Enfant de la Société
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Commentaires des Lecteurs
Il serait grand temps que les étudiants arrêtent leur "crise du bacon" et qu'ils retournent à l'école.
Les manifestations ont dérapés de leur sujet d'origine et c'est maintenant rendu l'oeuvre de quelques rebelles qui veulent leur 15 minutes de gloire.
c'est vrai! ils feraient mieux de retourner à l'école! ils n'ont pas du en avoir assez ceux là car l'endoctrinement scolaire n'a pas encore bien marché sur eux, qu'ils en reprennent donc une petite dose!! Il semble que c'est beaucoup plus important d'aller à l'école apprendre l'histoire écrite par les vainqueurs que d'essayer d'écrire notre propre histoire
Non Lugh, ça me dérange pas le peuple qui se réveille. Ce qui me dérange c'est que les enjeux ont changé maintenant et c'est devenu une guerre personnelle entre le président de la CLASSE et le reste du Québec.
À la base les principes étaient trés bons, mais maintenant ça a déraper et toutes les actions ont perdus leur sens.
aucune action n'a perdu de sens,vous racontez quoi... l'augmentation des frais de scolarité n'à été que l'étincelle.. le malaise de nos sociétés est bcp plus profond... Il y a le projet du nord aussi... non il ne retourneront pas à l'école, et je ne pense pas qu'ils lâcheront... ils ne doivent pas!!!
Ce n'est pas qu'une grève, c'est le début d'une révolution (et mondiale), ça parraît évident, si vous ouvrez un peu les yeux...
ils sont l'exemple, la locomotive, que ça vous plaise ou non.. car le peuple du monde entier se réveille, et on mérite, et pas qu'au Canada, ( surtout en Zunie et en France) une véritable révolution.. c'est loin d'être fini.. vous risquez donc d'être déçu.. si vous croyez que ça s'arrêtera.. car tout est corrompu, l'éducation n'est qu'une pièce (importante) du puzzle... celle de la connaissance, et si on touche à ça, comme au canada, en espagne , en angleterre ou en pologne... il faudra s'attendre a qqch de très gros.. car la conscience des gens aujourd'hui est bcp plus grande et "limpide"
Cela s'arrêtera à la seule condition que le gouvernement fasse machine arrière, sur ces 2 points (augm.d.frais et projet du nord) car l'éducation n'est pas réservé qu'à l'Elite, voyez-vous...selon ce que je lis de vos commentaires, vous ne faite pas partie des gens qui on des problèmes d'argent, ni de conscience (que des gens en ont...)
comme je le disais le problème (de la corruption) n'est pas seulement l'éducation, mais aussi, l'écologie,l'économie( le capitalisme du désastre), la science,l'alimentation,la médecine et la mafia big pharma, les manipulations médiatiques, le déséquilibre inacceptable de toute la planète, comprenant la faim, la soif, avec par dessus les actions (guerres) soit-disant humanitaires, qui ne sont qu'une nouvelle colonisation, à nouveaux par la force, pour s'attribuer les ressources de ces pays et absolument pas pour les gens ..
En somme si des canadiens lisent ces commentaires, je leur dis haut et fort "ne baissez surtout pas les bras.." nous sommes bcp plus nombreux, mm si certains font le jeux des maîtres du monde,et ne comprennent rien à ce qu'il se passe, .. nous avons tjrs été, nous sommes et nous seront tjrs plus nombreux...
la seule différence aujourd'hui, c'est que nous en avons (pour la majorité en tout cas) pleinement conscience..
hasta la victoria del pueblo siempre, et sans parti politique, mm si certain s'attribue ces slogans!
en somme pour terminer, je vous fais la chansonnette....
A haute voix Quebec..
una mattina, mi son svegliato.. oh bella ciao,bella ciao, bella ciao ciao,ciao
En plus la dite augmentation des frais, si on calcule le tout lors des impôts, avec les crédit aux études et tout ce qu'on nous donne au canada, ça nous donne une augmentation de 10.00$ seulement.
Donc s'il veulent changer le monde fine, mais qu'il se trouve des bonnes raisons et qu'ils n'empèchent pas ceux qui veulent étudier de retourner aux études.
je comprend que ce n'est pas agréable que ta fille se fasse réveiller par la révolution, mais c'est tjrs mieux que par le bruit de bottes qui se profile à l'horizon, il faut que tu réalises que ds le futur ce sera par l'un ou par l'autre..
wake up :o)
en somme tu cautionnes l'endettement dès les études, c'est ça? .. avec l'argument de la déductibilité lors dela déclaration d' impôt, et passant par dessus le fait, que ça leur colle, avant mm de commencer à bosser, une chaine avec un boulet au pied... c'est justement ça la super stratégie (ou super..cherie :o)
autrement dit pas grave, non seulement ils s'en mettent pleins les poche, mais en plus on engraisse les banques, qui ne vivent que d'intérêts (de crédits)..
puis pour ce qu'
je comprend que ce n'est pas agréable que ta fille se fasse réveiller par la révolution, mais c'est tjrs mieux que par le bruit de bottes qui se profile à l'horizon, il faut que tu réalises que ds le futur ce sera par l'un ou par l'autre..
wake up :o)
en somme tu cautionnes l'endettement dès les études, c'est ça? .. avec l'argument de la déductibilité lors dela déclaration d' impôt, et passant par dessus le fait, que ça leur colle, avant mm de commencer à bosser, une chaine avec un boulet au pied... c'est justement ça la super stratégie (ou super..cherie :o)
autrement dit pas grave, non seulement ils s'en mettent pleins les poche, mais en plus on engraisse les banques, qui ne vivent que d'intérêts (de crédits)..
puis pour ce qu'
puis pour tout ce qu'ILS TE DONNENT au canada... ça m'intéresse.. tu parles de tout ce que tu cotises, directement ou indirectement? ou, donnes nous des exemples de ce qu'ils vous donnent...
donc oui, ils veulent changer le monde, FINE en effet, et je ne pense pas qu'il failles se trouver de bonnes raisons, tellement on en a vois-tu, (ce que j'ai énuméré en dessus, c'est pas de bonnes raisons?).. puis ils n'empèchent personnes de retourner aux études, ils ne font pas un blocus sur le net, où l'on trouve aujourd'hui à peu près tt ce que l'on veut, j'en sais qqch, on fait de l'écolage à la maison pour tous nos enfant... alors ceux qui veulent vraiment le feront.. et n'on pas attendu que je leur conseil pour s'y mettre.. cet argument c'est un peu prendre les manifestants en otages, car si c'est ce que tu (et le gouvernement) reproches au gens conscients, ils auraient déja donnés des cours on line par web cam, ça se fait depuis des années (au minimum depuis plus de 10 ans) au sein des universités, le prof à un bout du monde et les élèves en classe, on pourrait facilement imaginer le contraire, les étudiants au 4 coins du pays, et le prof ds son bureau... mais non, ce n'est pas ce qu'ils veulent, ce qu'ils veulent c'est laver le cerveaux des gens pour qu'ils défendent leurs arguments, l'indéfendable.. faire porter le chapeau aux grévistes, pour toutes les portes qui se ferment aux plus pauvres...
ces mm à qui (en plus, on ne fait pas de crédits, (et tant mieux ds le fond)..
En somme ça ne te dérange pas que le peuple se réveille, mais qmm un peu ds le fond, non? ou pour vue que ça ne change rien a votre train train de vie... ç'est le début de la révolution, et ça va faire boule de neige cette année, cette année c'est l'année!
Je te conseille de te retirer si tu ne veux pas te faire REVEILLER, car ça ne s'arrêtera pas, tant que Charest n'arrêteras et son son arrogance aussi au passage, (comme ds le speach qu'il a tenu il n'y a pas si lontemps), c'était scandaleux ses propos, et c'est un scandale de défendre les arguments d'un type comme celui-là.
Il devra reculer, car ils (on) ne reculeront(a) pas, j'en suis convaincu..
Le pouvoir de l'élite à ses jours compté, le pouvoir reviens au peuple, et il nous reviendra, et par la force si il le faut, ce qui n'est en fait, que tu veuilles le comprendre ou pas, que de la légitime défense!
Bref, sans du tout vouloir te vexer, il y a l'option "boules quies" si tu veux pas participer ni bouger..
Parce que un gouvernement ne peut rien faire contre un peuple qui s'insurge, et on en est pas très loin...
Tu verras, si il continu ds son arrogance, il devra quitter le pays!
Oui je vis là ...... non je n'ai pas voter pour Charest lors des dernières élections ...... oui je suis d'accord pour la révolution ce que je dis c'est que les motifs de base se perdent ici pour faire place à une guerre personnelle entre le leader de la CLASSE (le mouvement étudiant) et le reste du monde.
Je suis aller à l'université, j'ai eu des dettes comme tout le monde et je les ai remboursé.
J'ai plein d'amis et de la famille qui sont à l'université et au Cégep et qui veulent continuer à étudier, qui trouve que sacrifier leur session ça va détruire le reste de leur plan de carrière.
Je n'ai rien contre le principe de se révolter, mais maintenant il menace la tennu des événement à Montréal comme le Grand prix et les festivals cet été. Je trouve juste que maintenant il devrait s'assoir pour négocier avec les personnes concerné et trouver une entente équitable pour tout le monde.
C'est pas que je ne veux pas participer c'est juste que je trouve que ça a trop déraper et qu,il devrait revenir à l'essentiel du discours et laisser faire la vendetta personnelle.
(ou tjrs avoir le dernier mot) mais d'abord, les motifs de base se perdent tjrs lors de révolutions.. (penses-y) ils ne servent que d'étincelles..
je ne doute pas une seule seconde que c'est devenu une lutte de POUVOIRS, (comme tt ici bas..) mais le dernier article sur le canada /ONU et torture) ne fait que me confirmer que la révolution est nécessaire (et c'est partout pareil, sérieusement, mais sérieusement nécessaire,et j'en suis convaincu depuis plus de vingt ans...et c'est là!)
ensuite tt le monde n'a pas de dettes, moi par exemple j'en ai pas et pour ainsi dire jamais eut.. ce n'est pas une constante,(mm si ils voudraient nous le faire croire à tous) et pas tt le monde non plus n'arrive à les rembourser..
je comprend pour tes amis, mais rassures-les ça ne va pas détruire leur plan de carrière, ou du moins ce n'est pas ceux qu'ils croient, qui détruisent leur plans. (.. de carrière,m'ouai.. je trouve ça très réducteur, perso)
Quand au récréations pour le peuple (accro à la récréation) telles le GP ou les festivals.. (donc, innocemment accroc à la bonne santé de l'économie) j'préfère pas réellement te rétorquer, tant les 10 premiers mots de ma phrase en disent long sur ce que j'en pense...
Perso encore, je pense que c'est fini ces trucs-là, le "s'assoir et négocier" c'est un peu comme abdiquer (ou tendre la joue gauche), en somme aujourd'hui on a compris que si ils (on) fait ça, on s'en ira tjrs, et qu'une fois de plus sodomisés ( désolé, mais c'est le mot le plus parlant que j'ai trouvé.)
Qui dérape?.. encore une bonne question.. que ça dérape, c'est sûr.. c'est pas la "tranquille", c'est la révolution tt court, et à dire vrai, rares sont celles qui n'ont pas dérapé..
d'accord encore pour lâcher la vendetta, et alé,ok pour un dialogue.. mais c'est eux qui doivent venir s'assoir car c'est nous qui sommes + nombreux.. c'est de nous qu'il s'agit, pas d'eux?
attention au contrôle mental, presse, télé et autre artefact... et merci d'avoir reconsidéré un peu ton point de vue..
si vraiment ils voulaient aider le étudiants qui veulent continuer, ce serait déjà fait..
ce que je pense de tt ça.. c'est que ça les arrangent bien qu'il n'y ait pas de cours..
(mais ils vont s'en mordre les doigts)
le mécanisme est enclenché.. arabe, érable.. la prochaine on pourrait l'appeler la rév. du golf srtream..
1 pour tous, tous pour 1..
Le gouvernement fait la sourde oreille aux revendications étudiantes. C'est l'insulte suprême pour l'enfant-roi qui a grandi.
par Romain Gagnon
L'auteur est un ingénieur de Longueuil.
Depuis longtemps, je m'inquiète de la façon dont on élève maintenant nos enfants.
À l'école, ils apprennent leurs droits plus que toute autre génération précédente, mais on passe vite sur leurs responsabilités.
À la maison, les parents sont au service de tous les caprices de leurs enfants.
On ne leur ordonne plus de faire leur lit, on négocie désormais pour qu'ils le fassent.
On ne les punit plus, on leur explique en quoi leur comportement n'est pas approprié.
Quand l'enfant d'aujourd'hui n'a pas ce qu'il veut, il fait une crise et ses parents abdiquent rapidement.
Plus la crise est intense, plus vite il obtient sa mégapoutine ou encore son nouveau jeu vidéo.
D'ailleurs, les enfants dictent désormais le contenu de leur assiette.
Il n'est plus question de les forcer à manger leurs brocolis.
Il n'est pas question non plus de les forcer à suivre leurs parents en ski de fond; ça demande un trop gros effort physique.
Il faut éviter de les contrarier ou autrement les contraindre.
Depuis longtemps, je me demandais comment ces enfants-rois allaient vieillir.
Alors qu'ils n'ont jamais accepté un «non» comme réponse auparavant, comment ces enfants rendus à l'âge adulte allaient-ils réagir aux contraintes et contrariétés inévitables de la vie?
J'ai eu ma réponse avec la grève sur les droits de scolarité.
Quand il était jeune, l'enfant-roi cassait ses jouets pour exprimer son mécontentement.
Aujourd'hui, il casse des vitrines.
Avant, il refusait de faire le ménage de sa chambre, > aujourd'hui il refuse d'assister à ses cours.
Le gouvernement a remplacé ses parents comme figure d'autorité; l'enfant-roi s'attend donc à faire marcher le gouvernement comme il a toujours fait marcher ses parents.
Mais cette fois-ci, cela ne fonctionne pas: le gouvernement fait la sourde oreille aux revendications étudiantes.
C'est l'insulte suprême pour l'enfant-roi qui a grandi.
Ses droits sont bafoués et dans son égocentrisme délirant, il se compare déjà à ses pairs en Iran ou en Chine.
Dans sa bulle d'ex-enfant-roi, le terrorisme devient justifié et voilà l'explication pour les bombes fumigènes dans le métro.
On peut certainement blâmer les jeunes d'aujourd'hui pour avoir rompu notre belle tradition de non-violence au pays.
Toutefois, il faudrait aussi blâmer leurs parents et enseignants qui n'ont pas eu le courage de les élever adéquatement.
Aujourd'hui, on en paie le prix.
j'insiste, prudence avec le contrôle mental... (mm si j'ai clairement à l'esprit que bcp (trop) de parents sont en effet de ceux-là..).. ds ma liste, j'oubliais les ingénieurs à philosophie à sens unique!
bref, encore une petite chose.. c'est pas franchement ces (ex-)enfants là qui sont ds la rue, ses ex-enfants là c'est plus les petit Charest , que la classe moyenne et pauvre canadienne, en somme pour moi, c'est un confort, un luxe, (une plaie), l'indulgence!
On peut soutenir et retransmettre ce genre de propos, c'est un choix, et à mon avis, pas le bon.
Salutations qmm
Joli post MKS, ..excellent!
Lugh, je crois que j'ai souffert de maltraitance :o)
Le texte reproduit ci-dessous se trouve être disponible dans son intégralité au format Pdf ici : [Lien]incluant les chapitres suivants :
Autoportrait
L'amour
Une idée de l'Homme
L'enfance
Les autres
LA LIBERTE
La mort
Le plaisir
Le bonheur
Le travail
La vie quotidienne
Le sens de la vie
La politique
Le passé, le présent et l'avenir
Si c'était à refaire
La société idéale
Une foi
Et puis encore…
Décoiffant, s'il en est !
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LA LIBERTE
Au cours des nombreuses conférences que j'ai pu prononcer, les discussions qui ont suivi m'ont montré que la notion la plus choquante comme la plus difficile à admettre par un auditoire, quelle que soit la structure sociale de celui-ci, c'est l'absence de liberté humaine. La notion de liberté est confuse parce que l'on ne précise jamais en quoi consiste la liberté dont on parle, qui n'est alors qu'un concept flou et affectivement abordé. Notion difficile à admettre que l'absence de liberté humaine, car elle aboutit à l'écroulement de tout un monde de jugements de valeur sans lequel la majorité des individus se sentent désemparés. L'absence de liberté implique l'absence de responsabilité, et celle-ci surtout implique à son tour l'absence de mérite, la négation de la reconnaissance sociale de celui-ci, l'écroulement des hiérarchies. Plutôt que de perdre le cadre conceptuel au sein duquel le narcissisme s'est développé depuis l'enfance, la majorité des individus préfère refuser tout simplement d'admettre la discussion sur le sujet. On admet que la liberté est « une donnée immédiate de la conscience ». Or, ce que nous appelons liberté, c'est la possibilité de réaliser les actes qui nous gratifient, de réaliser notre projet, sans nous heurter au projet de l'autre. Mais l'acte gratifiant n'est pas libre. Il est même entièrement déterminé.
Pour agir, il faut être motivé et nous savons que cette motivation, le plus souvent inconsciente, résulte soit d'une pulsion endogène, soit d'un automatisme acquis et ne cherche que la satisfaction, le maintien de l'équilibre biologique, de la structure organique. L'absence de liberté résulte donc de l'antagonisme de deux déterminismes comportementaux et de la domination de l'un sur l'autre. Dans un ensemble social, la sensation fallacieuse d'être libre pourrait s'obtenir en créant des automatismes culturels tels que le déterminisme comportemental de chaque individu aurait la même finalité, autrement dit tels que la programmation de chaque individu aurait le même but, mais situé en dehors de lui-même. Ceci ne serait encore qu'une apparence car ce serait en réalité, pour lui, pour éviter la punition sociale, ou mériter sa récompense, pour se gratifier en définitive, que l'individu agirait encore. Ceci est possible en période de crise, quel que soit le régime socioéconomique, c'est-à-dire dans un système hiérarchique de dominance.
La sensation fallacieuse de liberté s'explique du fait que ce qui conditionne notre action est généralement du domaine de l'inconscient, et que par contre le discours logique est, lui, du domaine du conscient. C'est ce discours qui nous permet de croire au libre choix. Mais comment un choix pourrait-il être libre alors que nous sommes inconscients des motifs de notre choix, et comment pourrions-nous croire à l'existence de l'inconscient puisque celui-ci est par définition inconscient?
Comment prendre conscience de pulsions primitives transformées et contrôlées par des automatismes socio-culturels lorsque ceux-ci, purs jugements de valeur d'une société donnée à une certaine époque, sont élevés au rang d'éthique, de principes fondamentaux, de lois universelles, alors que ce ne sont que les règlements de manœuvres utilisés par une structure sociale de dominance pour se perpétuer, se survivre? Les sociétés libérales ont réussi à convaincre l'individu que la liberté se trouvait dans l'obéissance aux règles des hiérarchies du moment et dans l'institutionnalisation des règles qu'il faut observer pour s'élever dans ces hiérarchies.
Les pays socialistes ont réussi à convaincre l'individu que lorsque la propriété privée des moyens de production et d'échanges était supprimée, libéré de aliénation de sa force de travail au capital, il devenait libre, alors qu'il reste tout autant emprisonné dans un système hiérarchique de dominance.
La sensation fallacieuse de liberté vient aussi du fait que le mécanisme de nos comportements sociaux n'est entré que depuis peu dans le domaine de la connaissance scientifique, expérimentale, et ces mécanismes sont d'une telle complexité, les facteurs qu'ils intègrent sont si nombreux dans l'histoire du système nerveux d'un être humain, que leur déterminisme semble inconcevable. Ainsi, le terme de « liberté » ne s'oppose pas à celui de « déterminisme » car le déterminisme auquel on pense est celui du principe de causalité linéaire, telle cause ayant tel effet. Les faits biologiques nous font heureusement pénétrer dans un monde où seule l'étude des systèmes, des niveaux d'organisation, des rétroactions, des servomécanismes, rend ce type de causalité désuet et sans valeur opérationnelle. Ce qui ne veut pas dire qu'un comportement soit libre. Les facteurs mis en cause sont simplement trop nombreux, les mécanismes mis en jeu trop complexes pour qu'il soit dans tous les cas prévisible. Mais les règles générales que nous avons précédemment schématisées permettent de comprendre qu'ils sont cependant entièrement programmés par la structure innée de notre système nerveux et par l'apprentissage socio-culturel.
Comment être libre quand une grille explicative implacable nous interdit de concevoir le monde d'une façon différente de celle imposée par les automatismes socio-culturels qu'elle commande?
Quand le prétendu choix de l'un ou de l'autre résulte de nos pulsions instinctives, de notre recherche du plaisir par la dominance et de nos automatismes socio-culturels déterminés par notre niche environnementale ? Comment être libre aussi quand on sait que ce que nous possédons dans notre système nerveux, ce ne sont que nos relations intériorisées avec les autres ? Quand on sait qu'un élément n'est jamais séparé d'un ensemble? Qu'un individu séparé de tout environnement social devient un enfant sauvage qui ne sera jamais un homme ? Que l'individu n'existe pas en dehors de sa niche environnementale à nulle autre pareille qui le conditionne entièrement à être ce qu'il est? Comment être libre quand on sait que cet individu, élément d'un ensemble, est également dépendant des ensembles plus complexes qui englobent l'ensemble auquel il appartient ? Quand on sait que l'organisation des sociétés humaines jusqu'au plus grand ensemble que constitue l'espèce, se fait par niveaux d'organisation qui chacun représente la commande du servomécanisme contrôlant la régulation du niveau sous-jacent ? La liberté ou du moins l'imagination créatrice ne se trouve qu'au niveau de la finalité du plus grand ensemble et encore obéit-elle sans doute, même à ce niveau, à un déterminisme cosmique qui nous est caché, car nous n'en connaissons pas les lois.
La liberté commence où finit la connaissance (J. Sauvan). Avant, elle n'existe pas, car la connaissance des lois nous oblige à leur obéir. Après, elle n'existe que par l'ignorance des lois à venir et la croyance que nous avons de ne pas être commandés par elles puisque nous les ignorons. En réalité, ce que l'on peut appeler « liberté », si vraiment nous tenons à conserver ce terme, c'est l'indépendance très relative que l'homme peut acquérir en découvrant, partiellement et progressivement, les lois du déterminisme universel. Il est alors capable, mais seulement alors, d'imaginer un moyen d'utiliser ces lois au mieux de sa survie, ce qui le fait pénétrer dans un autre déterminisme, d'un autre niveau d'organisation qu'il ignorait encore. Le rôle de la science est de pénétrer sans cesse dans un nouveau niveau d'organisation des lois universelles. Tant que l'on a ignoré les lois de la gravitation, l'homme a cru qu'il pouvait être libre de voler. Mais comme Icare il s'est écrasé au sol. Ou bien encore, ignorant qu'il avait la possibilité de voler, il ne savait être privé d'une liberté qui n'existait pas pour lui. Lorsque les lois de la gravitation ont été connues, l'homme a pu aller sur la lune. Ce faisant, il ne s'est pas libéré des lois de la gravitation mais il a pu les utiliser à son avantage.
Même lorsque l'Homme remplit pleinement son rôle d'Homme en parvenant, grâce à son imagination créatrice, non à se soustraire aux déterminismes qui l'aliénaient, mais, en appliquant leurs lois,. à les utiliser au mieux de sa survie et de son plaisir, même dans ce cas il ne réalise pas un choix, un libre choix.
Car son imagination ne fonctionne que s'il est motivé, donc animé par une pulsion endogène ou un événement extérieur. Son imagination ne peut fonctionner aussi qu'en utilisant un matériel mémorisé qu'il n'a pas choisi librement mais qui lui a été imposé par le milieu. Et finalement, quand une ou plusieurs solutions neuves sont apparemment livrées à son « libre choix », c'est encore en répondant à ses pulsions inconscientes et à ses automatismes de pensée non moins inconscients qu'il agira.
Il est intéressant de chercher à comprendre les raisons qui font que les hommes s'attachent avec tant d'acharnement à ce concept de liberté. Il faut noter tout d'abord qu'il est sécurisant pour l'individu de penser qu'il peut « choisir » son destin puisqu'il est libre. Il peut le bâtir de ses mains. Or, curieusement, dès qu'il naît au monde, sa sécurisation il la cherche au contraire dans l'appartenance aux groupes :
familial, puis professionnel, de classe, de nation, etc., qui ne peuvent que limiter sa prétendue liberté puisque les relations qui vont s'établir avec les autres individus du groupe se feront suivant un système hiérarchique de dominance. L'homme libre ne désire rien tant que d'être paternalisé, protégé par le nombre, l'élu ou l'homme providentiel, l'institution, par des lois qui ne sont établies que par la structure sociale de dominance et pour sa protection.
Il lui est agréable aussi de penser qu'étant libre il est « responsable ». Or, on peut observer que cette prétendue responsabilité s'accroît avec le niveau atteint dans l'échelle hiérarchique. Ce sont les cadres et les patrons, bien sûr, qui sont responsables, et la responsabilité se trouve à la base de la contrepartie de dominance accordée à ceux auxquels elle échoit. En effet, c'est grâce à la responsabilité que l'on peut acquérir un « mérite », lequel est alors récompensé par la dominance accordée par la structure sociale qu'elle a contribué à consolider.
Et l'homme, libre de se soumettre au conformisme ambiant, bombe le torse, étale ses décorations sur sa poitrine, fait le beau et peut ainsi satisfaire l'image idéale de lui qu'il s'est faite en regardant son reflet, comme Narcisse, sur la surface claire d'un ruisseau. Ce reflet, c'est la communauté humaine à laquelle il appartient qui le lui renvoie. Mais s'il n'existe pas de liberté de la décision, il ne peut exister de responsabilité. Tout au plus peuton dire que du point de vue professionnel, l'accomplissement d'une fonction exige un certain niveau d'abstraction des connaissances techniques et une certaine quantité d'informations professionnelles qui permettent d'assurer efficacement ou non cette fonction. En possession de cet acquis, la décision est obligatoire, c'est pourquoi ses facteurs sont de plus en plus souvent confiés aux ordinateurs. Ou bien, si plusieurs choix sont possibles, la solution adoptée en définitive appartient au domaine de l'inconscient pulsionnel ou de l'acquis socio-culturel. On fait la guerre du Viêt-nam avec des ordinateurs et on la perd, car le choix des informations fournies à l'ordinateur n'est pas libre, mais commandé par les mêmes mécanismes inconscients.
On peut objecter que la récolte des informations, dur travail, exige une « volonté » particulièrement opiniâtre. Mais dans les mécanismes nerveux centraux, où siège cette volonté qui fait les hommes forts ? Représente-t-elle autre chose que la puissance de la motivation la plus triviale, la recherche du plaisir et son obtention par la dominance le plus souvent? Plus l'assouvissement du besoin est ressenti comme indispensable à la survie, à l'équilibre biologique, au « bonheur », plus la motivation, c'est-à-dire la volonté, sera forte de l'assouvir. Peut-on
nier la part de l'apprentissage socio-culturel qui depuis l'enfance, de génération en génération, signale aux petits de l'Homme que l'effort, le travail, la volonté, sont à la base de la réussite sociale, de l'élévation dans les hiérarchies, donc du bonheur?
L'idéal du moi ne peut s'établir dans ce contexte sans favoriser la « volonté ». Mais aura-t-on l'outrecuidance de prétendre qu'elle est l'expression de la liberté?
En résumé, la liberté, répétons-le, ne se conçoit que par l'ignorance de ce qui nous fait agir. Elle ne peut exister au niveau conscient que dans l'ignorance de ce qui meuble et anime l'inconscient. Mais l'inconscient lui-même, qui s'apparente au rêve, pourrait faire croire qu'il a découvert la liberté.
Malheureusement, les lois qui gouvernent le rêve et l'inconscient sont aussi rigides, mais elles ne peuvent s'exprimer sous la forme du discours logique. Elles expriment la rigueur de la biochimie complexe qui règle depuis notre naissance le fonctionnement de notre système nerveux.
Il faut reconnaître que cette notion de liberté a favorisé par contre l'établissement des hiérarchies de dominance puisque, dans l'ignorance encore des règles qui président à leur établissement, les individus ont pu croire qu'ils les avaient choisies librement et qu'elles ne leur étaient pas imposées.
Quand elles deviennent insupportables, ils croient encore que c'est librement qu'ils cherchent à s'en
débarrasser. Combattre l'idée fallacieuse de Liberté, c'est espérer en gagner un peu sur le plan sociologique.
Mais, pour cela, il ne suffit pas d'affirmer son absence. Il faut aussi démonter les mécanismes comportementaux dont la mise en évidence permet de comprendre pourquoi elle n'existe pas. Ce n'est qu'alors qu'il sera peut-être possible de contrôler ces mécanismes et d'accéder à un nouveau palier du déterminisme universel, qui pendant quelques millénaires sentira bon la Liberté, comparé au palier sur lequel l'humanité se promène encore.
A-t-on pensé aussi que dès que l'on abandonne la notion de liberté, on accède immédiatement, sans effort, sans tromperie langagière, sans exhortations humanistes, sans transcendance, à la notion toute simple de tolérance? Mais, là encore, c'est enlever à celle-ci son apparence de gratuité, de don du prince, c'est supprimer le mérite de celui qui la pratique, comportement flatteur empreint d'humanisme et que l'on peut toujours conseiller, sans jamais l'appliquer, puisqu'il n'est pas obligatoire du fait qu'il est libre.
Pourtant, il est probable que l'intolérance dans tous les domaines résulte du fait que l'on croit l'autre libre d'agir comme il le fait, c'est-à-dire de façon non conforme à nos projets. On le croit libre et donc responsable de ses actes, de ses pensées, de ses jugements. On le croit libre et responsable s'il ne choisit pas le chemin de la vérité, qui est évidemment celui que nous avons suivi. Mais si l'on devine que chacun de nous depuis sa conception a été placé sur des rails dont il ne peut sortir qu'en « déraillant », comment peut-on lui en vouloir de son comportement ? Comment ne pas tolérer, même si cela nous gêne, qu'il ne transite pas par les mêmes gares que nous? Or, curieusement, ce sont justement ceux qui « déraillent », les malades mentaux, ceux qui n'ont pas supporté le parcours imposé par la S.N.C.F., par le destin social, pour lesquels nous sommes le plus facilement tolérants. Il est vrai que nous les supportons d'autant mieux qu'ils sont enfermés dans la prison des hôpitaux psychiatriques.
Notez aussi que si les autres sont intolérants envers nous, c'est qu'ils nous croient libres et responsables des opinions contraires aux leurs que nous exprimons. C'est flatteur, non ?
*******************
Arrête ton char-est!