Une récente étude suggère que les rongeurs seraient capable d'empathie. Une caractéristique jusqu'ici attribuée à l'homme, et aux primates en général. Cette première découverte engendre déjà parmi les spécialistes une controverse.© Photo : Science AAAS
« L'homme est un animal social », affirmait Aristote. Les primates en général. Un trait caractéristique dont ils n'auraient plus l'apanage. Afin de tester la capacité d'empathie des rats de laboratoire, le psychologue Inbal Ben-Ami Bartal et de la neurobiologiste Peggy Mason ont mis un point une expérience visant à conditionner leur motivation.
Un premier rat évolue en liberté à l'intérieur d'une arène, au centre de laquelle se trouve un minuscule compartiment retenant prisonnier un second rat. Après quelques essais, le rat en liberté tente de libérer son compagnon d'infortune en ouvrant la trappe qui le retient. Et, dans la plupart des cas, s'en sort vainqueur. Mais cette conduite pourrait être influencée par le contexte spécifique de sollicitation dans lequel sont placés les rats.
« Nous n'avons en aucun cas influencé ces rats, assure aujourd'hui Inbal Ben-Ami Bartal au magazine Science. Ils apprennent parce qu'ils sont motivés par un sentiment interne. Nous ne leur montrons pas comment ouvrir la trappe, ils n'ont pas été entraîné à cela auparavant. D'ailleurs le trappe est plutôt difficile à ouvrir. Mais ils ne cessent d'essayer, et cela fini par payer. »
Dans un autre test, plusieurs obstacles séparaient le rat en liberté de son compère détenu, dont il sentait la détresse. Mais cela ne l'a pas empêché d'intervenir. Une autre fois, le rat fut confronté à deux compartiments : l'un contenant du chocolat, l'autre le rat à sauver. Après avoir ouvert les deux compartiments, les rongeurs se sont régalés ensemble du butin.
Au-delà de la simple « contagion émotionnelle », expression commune de l'empathie, les rats s'entraident - une manifestation sociale beaucoup plus complexe. Peut-on pour autant parler de comportement social ?
L'empathie éprouvée proviendrait seulement de la mise en détresse. Selon Daniel Povinelli, directeur du département de cognition évolutive à l'Université de Louisiane, « cette expérience ne révèle en aucun cas la capacité empathique des rats - définie comme l'habilité à se mettre mentalement à la place d'un autre et à ressentir ses émotions. C'est en revanche le syndrome d'une contagion émotionnelle qui pousse ces animaux à coordonner leurs comportements dans le but d'annihiler une détresse émotionnelle. Mais ce n'est pas un phénomène nouveau ».
Et si tous les rongeurs ne tentent pas d'ouvrir la trappe, cela signifie seulement, selon Inbal Ben-Ami Bartal, que certains spécimens ne disposent pas des traits biologiques propices à un comportement empathique.
Les études en cours vont dans ce sens et devraient identifier la provenance biologique de cette particularité. Les premiers résultats indiquent que les femelles développeraient cette capacité bien avant les mâles...
Sources : Science AAAS, Science News, Physorg, Nature News, Live Science
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