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Selon une recherche publiée hier aux Etats-Unis, le système immunitaire des humains aurait été renforcé par la reproduction croisée entre les Neandertaliens et leurs cousins, les Dénisoviens, qui ont tous deux émigré hors du continent africain.

C'est en 2010 qu'ont été découvertes, à Denisova, en Russie, les traces (l'os d'un doigt et une dent) des anciens cousins des Néandertaliens, baptisés depuis les Dénisoviens. Or, le séquençage ADN réalisé sur l'os a permis de déterminer que certains humains modernes avaient hérité de 7% des gènes de cet ancêtre disparu contre seulement 4% de ceux du Néandertalien.

Il y a 400.000 ans, les Dénisoviens et les Néandertaliens se sont séparés et ont tous deux quitté l'Afrique. Les premiers ont été en Europe et dans l'ouest de l'Asie tandis que les seconds se sont dirigés vers l'Asie de l'Est. Les ancêtres de l'homme moderne sont quant à eux, sortis d'Afrique il y a 65.000 ans et se sont rendus en Eurasie où ils ont rencontré leurs cousins Dénisoviens et Néandertaliens.

Selon une étude publiée hier dans la revue Science, aux Etats-Unis, des croisements entre ces deux ancêtres seraient alors intervenus et auraient permis à l'Homme d'hériter de gènes qui ont stimulé son système immunitaire. Les gènes en question, appelés HLA, sont déterminants pour notre organisme puisqu'ils sont chargés d'identifier et de détruire les agents pathogènes.

Des gènes qui éclairent sur l'histoire de l'Homme

Comme l'explique Laurent Abi-Rached, un chercheur français à la faculté de médecine de l'Université Stanford et principal auteur de ces travaux, ces gènes comptent parmi les plus variables et adaptables dans notre génome car l'évolution rapide des virus nécessite une grande capacité de réaction et d'adaptation. "Le système de gènes HLA avec sa diversité de variantes est un peu comme une loupe" car il fournit beaucoup plus de détails sur l'histoire des populations que les familles typiques de gènes, rapporte Sciences et Avenir.

"Ces croisements n'ont pas été que des événements fortuits sans conséquence, ils ont apporté quelque chose d'utile au patrimoine génétique de l'homme moderne", commente Peter Parham, professeur de biologie à l'Université Stanford, qui a dirigé la recherche. Le transfert de gènes des Dénisoviens aux hommes modernes a laissé la plus forte fréquence d'une variante des gènes HLA (HLA-B) dans les populations d'Asie occidentale, l'endroit le plus probable où se sont retrouvés les humains et les Dénisoviens.

Une fréquence variable selon les continents

D'autres variantes du groupe de gènes HLA (HLA-A) représentent jusqu'à 64% des gènes dans les populations d'Asie de l'Est et d'Océanie, avec la plus forte fréquence en Papouasie Nouvelle-Guinée. Les chercheurs ont cependant découvert que ces variantes étaient très fréquentes chez les Européens et les Asiatiques mais rares chez les Africains. Selon eux, la moitié de ces variantes du gène HLA ont été héritées des croisements avec les Néandertaliens et les Dénisoviens. Pour les Asiatiques, cette proportion atteint 80% et 95% chez les Papouasiens.