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Goldman Sachs a été injustement critiquée alors que cette banque est mue par les idéaux du Resto du Cœur, etc'est le gentil Obama qui le dit. Il vient d'ordonner l'abandon des poursuites pénales contre Goldman Sachs. En période de campagne électorale, le garant des valeurs morales US sait reconnaître les mérites des banques.

En avril 2010, le gendarme de la Bourse US, la Securities and Exchange Commission (SEC) avait déposé une plainte pénale pour fraude. Ces affaires de gros sous se traitent d'habitude au civil, avec d'importantes compensations financières, mais les crapuleries de Goldman Sachs avaient été telles que la SEC, qui a pourtant tout vu passer, avait choisi le pénal.

Je précise que la très indépendante SEC était présidée par Mary Shapiro, nommée par Obama. A l'époque de la tempête médiatique, et à quelques mois des élections de la mi-mandat, Obama avait besoin de faire le mastard pour annoncer qu'il voulait réguler le marché de la finance. Ce qui a presque été fait.

Les griefs formés contre Goldman Sachs sont parfaitement connus. La banque avait créé des produits dénommés « subprimes » présentés aux braves gens comme le nirvana lié à des financements immobiliers. En réalité, le marché immobilier était pourri et les subprimes étaient des poubelles financières. Goldman Sachs incitait ses clients - les dindons - à acheter ces produits en leur expliquant que l'immobilier était à la hausse,... pendant qu'avec d'autres clients - ceux plein de fric - la banque jouait à la baisse sur les mêmes valeurs. Le plus célèbre de ces produits était l'Abacus. Parmi les bons clients de la banque, le milliardaire John Paulson, qui vendait à découvert de l'Abacus, s'est gavé d'un milliard de dollars.

La Goldman Sachs, avec sa puissance, a réussi : les subprimes se sont écroulées, ruinant les emprunteurs, pendant que les vendeurs de vent avaient décuplé leur fortune. D'où la plainte de la SEC.

Le mécanisme avait été mis à jour, chiffres à l'appui, et chacun a pu apprécier les ravages, bien au-delà de la banque.

De nombreux documents internes confirment la volonté de truander. Le Sénat avait publié une série de mails croustillants, les produits en cause étant qualifiés de « contrats de merde » et un mail s'amusant « des pauvres petits emprunteurs peu solvables qui ne vont pas se faire de vieux os ». D'autres traitaient les clients des subprimes de « pantins ».

Mais nous sommes en août 2012, à trois mois de la présidentielle, et Obama a besoin d'un climat serein avec les banques.

Ce qui donne ce communiqué publié hier par le ministère de la Justice : « Après un examen attentif des informations fournies et après plus d'un an d'enquête fouillée, le ministère de la Justice et plusieurs autres agences gouvernementales dont le FBI ont déterminé qu'il n'y a pas de base viable pour engager des poursuites pénales contre Goldman Sachs ou l'un de ses employés ».

Aucune base pour le moindre reproche,... mais Goldman Sachs, en juillet 2010, a quand même versé 550 millions de dollars - une broutille au regard de ses profits - pour marquer sa volonté de transiger. C'était donc un don de charité.