Les Maîtres du Monde
La crise énergétique a déjà mis à genoux des milliers de TPE.
Washington a déployé secrètement approximativement 150 ogives nucléaires. Observateur Continental a rapporté l'affirmation d'Alicia Sanders-Zakre, coordinatrice des politiques et de la recherche à la Campagne internationale pour l'abolition des armes nucléaires (ICAN), qui a annoncé que Washington avait déployé secrètement environ 150 ogives nucléaires en Belgique, en Allemagne, en Italie, aux Pays-Bas et en Türkiye.
Or, on constate que depuis plusieurs semaines les Américains diffusent régulièrement une "information", ou plutôt un "sentiment" disant que les armes nucléaires russes sont pour la plupart (on a lu le chiffre de 80%, tiré, on ne sait d'où) inutilisables car "mal entretenues".
Sergueï Karaganov dans l'article d'hier parle donc de frappes nucléaires russes contre l'ennemi occidental pour régler une fois pour toutes la question de la sécurité de la Russie. Cette position est compréhensible, mais je pense qu'il devrait y avoir un échelonnement de l'usage d'armes nucléaires qui, en fin de compte, devrait rendra inutile les frappes directes contre les pays occidentaux.
Sergueï Karaganov a tout à fait raison lorsqu'il écrit : "La situation est aggravée par le 'parasitisme stratégique' - en 75 ans de paix relative, les gens ont oublié les horreurs de la grande guerre, ils ont cessé d'avoir peur même des armes nucléaires. Partout, mais surtout en Occident, l'instinct de conservation s'est affaibli." Et pourquoi ne pas commencer à raviver en Occident la peur des armes nucléaires, qui y était présente chez la majorité de la population dans les années 50 et 60. En effet, à bien des égards, c'est cette peur de la population qui a contraint les dirigeants américains à négocier avec l'Union soviétique sur la limitation des armes nucléaires et sur la politique de détente.
Boris Karpov
Partie 1 [Sergueï Karaganov; il s'adresse aux dirigeants de la Russie]
Je partagerai quelques réflexions que je nourris depuis longtemps et qui ont pris forme après la récente Assemblée du Conseil de la politique étrangère et de défense, l'une des plus brillantes de ses 31 ans d'histoire.
La réélection de Joe Biden dépend du succès de la plus importante campagne militaire menée par l'Occident depuis la Seconde Guerre mondiale, ce qui soulève la question de savoir comment les États-Unis réagiront en cas d'échec.
A rebours des médias occidentaux, nous avons fait le choix de lui donner la parole, non pas pour présenter et défendre une certaine vision du conflit, au risque de propagande - ce n'est pas et ne sera pas notre rôle - mais pour que cet autre point de vue permette de mieux éclairer toutes les facettes d'une guerre qui est aussi celle de l'information.
L'Éclaireur - Alors que la question se pose de la fin de la suprématie du dollar, vous dites que la guerre en Ukraine est non seulement la guerre du dollar mais qu'elle n'est pas la première...
Oleg Nesterenko - Je vois que vous faites allusion à mon analyse sur les guerres du dollar, publiée cela fait quelque temps. En effet, ce n'est pas la première, ni même la deuxième, mais la troisième guerre du dollar. La première, c'était la guerre contre l'Irak de Saddam Hussein. La deuxième, celle de la guerre contre la Libye de Kadhafi. Et la troisième, donc, contre Moscou sur le territoire de l'Ukraine, menée sur le territoire d'un État tiers, tout simplement parce qu'on ne peut pas mener la guerre contre les Russes directement chez eux. Et ce n'est que la guerre hybride et par procuration qui peut avoir lieu face à la Russie.
Oleg Nesterenko connait bien son sujet, lui qui, après avoir enseigné plus de dix ans en école de commerce en France, préside à Paris le Centre de commerce et d'industrie européen. Un centre de soutien et d'accompagnement africano-franco-russe, un peu à la manière des chambres de commerce et d'industrie, dont le cœur de métier est le conseil économique, mais aussi sécuritaire auprès des acteurs politiques et économiques. Ce n'est donc pas le Russe de la rue qui nous a répondu, mais un homme rompu aux affaires et à la politique internationale, et jusqu'en Afrique où il endosse parfois le costume de conseiller politique.
Oleg Nesterenko connait également bien l'Ukraine. Il a été le directeur exécutif d'un institut de recherche scientifique dans l'extrême-ouest du pays, une région pas vraiment russophile, où la mouvance ultra-nationaliste et néonazie est particulièrement active.
Ce qu'il nous dit là, décliné en trois volets, sur le passé, le présent et le futur tel qu'il le voit se dessiner, il dit le tenir de son expérience, de ses échanges et de sources parmi des hauts responsables à Moscou, mais aussi à Kiev, à Donetsk, en Crimée, au sein de l'armée russe comme dans l'armée ukrainienne.
Zbig Brzezinski, alors conseiller du président américain (1997), l'a dit sans ambages : « L'Eurasie est le plus grand continent de la planète, et l'Europe est la tête de pont indispensable de l'Amérique dans ce Heartland. Par conséquent, chaque fois que le champ d'action de l'Europe s'élargit, la sphère d'influence des États-Unis s'élargit également ». Et pour ce qui est de la domination de l'Eurasie, il a ajouté : L'Ukraine est l'État clé.