Une fuite en avant à visage découvert. C'est ainsi qu'on peut qualifier l'attitude du gouvernement et du grand patronat français qui annoncent de plus en plus clairement la couleur : il faut liquider les pauvres. Ces dernières semaines, ceux qu'on définit sociologiquement comme les classes précaires, ont été plus que jamais la cible de la haute bourgeoisie française décomplexée par quatre années de sarkozysme présidentiel.
Les déclarations de Wauqiez sur le « cancer de l'assistanat » qui rongerait la France et sa proposition de faire travailler gratuitement les bénéficiaires du RSA « 5 à 10 heures » par semaine constituaient le premier round. La grève actuelle des employés de Carrefour market, payés en dessous du Smic par l'un des fleurons du capitalisme français qui affichait l'an dernier un CA de 101 millions d'euros, représente le second round. Quand certains enseignants du supérieur sont confortablement payés sans travailler, d'autres, au RSA, s'efforcent de survivre, exclus du monde du travail par une concurrence trop lourde ou disqualifiés par un manque de formation professionnelle que l'Etat ne leur financent plus.
D'autres encore, mi-smicards, restent condamnés à l'exploitation économique et à la dépossession à la fois juridique et social de leur propre personne. Après tout, payer au minimum syndical ses employés n'est qu'une question d'interprétation de la loi et la batterie d'avocats de Carrefour aura sans doute la sienne après la première condamnation de leur client à 3,66 millions d'euros d'amendes pour non-respect du Smic auprès de 1 200 salariés.