Traduction par VD pour le Grand SoirLorsque la guerre au Vietnam s'est achevée et que les banderoles ont été pliées, le côté sérieux de la plupart des manifestants et leur hostilité envers le gouvernement s'est évanoui. Ils sont retournés, presque sans opposer de résistance, à la course au succès et à la croyance que le monde n'avait le choix qu'entre une « démocratie capitaliste » et une « dictature communiste ». Le verdict général était que la guerre avait été une aberration, une sorte de tâche sur une politique américaine somme toute humaniste. Les soi-disant craintes éprouvées par les pouvoirs en place sur une déliquescence de la République s'avérèrent au final rien de plus qu'un coup médiatique. Un sujet porteur.
Tout ceci pour vous expliquer pourquoi j'ai été réticent à me joindre au mouvement d'occupation. J'ai d'abord pensé que si rien d'autre ne faisait l'affaire, ce serait le froid de l'hiver qui aurait raison d'eux. Sinon, ce serait les exigences de la vie quotidienne - il faudra bien qu'ils gagnent leurs vies, qu'ils assistent à leurs cours quelque part, qu'ils retournent à leurs amis et leurs familles. Récemment, j'ai pensé que c'est la police qui sifflerait la fin de leur merveilleuse partie - car lorsque vous dévoilez la véritable nature du système, le système peut devenir fou.
A présent je n'en sais trop rien. Tous ces jeunes, et les vieux aussi, n'en finissent pas de m'étonner par leur dévouement et leur énergie, leur camaraderie et leur courage, leur optimisme et leur inventivité, leur non-violence et leur conscience aiguë des dangers de la cooptation, leur ciblage des institutions économiques plutôt que des politiciens ou des partis politiques. Sans oublier leurs magnifiques pancartes et slogans, brandis de New York à Washington, tenant bon devant les assauts méprisables de la police et la destruction de leur campement à Wall Street. Ils ont donné à un million de jeunes d'autres idées sur comment occuper le reste de leurs vies et obtenus une couverture médiatique remarquable. A plusieurs reprises, le Washington Post a consacré des pages entières d'articles sympathiques. Le mouvement OCCUPY est pris de plus en plus au sérieux par pratiquement tous les médias.