
On peut saluer le Printemps arabe tout en armant les dictatures qu'il combat. Voici le triste constat effectué par Amnesty International. L'organisation révèle que les États-Unis, la Russie et plusieurs pays européens, dont la France, ont fourni de très nombreuses armes à des gouvernements répressifs au Moyen-Orient et en Afrique du Nord avant les soulèvements de cette année, tout en sachant qu'il existait un risque considérable que ces armes soient utilisées pour commettre de graves violations des droits humains.
Dans le rapport intitulé Transfert d'armes vers le Moyen-Orient et l'Afrique du Nord, les leçons pour un traité efficace sur le commerce des armes, l'ONG se penche sur les transferts d'armes effectués vers cinq pays arabes depuis 2005 : Bahreïn, l'Égypte, la Libye, la Syrie et le Yémen. Ses sources, des rapports nationaux sur les exportations de 35 pays, dont les 18 États de l'UE, ainsi que la base de données de l'ONU sur le commerce extérieur de ses membres jusqu'en 2009. D'après Aymeric Elluin, chargé de campagne "armes et impunité" chez Amnesty, le rapport s'arrête à cette date, car les informations publiques et disponibles en la matière ne dépassent pas 2009. "Mais cela ne signifie pas que les exportations d'armes se sont interrompues depuis lors." Amnesty International reconnaît toutefois que la communauté internationale a pris "quelques mesures cette année afin de limiter les transferts internationaux d'armes" vers les cinq pays étudiés.