Les États-Unis commenceraient-ils à comprendre que le placement des enfants peut ouvrir la voie à de nombreux abus, et qu'il relève là-bas davantage de la pompe à fric que de l'aide sociale ? C'est du moins la conclusion de
Nancy Schaefer, sénatrice conservatrice de Géorgie (USA), qui a rédigé en 2008 un mémoire intitulé « Child Protective Services predators and corruption » (Les prédateurs des services de protection de l'enfance et la corruption). État des lieux d'un système d'adoption aberrant et de ses dérives.Nancy Schaefer expliquait donc (elle est décédée en 2010
[1]) qu'il y a beaucoup d'argent qui circule grâce aux placements d'enfants, souvent faits en dépit de l'intérêt de ces mêmes enfants et des familles.Schaefer dit que des enfants sont enlevés sans raison valable à leurs familles, dans le seul but de faire du profit. Des placements qui souvent ne sont ni utiles ni nécessaires, effectués avec de plus en plus d'entrain depuis 1974, année du
Child Abuse Prevention and Treatment Act [2
]et depuis 1997, quand Clinton a fait passer l'
Adoption and Safe Families Act.
Cette année-là, Clinton a aussi demandé aux États qu'ils doublent le nombre d'adoptions en l'espace de cinq ans (et elles ont augmenté, mais de 57% 'seulement' au lieu de 100%). On va voir ensuite pour quels résultats.
Le business de l'adoptionDe fait, ces lois
visaient à faciliter l'adoption (c'est-à-dire à l'accélérer) et à attribuer des subventions aux États qui augmentent leur nombre ou aux centres privés qui sont sur ce créneau : ce sont les «
primes d'encouragement à l'adoption ». La loi de 1997 prévoit notamment
qu'on cesse les tentatives des réunification familiale 15 mois après que les enfants soient placés en foyer[1]. Au bout de 15 mois,
l'enfant est adoptable ! Entre 1996 et 1998, le nombre d'adoptions dans l'Illinois, par exemple, est
passé de 2.000 à 4.000 par an. Et entre 1999 et 2003, l'État fédéral a versé 20 millions de dollars par an aux États qui augmentaient le nombre d'adoptions. Des primes étaient également prévues pour les parents adoptifs (au moins 350$ par mois), pour les inciter à adopter.
Cela a marché, évidemment. On nous explique ainsi que dans l'Illinois, 8.180 enfants ont été adoptés entre 1985 et 1994, et ils ont été 4 fois et demi plus nombreux après la loi de 1997.
Mais étrangement, d'après une étude intitulée «
overview of adoption in the United States », on apprend que depuis 1992, «
le nombre total d'adoptions chaque année n'a pas été compilé de manière compréhensible ». On estime que cette année-là environ 127.000 adoptions ont eu lieu, que les enfants soient nés aux États Unis ou à l'étranger.