La Maison-Blanche promeut en Égypte la bobo-révolution : elle honore un jeune entrepreneur mort en dénonçant la corruption de policiers de base, pour mieux soutenir une dictature militaire. L'important n'est pas de changer les structures sociales, mais de garantir la libre entreprise et l'usage de l'Internet.Le 22 juin 2011, le président Obama remet le Prix de la Démocratie au jeune blogger tunisien Jamel Bettaieb, un activiste de Sidi Bouzid, ville dont est partie la « révolution du jasmin ». A gauche sur la photo, Zahraa Said, frère de Khalid Said, un jeune chef d’entreprise égyptien honoré à titre posthume. Il avait posté sur Internet une vidéo attestant la corruption de policiers, avant d’être assassiné. De dos, Carl Gershman, président de la National Endowment for Democracy. La cérémonie a été suivie d’une table ronde autour de Aly Abuzaakuk et Radwan Ziadeh, deux des principaux organisateurs des troubles en Libye et en Syrie.
Dans une touchante cérémonie à la Maison-Blanche, le président Obama a commémoré un jeune businessman égyptien tué par la police de Moubarak (armée et entraînée par les USA), décoré par le « Prix Démocratie 2011 » de la National Endowment for Democracy (Ned) [1].
Les États-Unis, a rappelé le président, soutiennent fortement la transition vers la démocratie en Égypte, en valorisant le leadership des voix émergentes, surtout jeunes, dans la société civile. La Ned et d'autres organisations « non-gouvernementales » - en réalité des émanations du Département d'État et de la CIA, qui financent en Égypte des dizaines de projets - s'occupent de leur formation. D'autres programmes sont gérés directement par le gouvernement états-unien. Le Global Entrepreneurship Program, institué par l'administration Obama pour « promouvoir la culture entrepreneuriale dans les pays en voie de développement », organise des cours, tenus par des entrepreneurs états-uniens, auxquels participent de jeunes égyptiens des classes moyenne et moyenne-haute. Les meilleurs sont envoyés aux USA pour des cours de perfectionnement. On soigne surtout la formation de jeunes gestionnaires de sites Internet, en anglais et en arabe, lesquels reçoivent des financements et apprennent le savoir-faire de sociétés privées états-uniennes. On élève ainsi une nouvelle classe dirigeante égyptienne, que le New York Times définit comme « les entrepreneurs de la révolution ».