

En résumé, ces attaques contre Messieurs Barruel, Robison et Morse utilisaient un vocabulaire politique limité, identifiable aujourd'hui à celui de la révolution et de ses agents, et ce vocabulaire est maintenant si rebattu qu'il doit être communiqué à tous les initiés par quelque figure centrale de l'organisation. La campagne dirigée contre eux fut efficace, si bien que leurs avertissements, tout comme ceux de Burke, furent oubliés des foules.

Cependant, la bande secrète (qui doit éprouver envers la vérité la même horreur que le diable éprouve envers la croix) continua à les craindre, si bien que la diffamation continua longtemps bien après leur mort ! Déjà, en 1918, l'université Columbia de New York alloua des fonds pour un travail de recherche coûteux conçu pour démontrer que les Illuminati étaient vraiment morts lorsqu'ils furent proscrits en 1786 et qu'ils ne pouvaient en aucun cas avoir provoqué ou survécu à la Révolution française ; dans cette publication toutes les qualificatifs en stock furent ressortis et utilisés à nouveau, comme si les trois morts étaient des « chasseurs de sorcières » encore en vie !

Douglas Reed, La controverse de Sion (extraits choisis p.175-195)

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Ces extraits choisis mettent en lumière différents éléments :

1/ La Révolution Française, à l'instar des autres « révolutions » ayant « abouti », a été orchestrée, entretenue et orientée par des élites occultes.

2/ La Révolution a donné au peuple l'illusion du changement et l'a finalement mené, après beaucoup de souffrance et de morts, à un régime pire que le précédent.

3/ Le peuple a été pour l'essentiel spectateur, dupe et victime de la Révolution.

4/ Les élites aux manettes sont invisibles et les seuls éléments identifiables sont leurs agents, leurs "idiots utiles", leurs organisations écran, leurs actes, et les dynamiques récurrentes, les « patterns" identifiables au fil de l'Histoire.

Riche des enseignements tirés de la Révolution Française et des autres "révolutions", nous pouvons conclure qu'au vu des forces de répression et de propagande dont disposent les gouvernements, les seules « révolutions » qui aboutissent sont celles autorisées par les véritables élites, servant leurs intérêts au détriment, bien entendu, de ceux du peuple.

Ceci dit, il existe aussi des mouvements populaires spontanés et pacifiques mais ils sont soit détruits, soit réorientés, grâce à l'usage de diverses tactiques : syndicats jouant le jeu du gouvernement, leaders populaires servant les élites en sous-main, médias asservis aux élites, agents économiques créant disette et pauvreté, espionnage des "activistes" et des "réunions suspectes", répression à outrance et intervention éventuelle de l'armée contre le peuple, infiltration des mouvements pacifiques par des agents provocateurs afin de provoquer la violence...

Ce dernier point est d'actualité, en effet une foule aveugle et haineuse constitue une cible facile et parfois partiellement justifiable de la répression. C'est exactement là que les élites veulent nous mener. La violence est leur terrain de prédilection et, en ces temps de mécontentement populaire grandissant, elles s'y préparent activement.

A ce titre, les Etats-Unis ouvrent la voie : militarisation des forces de police, intégration de nouveaux armements dévastateurs, développement des agences de sécurité intérieure, création de camps de détention, espionnage et fichage des citoyens, durcissement des conditions de détention,...
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Daniel Cohn-Bendit, homme politique allemand, sioniste et pédophile autoproclamé

On peut aisément imaginer le résultats d'un affrontement entre un peuple armé de bâtons et une élite armées de chars d'assauts et d'hélicoptères de combats et ce quelque soit l'abnégation des combattants du peuple.

Les "événements" de mai 68 sont l'illustration d'un mouvement populaire coopté et instrumentalisée en cours de route par quelques leaders prêchant les intérêts du peuple et servant en sous-main ceux de ses donneurs d'ordres.

On a ainsi vu Daniel Cohn-Bendit unifier les situationnistes (mouvement créé de toutes pièces par la CIA en 1957) et prendre le contrôle d'un mouvement étudiant à l'origine probablement spontané et légitime (grève de l'UNEF de novembre 67)

Quel fut le résultat de ces quelques mois d'agitation ? Des études supérieures accessibles à tous ? Une université de meilleur niveau ? Une réduction des discriminations ? Un allongement des congés payés ? Une réduction du temps de travail ? Une amélioration du pouvoir d'achat ?

Que nenni ! Aucune véritable avancée sociétale ne fut acquise. Bien au contraire !

Le seul résultat tangible fut la démission de Charles De Gaulle qui était doublement coupable : le 27 novembre 1967, il avait publiquement communiqué sur la culpabilité d'Israël) et depuis 1965, il œuvrait à offrir à la France une vraie indépendance financière.

Il fut remplacé par George Pompidou (directeur général de la banque Rothschild jusqu'en 1962 !) qui, quelques années plus tard, présidait à la promulgation de la loi du 3 janvier 1973 qui, dans les faits, interdisait à la Banque de France de faire crédit à l'État, et mettait de fait ce dernier à la botte des banques privées (la destruction de l'Islande et de la Grèce par les banques privées et le sort similaire réservé à court terme à l'Irlande et à l'Espagne illustrent à quel point cette loi joue et jouera un rôle pivot dans la destruction des peuples et des États-nations) dont, bien entendu, la banque Rothschild.
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Copie de la déclaration Balfour de 1917

Accessoirement, c'est la même famille Rothschild qui a acheté aux forces colonisatrices locales les terres de Palestine destinées aux colons, qui a financé la première conférence sioniste tenue à Bâle et qui est le destinataire unique et officiel de l'infâme déclaration Balfour de 1917. Ainsi, il n'est pas excessif de considérer Rothschild comme le père fondateur d'Israël.

Fermons cette parenthèse soixante-huit-arde peu reluisante et penchons-nous désormais sur les pistes de solutions :

Si, comme nous le démontre l'Histoire, les guerres civiles ne sont nullement le levier de véritable progrès pour les citoyens, comment arrêter la descente aux enfers de la société française menée à pas forcé par le pantin hongrois ? Comment se protéger d'un totalitarisme grandissant ? Comment ne pas être le jouet des mensonges, duperies et manipulations de nos fourbes dirigeants ?

La solution passe d'abord par une prise de conscience. Prise de conscience de la réalité (peu ragoutante) de notre monde, de la nature de nos élites, des enseignements de la (véritable) Histoire. En fait voilà précisement l'objectif du site Sott : offrir à ceux qui le souhaitent l'image la plus objective possible du monde et de ses dynamiques sous-jacentes.

Il devient alors possible d'agir consciemment et de dire "non", de résister aux sirènes de l'aveuglement, l'hystérisation, du fanatisme ou de la violence.

Si le peuple ne veut pas être le jouet et la victime de révolutions préfabriquées, du 11 septembre boîteux, de répétitions du Golfe du Tonkin ou de l'incendie du Reichtag, il lui faudra être extrêment lucide et objectif quant aux tentatives de manipulation, d'infiltration, de mensonge, de duperie ou d'hystérisation...

Connaître les médias, la pathocratie, la nature des vraies élites, leurs tactiques, la véritable Histoire de nos nations, constitue le préalable indispensable à une action pertinente.
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© Juan Barreto/AFP/Getty ImagesCaracas 2006, peinture murale représentant Hugo Chavez et Simon Bolivar

A ce titre, l'Histoire du Vénézuela nous offre deux enseignements intéressants :

Ce pays a connu son indépendance grâce à Simon Bolivar. Indépendance de courte durée puisqu'un an après, Boves mettait en place un régime royaliste aussi sanguinaire que le régime colonialiste que Bolivar avait chassé. Même dans les quelques territoires orientaux "républicains" que Boves n'avait pas repris, les factions "républicaines" locales se multiplièrent et s'exterminèrent.

Ainsi, lorsqu'un peuple n'a pas conscience de la pathologie, des mensonges, des tactiques, des manipulations, il en est la victime. Il est incapable de distinguer ses ennemis de son véritable protecteur et lorsque ce dernier disparaît, le peuple retourne à son état initial d'asservissement.

Le cas de Chavez est différent. On a là un individu élu par son peuple, suite à de véritables élections (fait rare) et qui semblent avoir à cœur l'intérêt du peuple qui l'a élu (fait encore plus rare). Et quelle est l'une des priorités majeures de Chavez ?

Développer les réseaux locaux, stimuler la conscience politique, proposer des médias non censurés (au moins une chaîne), offrir l'accès à l'éducation pour les enfants mais aussi les adultes, révéler les abus des multinationales, le mensonge du 11 septembre, les actions locales de la CIA...
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"Ceux qui n'apprennent rien de l'Histoire sont condamnés à la répéter"

Et c'est peut-être cette prise de conscience du peuple vénézuelien qui a sauvé Chavez lors de la tentative de coup d'État de 2002. Les élites y ont utilisé les techniques qui fonctionnent habituellement : propagande, désinformation, opération faux drapeaux. Ils ont même colporté, images manipulées à l'appui, que des partisans de Chavez avaient tiré sur la foule. L'intégralité de l'événement est rapporté dans le documentaire La révolution ne sera pas télévisée.

Mais, au final, le peuple a vu à travers ces mensonges, il a compris le plan qui se tramait et a manifesté pacifiquement son désaccord. Après quelques jours de blocage du pays et de pression grandissante, l'intelligentsia pro-américaine s'est vue obligée de relâcher Chavez qui a repris le pouvoir.

Cependant, le combat se poursuit. Les tentatives de déstabilisation du régime sont permanentes. Aujourd'hui même se déroule à Washington une conférence entre les anciens dictateurs d'Amérique Latine, ses leaders d'extrême-droite et des hauts fonctionnaires de l'administration étasunienne. A ce jour, toutes les chaînes de télévision vénézueliennes, à l'exception d'une seule, sont contrôlées par cette même intelligentsia.

Le peuple gobera-t-il les mensonges à venir ?

Si demain un journaliste révèle une liaison entre Chavez et sa secrétaire, l'opinion publique se retournera-telle contre lui comme ce fut le cas de Clinton ?
Si Chavez est assassiné et que l'expertise révèle qu'une seule balle a traversé le corps de Chavez puis celui d'un conseiller pour en ressortir et y pénétrer à nouveau, le peuple y croira-t-il ?
Si, soudain, on apprend que la marine vénézuelienne a sauvagement agressé un navire de la marine étasunienne (le Maddox par exemple), et qu'en réaction les États-Unis ont déclaré la guerre au Vénézuela, l'opinion mondiale y croira-t-elle ?

C'est bien là que le véritable combat a lieu : dans l'esprit de chacun, dans notre capacité à distinguer les mensonges de la vérité. Lorsqu'on prend le faux pour le vrai, on est esclave, on devient la proie du premier sauveur / révolutionnaire / libérateur venu. Et comme la ponérologie le révèle clairement, ces individus hautement charismatiques sont souvent les pires fossoyeurs de l'humanité.

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[1] Studyrama perspectives, Mythes et Polémiques de l'histoire, Le retour de la dispute, France 2008, p. 131
[2] Pierre Chaunu, Jean Tulard, Emmanuel Leroy-Ladurie, Jean Sévillia, Jean-Christian Petitfils, Le livre noir de la Révolution Française , Cerf 2008
[3] René Sédillot, Le coût de la Révolution française, Vérités et Légendes, Perrin, Mesnil-sur-l'Estrée 1987, p. 22-29
[4] René Sédillot, Le coût de la Révolution française, Vérités et Légendes, Perrin, Mesnil-sur-l'Estrée 1987, p. 222
[5] René Sédillot, Le coût de la Révolution française, Vérités et Légendes, Perrin, Mesnil-sur-l'Estrée 1987, p. 140-141
[6] René Sédillot, Le coût de la Révolution française, Vérités et Légendes, Perrin, Mesnil-sur-l'Estrée 1987, p. 78
[7] B.de Molleville, Histoire de la Révolution de France, t. I, p. 27.
[8] Jean Sévillia, Historiquement correct, Pour en finir avec le passé unique, Perrin, Saint-Amand-Montrond 2003, p. 179-180

Les extraits d'ouvrages mentionnés dans cet article sont en ligne sur ce site.