Avez-vous déjà remarqué la quantité astronomique de violence dans les différents médias ? Qu'on parle de la radio, de la télévision (nouvelles de la planète, émissions de fiction, films, documentaires, émissions pour enfants, etc.), des journaux, dans les jeux vidéo ou d'Internet importe peu. La première chose que l'on voit ou que l'on entend, c'est de la violence. Aussitôt qu'il se passe quelque chose d'horrible à quelque part, ici ou ailleurs sur la planète, les médias en parlent aussitôt. Ce qui est bien, me dites-vous, il faut que les gens soient informés, qu'ils sachent à quoi s'attendre. Là n'est pas le problème. Le problème n'est pas que les médias recensent les actes violents qui se sont passés. Le problème est qu'ils en font la promotion de manière insidieuse ou plus directement et qu'ils tombent souvent dans le sensationnalisme parce que la violence fait vendre. Plus l'acte est violent (qu'il soit fictif ou réel), plus il fait la page couverture et les pages subséquentes, et plus les gens achèteront le média qui le montre ou en parle. Les médias continuent ainsi de promouvoir la violence, de plus en plus, en ajoutant toujours plus de détails à ces actes sordides. C'est à qui en montrera le plus, à qui ira le plus loin... Je trouve qu'à la longue cela ne fait que miner le moral des gens plutôt que de simplement les informer sur ce qui se passe. Je pense aussi que cette recrudescence de violence dans les différents médias a également d'autres conséquences autrement plus importantes que de simplement miner le moral des gens.

Il y a une question que je me pose. Est-ce que l'être humain est friand de violence, car il à peine à contenir sa propre violence intérieure et que toute cette démonstration quotidienne de violence est pour lui un exutoire pour sa propre violence ou l'être humain est-il conditionné à aimer (sournoisement, hypocritement ou réellement) la violence et ce, par l'action des médias, nos gouvernements et la Société dans un ultime but obscure, tel que le contrôle des masses par la peur ? Ici les adhérents aux différentes théories de la conspiration pourront s'en donner à cœur joie.

« D'autres part, la tuerie d'Aurora a fait bondir les ventes d'armes à feu au Colorado et dans plusieurs États américains, un phénomène qui s'était déjà produit après d'autres tragédies semblables, dont celles de Tucson en 2011 et de Virginia Tech en 2007. »[1] Aux États-Unis, ces vagues de tueries incitent les gens à se procurer des armes pour se protéger. Augmentant du même coup les accidents involontaires ou volontaires : drames familiaux, suicides, accidents, etc. Les américains iront-ils bientôt à l'épicerie ou au cinéma armés ? Rongés par la peur de voir surgir un fou dégainant une arme automatique, dégaineront-ils à leur tour leur arme de poing dans la figure de leur voisin à la moindre contrariété ?

Avez-vous remarqué l'augmentation des tueries depuis ces dernières années ? Des étudiants ou des professeurs qui ouvrent le feu sur leurs collègues de classe (Concordia, Virginia Tech, Polytechnique, Dawson, Columbine, Winnenden, etc.), des hommes qui tirent à tout vent dans divers lieux et événements (une garderie à Termonde en Belgique, un cinéma à Aurora aux États-Unis, un centre d'achat à Toronto au Canada, un rassemblement de jeunes à Utoya en Suède, etc.). Il semble y en avoir de plus en plus et ce, d'année en année. De faits anecdotiques, c'est devenu un phénomène social. Jeunes hommes ostracisés par leurs collègues de classe, hommes adultes vivant d'intenses conflits internes et ayant possiblement des troubles psychiatriques non traités qui ouvrent le feu sur des assemblements de gens dans des lieux divers. Certains ayant d'obscures revendications politiques et d'autres vivants carrément dans une paranoïa aigüe. Certains sont psychopathes et ne ressentent rien pour les autres alors que d'autres sont malades et ont sombré dans la folie.

Avez-vous également remarqué l'augmentation du nombre de drames familiaux ? Beaucoup de pères de famille qui tuent leur conjointe et leurs enfants. Parfois aussi des mères qui mettent fin à la vie de leurs enfants avant de se suicider. Certains sont tristement célèbres, comme monsieur Turcotte (je ne le nomme pas docteur, car il n'a plus rien d'un médecin à mon avis) au Québec, dont le drame est encore frais à notre mémoire collective. Et que dire des extrémistes religieux et politiques qui font exploser des bombes un peu partout pour blesser ou tuer le plus grand nombre de civils ? Qu'est-ce qui cause toute cette violence ? Est-ce un amalgame de faits, parfois enlignés, parfois disparates qui les rendent fous ? Est-ce que parce qu'un grand nombre de pays sont menés, dirigés et infiltrés en grand nombre par des psychopathes sans cœur et sans âme qui se cachent sous les habits d'être humains, comme vous et moi, et qui font semblant d'avoir une âme et de se soucier du bien-être de leur voisin immédiat ou lointain ? La plupart de ces psychopathes sont fonctionnels et vivent relativement bien en société, tant qu'on les laisse tranquille et qu'on ne les contrarie pas trop ou qu'ils y voient leur intérêt.

Et si les médias y contribuaient ? La recrudescence de la violence dans les différents médias a, à mon avis, plusieurs conséquences, dont celles-ci :

- Une banalisation, parfois extrême, de la violence. Ce qui finit par la rendre acceptable, à un degré plus ou moins élevé, selon les situations. Un homme bat sa conjointe ou ses enfants. Personne ne réagit. « Ce n'est pas si grave, elle crie encore. » « Ce n'est pas de mes affaires, cela ne me regarde pas. » Une femme est morte de cette manière au début de l'été. Poignardée à mort par son conjoint et ce, devant ses enfants. Elle a hurlé à la mort pendant plus de trente minutes et aucun voisin n'a réagit.

- Une augmentation de la peur au quotidien. Les américains s'arment de plus en plus au cas où... Ils se créent également des villes, des villages à haute sécurité. Une ville entourée de murailles et gardée par une guérite avec des agents de sécurité armés. Quand j'étais jeune, je passais mes journées dehors avec mes amies, mes frères et ma sœur. Alors qu'aujourd'hui, qui n'a pas une petite crainte en laissant ses enfants aller seul au parc au coin de la rue ? On a tous peur du grand méchant loup qui s'appelle pédophile et enleveur/tueur d'enfants. Qui ne se rappelle pas de Cédrika Provencher qui n'est jamais revenue à la maison après être partie avec sa bicyclette ? Y-a-t-il plus de psychopathes qu'avant ou est-ce simplement que nous sommes davantage au courant de se qui se passe ?

- Et si cette recrudescence de violence dans les médias amenait certaines personnes à leur point limite ? Les amenait à dépasser le point de non retour, jusqu'au moment où ils ne peuvent plus simplement regarder, entendre ou lire pour purger leur violence interne. Jusqu'au point où ils doivent agir et commettre des atrocités pour finalement sortir toute cette violence qu'ils ont accumulée en eux. Mais une fois cette limite atteinte, il n'y a plus de retour possible. De telles personnes iront toujours de plus en plus loin dans l'exécution de leurs actes violents. Pour eux, la barrière n'existe plus.

Je crois que toute cette violence dans les médias est en fait un catalyseur. Elle rend les gens, qui étaient déjà fragiles, instables et les amènent à « péter leur coche » plus rapidement et de manière plus intense et agressive. Et elle rend les psychopathes, qui étaient auparavant fonctionnels, totalement dysfonctionnels. Entendons-nous, une petite dose de violence et/ou une petite dose de peur, nous aide à rester sur nos gardes dans les lieux obscures ou non-sécuritaires ou lorsque nous côtoyons des gens louches. Une petite dose de violence stimule notre peur et bonifie notre instinct de survie. Elle nous empêche de laisser nos enfants seuls à la maison s'ils sont trop jeunes. Elle permet de rester sur ses gardes et de ressentir le danger lorsqu'il est près. La Terre n'est pas toujours un paradis et il faut demeurer alerte et vigilant. Cependant, je crois sincèrement que promouvoir à grande échelle la violence dans les médias, comme actuellement, amène la guerre, le viol, le meurtre, les invasions de domicile, etc. Cette démonstration à grande échelle de la violence trompe notre instinct et engourdie notre sens du danger. Et finalement, elle crée des monstres qui ont le visage de votre voisin, de votre collègue ou pire, d'un membre de votre famille.

[1] Richard Hétu, « In Guns We Trust », La Presse, 26 juillet 2012.