Quarante-neuf substances interdites de commercialisation en France se retrouvent dans les rivières, et vingt dans les eaux souterraines. Au-delà de leurs incidences écologiques, ces pollutions obligent les distributeurs d'eau à investir lourdement pour fournir de l'eau potable au robinet. Chaque année, les ménages français payent un surcoût exorbitant pour le déplacement des captages ou le traitement des eaux contaminées. Le point sur ce gaspillage trop méconnu avec Martin Guespereau, directeur général de l'agence de l'eau Rhône Méditerranée Corse.© ShtterstockLes zones d’agriculture intensive (bassin de la Saône, vallée du Rhône, Lauragais dans l’Aude) ou fortement urbanisées (pourtour méditerranéen) et les cours d’eau impactés par l’énergie hydraulique (nord des Alpes) affichent des états écologiques moyens à mauvais.
JOL Press : Que révèle le rapport annuel sur la qualité des eaux ?
Martin Guespereau : La dernière édition montre, qu'à nouveau, les pesticides représentent la première cause de déclassement des cours d'eau.
Parmi eux, on retrouve des pesticides interdits à des concentrations non-négligeables, notamment dans le Beaujolais et dans le Roussillon.
L'eau - ou, plus exactement, les sédiments - ont la mémoire longue. Ainsi, l'atrazine, interdite depuis onze ans en France, reste le premier pesticide qui déclasse les eaux destinées à produire de l'eau potable.
Les pesticides interdits le sont pour deux raisons : soit parce qu'ils sont dangereux pour l'environnement, et parfois même pour la santé humaine ; soit à cause de leur caractère rémanent : très « stables », ils ne se dégradent pas, et gîssent au fond des nappes phréatiques.