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Lorsque nous nous retrouvons dans une situation dangereuse qui menace notre sécurité ou celle de nos proches, un réseau cérébral bien spécifique s'active en quelques secondes. Ce qui nous plonge dans un état de vigilance très élevé (crédits image : Erno Hermans / Université de Nimègue).
En diffusant à des volontaires des images violentes, des neurobiologistes hollandais ont réussi à identifier les zones cérébrales qui s'activent lorsque nous nous retrouvons dans une situation qui menace notre survie.

Que se passe-t-il dans notre cerveau lorsque nous sommes exposé à une situation qui nécessite une réaction de notre part afin d'assurer notre survie, comme par exemple une agression ? Si les chercheurs savaient depuis longtemps que ce type de situation, appelée par les biologistes "fight or flight" (combattre ou fuir), enclenche une libération massive d'hormones comme la noradrénaline ou le cortisol , ils ignoraient en revanche encore largement la nature des aires cérébrales activées dans ce basculement du cerveau en "mode survie".

Aujourd'hui, c'est chose faite, grâce aux travaux menés par le neurobiologiste hollandais Erno Hermans et ses collègues de l'Université de Radboud, à Nimègue (Pays-Bas). Cette équipe de chercheurs est en effet parvenue à cartographier en temps réel l'ensemble du réseau cérébral activé lors d'une situation de stress intense. Une première, publiée le 24 novembre 2011 dans la revue Science.

Un recours au film "Irréversible" de Gaspar Noé

Pour y parvenir, les chercheurs ont diffusé à 80 volontaires des extraits de films. Pour une partie de ces volontaires, extraits diffusés correspondaient aux scènes violentes du film français "Irréversible", réalisé par Gaspar Noé en 2002. Quant aux autres volontaires, les extraits diffusés ne comportaient aucune scène de violence. L'objectif ? Comparer les différences d'activation cérébrale entre les deux groupes.

Pendant que les volontaires regardaient les extraits de film, les neurobiologistes hollandais ont enregistré l'activité cérébrale de leurs cerveaux via imagerie cérébrale à résonnance magnétique fonctionnelle (IRMf), une technologie qui permet d'oberver l'activité des neurones.

Résultat ? Les chercheurs ont mis en évidence l'existence d'un réseau cérébral bien spécifique, activé uniquement en situation de stress intense. Ce réseau, que vous pouvez visualiser dans la vidéo ci-dessous, se constitue d'un grand nombre de zones cérébrales, dont l'interconnexion augmente très fortement lorsque de la situation stressante.

De nombreuses aires cérébrales concernées

De quoi se compose ce réseau cérébral ? Il comporte tout d'abord plusieurs zones corticales (c'est-à-dire des zones situées sur le cortex cérébral, cette fine couche apparue tardivement lors de notre évolution qui enveloppe notre cerveau), dont le cortex pariétal et le l'amygdale (dont le rôle dans le mécanisme de la peur est bien connu), le thalamus, l'hypothalamus et le mésencéphale.

La nature des aires qui composent ce réseau cérébral est-elle si surprenante ? Pas vraiment en fait. Car plusieurs de ces zones sont fortement impliquées dans les mécanismes de l'attention et de l'éveil. Or, une situation de stress intense de type "fight or flight" génère justement chez l'être humain un état de vigileance très accru, impliquant forcément les mécanismes de l'éveil et de l'attention.

Le rôle clé de la noradrénaline

Autre découverte des chercheurs : le rôle joué par la noradrénaline dans l'activation de ce réseau cérébral. En effet, en administrant à leurs volontaires un inhibiteur des récepteurs de la noradrénaline, les neurobiologistes se sont aperçus que ce réseau n'était plus activé lors de la diffusion des extraits violents du film "Irréversible". Ce qui leur a permis de déduire que cette hormone jouait un rôle clé dans le basculement du cerveau en "mode survie".

Pour mieux visualiser les aires cérébrales qui s'activent lorsque nous nous retrouvons dans une situation qui menace notre survie, le neurobiologiste Erno Hermans a réalisé la vidéo ci-dessous :