Relisons Canguilhem :
« Pourquoi dès lors ne pas rêver d'une chasse aux gènes hétérodoxes, d'une inquisition génétique ? Et, en attendant, pourquoi ne pas priver les géniteurs suspects de la liberté de semer à tout ventre ? Ces rêves, on le sait, ne sont pas seulement des rêves pour quelques biologistes, d'obédience philosophique, si l'on peut ainsi dire, fort différente. Mais en rêvant ces rêves, on entre dans un autre monde, limitrophe du meilleur des mondes d'Aldous Huxley. [...] À l'origine de ce rêve, il y a l'ambition généreuse d'épargner à des vivants innocents et impuissants la charge atroce de représenter les erreurs de la vie. À l'arrivée, on trouve la police des gènes, couverte par la science des généticiens. On n'en conclura pas cependant à l'obligation de respecter un « laisser-faire, laisser passer » génétique, mais seulement à l'obligation de rappeler à la conscience médicale que rêver de remèdes absolus, c'est souvent rêver de remèdes pires que le mal. » (273)Nous vivons ce délire d'une politique sanitaire qui conduit pas à pas à l'éradication, l'inquisition et l'asservissement, soit l'envers de la médecine.
1 — L'éradication de la maladie et l'éradication des malades
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