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Publiant récemment ses travaux dans PLoS ONE, une équipe internationale a découvert dans le sultanat d'Oman des outils vieux de plus de 100 000 ans, qui semblent confirmer l'idée de plus en plus répandue d'une sortie d'Afrique de sapiens via l'Arabie.

La découverte

Une équipe internationale d'archéologues et de géologues, dirigée par le Dr Jeffrey Rose, de l'Université de Birmingham, après dix ans de recherches dans les montagnes du Dhofar (sud du Sultanat d'Oman, dans le sud-est de la Péninsule arabique), a mis au jour quelque 800 artéfacts - de longues lames de pierre triangulaires, notamment - de la culture dite nubienne (Paléolithique moyen), répartis sur plus de 100 nouveaux sites.
C'est la première fois que des outils de cette culture (appartenant à Homo sapiens), par ailleurs bien connue dans la vallée du Nil, sont trouvés hors d'Afrique ! Selon les auteurs, ces vestiges lithiques constituent un véritable balisage 'façon petit Poucet', du Soudan à Oman, laissé par les premiers humains modernes voyageant à travers la Mer Rouge, lors de leur migration hors d'Afrique.

En datant l'un des nouveaux sites par luminescence stimulée optiquement (OSL, en Anglais), les chercheurs ont déterminé que ces artisans du Nubien étaient entrés en Arabie il y a...106 000 ans, sinon plus !

Deux hypothèses bousculées

-106 000 : une date considérablement plus ancienne que celles proposées par les généticiens - essentiellement à partir de l'étude de l'ADN de populations actuelles - pour la sortie d'Afrique de l'homme moderne (à savoir entre 70.000 et 40.000 ans).

Autre surprise, tous ces nouveaux sites nubiens ont été trouvés loin à l'intérieur des terres, contrairement à une théorie selon laquelle ces groupes de migrants se déplaçaient le long de la côte de l'Arabie méridionale.

« Ce qui rend cela si passionnant, c'est que la réponse [à nos recherches] est un scénario presque jamais pris en considération. Loin d'être des pêcheurs innovants, il semble que les premiers humains venus d'Afrique pour se répandre en Arabie étaient des chasseurs opportunistes, voyageant le long des réseaux fluviaux comme sur des autoroutes. (...) [C'était alors] un paradis de verdure, riche en ressources : gros gibier, eau douce en abondance, silex de bonne qualité (...). Que ces pionniers aient étés capables d'y survivre [ensuite] dans les conditions hyperarides de l'âge glaciaire, c'est une autre affaire ! », explique le Pr Rose.

Quand l'archéologie contredit les théories

« Nous avons ici un exemple de la déconnexion entre les modèles théoriques et les preuves de terrain. L'hypothèse d'expansion côtière semble raisonnable sur le papier, mais il n'y a tout simplement aucune preuve archéologique. La génétique propose une expansion hors d'Afrique après -70 000 ans, et pourtant, nous avons déjà trois découvertes distinctes, publiées cette année, donnant des preuves de la présence d'humains [modernes] en Arabie des milliers, sinon des dizaines de milliers d'années, avant cette date », souligne le Pr Anthony Marks, de la Southern Methodist University, membre de l'équipe.

Pour convaincre l'ensemble de la communauté scientifique, l'équipe devra cependant découvrir des fossiles confirmant l'identité (H. sapiens et non Néandertal ou autre) de ces artisans préhistoriques. Ce dont ne semble pas douter le Pr Rose, qui suggère déjà d'orienter la recherche en génétique vers un « Out of Arabia »...

Sources :

ScienceDaily,
sciencemag.org