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© AFPDevant le consulat des États-Unis à Benghazi, en Libye, au soir du 11 septembre 2012.

Un fonctionnaire américain a été tué, mardi 11 septembre au soir, dans l'attaque par des salafistes du consulat américain de Benghazi, en Libye. Parallèlement, au Caire, des manifestations devant l'ambassade des États-Unis en Égypte ont dégénéré, mais sans faire de victimes. À l'origine des violences : un film hostile à l'islam, réalisé par un Israélo-Américain et diffusé sur Internet.

De violentes manifestations impliquant des salafistes se sont produites mardi - jour de la commémoration des attaques du 11 septembre 2001 - devant l'ambassade américaine du Caire, en Égypte, et le consulat du même pays à Benghazi, en Libye. Dans cette dernière ville, un fonctionnaire américain a été tué et un autre blessé à la main, alors que, dans la première, le drapeau américain était déchiré et remplacé par un étendard noir sur lequel était inscrite la profession de foi musulmane : « Il n'y a de Dieu que Dieu et Mahomet est son prophète ».

À l'origine de la flambée de violence, le fanatisme de certains musulmans, bien-sûr, mais aussi la provocation d'un film s'intitulant « Innocence of Muslims » (« L'Innocence des musulmans »), dont le réalisateur est un Israélo-Américain de 54 ans, Sam Bacile, également promoteur immobilier. Peu après la manifestation du Caire, celui-ci a confié au Wall Street Journal : « l'islam est un cancer », une déclaration qui en dit long sur le contenu de son long métrage. Lequel a d'ailleurs reçu le soutien du pasteur américain Terry Jones, qui s'était illustré en avril en brûlant des exemplaires du Coran.

"Éléments incendiaires"

C'est à coup de kalachnikov et de roquettes RPG que les manifestants se sont attaqués en début de soirée au consulat américain de Benghazi, selon des sources officielles libyennes. Dans un communiqué, la secrétaire d'État américaine Hillary Clinton a réagi aux attaques en déclarant que « certains ont essayé de justifier ce comportement brutal en le présentant comme une réponse à des éléments incendiaires diffusés sur Internet ».

« Les États-Unis déplorent toute volonté délibérée de dénigrer les croyances religieuses d'autrui, poursuit-elle. Notre engagement en faveur de la tolérance religieuse remonte aux origines mêmes de notre nation. Mais que les choses soient claires : rien ne saurait jamais justifier des actes de cette nature ».

Le Congrès général national (CGN) libyen, la plus haute autorité politique du pays, a quant à lui exprimé dans un communiqué son « indignation » et condamné « dans les termes les plus forts » l'attaque « criminelle » de Banghazi. Il a également annoncé l'« ouverture immédiate d'une enquête » pour faire toute la lumière sur les événements et déférer les coupables présumés devant la justice.

Montée en puissance de l'islam radical

Mais la Libye a bien du mal a faire face à la prolifération des armes depuis la chute de Kaddafi en 2011 et à la montée en puissance de l'islam radical dans l'Est. Ces derniers mois, les attaques contre les Occidentaux et les assassinats d'officiers de l'armée ou de la sécurité se sont multipliés. Et dans l'Ouest, la récente destruction de mausolées musulmans par des islamistes armés a montré que ces derniers montaient en puissance partout dans le pays.

Jusqu'à présent le gouvernement a paru dépassé par les événements. Le ministre de l'Intérieur Fawzi Abdelali a justifié sa passivité en expliquant qu'il ne voulait pas risquer une confrontation avec les groupes extrémistes nombreux et bien armés.

Si les « manifestants » de Benghazi n'étaient que quelques dizaines, ils étaient en revanche quelque milliers au Caire (environ 3 000), mais n'étaient pas armés. Seule une dizaine de salafistes ont escaladé l'enceinte de sécurité de l'ambassade pour arracher le drapeau américain. Et la police n'a pas eu à faire usage de la force pour les convaincre de sortir de l'enceinte de l'ambassade.

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© Khaled Desouki/AFPDes Égyptiens escaladent le mur d’enceinte de l’ambassade des États-Unis au Caire, au soir du 11 septembre 2012.
Un groupe de femmes portant le voile intégral a scandé « O fils de la croix, le Prophète est notre bien-aimé ». Sur le mur, un graffiti s'en prenait aux « Chiens de l'étranger », tandis qu'un autre mettait en garde contre les attaques contre Mahomet : « tout sauf le Prophète ».

Selon l'agence officielle égyptienne Mena, la Ligue arabe a condamné le film, estimant qu'il contenait des « insultes contre le prophète Mahomet. Dimanche, le grand mufti d'Égypte, Ali Gomaa avait dénoncé « les actions de coptes extrémistes ayant produit un film offensant le prophète », affirmant qu'il blessait « des millions de musulmans à travers le monde », soulignant que l'islam interdit la représentation du prophète. « L'attaque du caractère sacré de la religion ne relève pas de la liberté » d'expression, avait-il ajouté.

(Avec AFP)