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L'être humain a-t-il poussé la planète dans une nouvelle ère, l'« anthropocène » ? En avril, les géologues devront se prononcer. Mais l'étude de strates ne dit pas tout. Un faisceau d'indices plaide déjà contre nous.
Cela faisait onze mille sept-cents ans que ça n'était pas arrivé. La fin d'une ère. La dernière fois, la planète voyait s'achever l'époque glaciaire et l'homme, pourtant déjà présent sur Terre depuis près de sept millions d'années, n'avait pas grand-chose à voir dans l'affaire.
En avril prochain, un nouveau changement de ce type, global et rarissime, pourrait être acté. La
Commission internationale de stratigraphie (ICS), l'organisme fixant les grands standards de la géologie, doit se prononcer. A cette occasion, la Terre pourrait quitter officiellement l'
holocène pour entrer dans l'
anthropocène. Cette fois, l'être humain est la force motrice.
La bascule n'est pas seulement sémantique. En adoptant ce terme d'« anthropocène », les chercheurs reconnaîtraient que l'espèce humaine, par son activité, est devenue une force géologique majeure. Ils constateraient officiellement que l'homme a inscrit la trace de son passage dans les strates de glace et de sédiments. En attendant que le panel international de géologues se prononce, le dossier s'alourdit. La dernière revue d'études, coordonnée par Colin Waters et publiée le 8 janvier dans
Science, conclut que cette nouvelle époque existe et qu'elle « a débuté quelque part au milieu du XX
e siècle ». Si elle allait dans cette même direction, la décision de l'ICS ne ferait qu'inscrire dans le marbre un bouleversement amplement reconnu. « L'idée de l'anthropocène dépasse la géologie, résume Dominique Bourg, philosophe et professeur à la faculté des géosciences et de l'environnement de l'université de Lausanne. Son acceptation culturelle et scientifique est déjà largement acquise. » Et pour cause, les signes témoignant de notre empreinte indélébile fourmillent. En voici un échantillon.
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