Enfant de la SociétéS


Propaganda

Propagande climatique : petit tour de presse du climathon

Cette semaine, un compétiteur a écrasé la concurrence d'une manière originale : plutôt que de tout miser sur une seule réalisation, le journal Le Monde s'arroge le titre de vainqueur de la semaine 23 grâce à son tir groupé de trois articles de propagande. Récompensé en quelque sorte pour l'ensemble de son œuvre, le Journalderéférence conforte sa réputation de Pravda climatique que la presse entière lui envie.

Tout d'abord, bien sûr, il y a cet article signé de Stéphane Foucart qui se jette avec gourmandise sur la récente publication d'une étude (Karl et al.) qui annonce avoir retrouvé le réchauffement climatique qui se cachait — le coquin — dans un traitement statistique qui ne demandait qu'à être revu. Titré « La 'pause' du réchauffement climatique était un mirage » , cet article du Monde se débarrasse enfin de ce qui restait encore parfois un frein à la propagande climatique (pour ne pas dire une plaie) : l'usage du conditionnel. En fait de climat, certes, ce mode n'était jamais qu'une manière pratique de se ménager une porte de sortie à chaque annonce fracassante. Toutefois, puisque même les plus délirantes d'entre elles sur le climat ne sont heureusement jamais corrigées après coup... Le conditionnel constituait donc un anachronisme, le vain résidu d'une tradition journalistique heureusement révolue où les annonces étaient traités avec un minimum de prudence. La COP est pour bientôt, il est important de bien formater les esprits de ne pas brouiller le message sur l'urgence.

Padlock

Liberté d'expression : 36 sites internet bloqués en France sans explication

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Bernard Cazeneuve a indiqué dimanche que 36 sites internet avaient déjà été bloqués sur ordre du ministère de l'intérieur, sans qu'aucune explication détaillée ne soit fournie, ni que l'accusation aboutissant à la censure ne soit vérifiée par un magistrat.

Au détour d'un communiqué de presse sur les arrestations opérées dimanche matin relatives à la tentative d'attentat déjouée de Villejuif, le ministère de l'intérieur a fait savoir que 36 sites internet avaient d'ores et déjà fait l'objet d'une mesure de blocage administratif, dans le cadre d'une stratégie globale de lutte contre le terrorisme mise en oeuvre par la France, qui "ne connaît aucune pause".

"Elle est permanente et renforcée chaque jour par les moyens supplémentaires que le Gouvernement mobilise. Tous les jours, nous procédons à des interpellations, nous empêchons des départs vers la Syrie et interceptons des individus de retour sur notre sol. Tous les jours, nous portons des coups au terrorisme", se félicite le ministre de Bernard Cazeneuve.

Eye 1

Implants RFID : la police numérique arrive et ses pouvoirs sont illimités

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Vivre avec une puce électronique sous la peau, c'est désormais possible et même recommandé. Les Implant parties fleurissent un peu partout en Europe et l'une est d'ores et déjà prévue à Paris le 13 juin, organisée par le collectif de biohackers suédois Bionyfiken. Au menu : conférences (en anglais) et pose d'implants NFC (garantie indolore). Festives et hi-tech, ces soirées vantent les mérites de cette dernière folie technologique : plus besoin de badge pour s'identifier, de carte bancaire pour payer ou de code pour déverrouiller son smartphone ou son ordinateur. La puce permet aussi le stockage de données personnelles directement lisibles sur un terminal de lecture. Selon ses promoteurs, il s'agit avant tout d'améliorer nos capacités d'êtres humains par la biotechnologie et d'optimiser notre rapport à l'environnement, en bref nous faciliter la vie et nous rendre plus efficaces. Il s'agit aussi de préparer l'opinion publique à ce qui sera demain la norme quand les pouvoirs publics rendront le puçage obligatoire.

Star of David

Une école maternelle de Jérusalem-Est met en scène l'exécution d'un Palestinien

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Une pièce controversée mise en scène à la maternelle de Jérusalem-Est a provoqué de vives réactions en Israël. Dans cette pièce, on voit un enfant vêtu comme un soldat israélien qui tue un garçon palestinien avec son fusil d'assaut.

Une maternelle palestinienne de Jérusalem-Est a relancé la polémique avec une pièce de théâtre mise en scène par son personnel. Un enfant jouant le rôle d'un soldat israélien s'adresse à un garçon palestinien, et après une conversation avec lui, il le tue. Dans la scène suivante, une foule d'enfants palestiniens se rassemble et commence à pleurer la victime, entretemps, un autre jeune acteur crie des slogans patriotiques palestiniens.

Les réactions en haut lieu ne se sont pas fait attendre. Le ministère israélien de l'Education a qualifié cet incident de «très sérieux» et promis d'ouvrir une enquête. Dans les réseaux sociaux, certains utilisateurs ont rapidement dénoncé la pièce comme provocatrice et antisémite. D'autres ont souligné que les enfants expriment ce qu'ils voient chaque jour, et pour certains, c'est la violence des soldats israéliens.

Arrow Up

Depuis la victoire de Hollande, le chômage a augmenté de 21%

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En avril, le nombre de demandeurs d'emploi a de nouveau augmenté de 0,7%, établissant un nouveau record. La France compte ainsi 614.000 chômeurs de plus qu'en mai 2012.

La statistique fait mal. D'autant plus à un président de la République qui a mis son bilan en matière d'emploi dans la balance en vue d'une éventuelle candidature à sa succession en 2017. Au mois d'avril, le nombre de demandeurs d'emploi de catégorie A a de nouveau augmenté de 0,7%. Ces 26.200 chômeurs supplémentaires contribuent malgré eux à établir un nouveau record, puisque la France en compte désormais 3,536 millions.

Pistol

Totalitarisme 2.0 : la police américaine tue deux personnes par jour

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La police américaine a tué en moyenne plus de deux personnes par jour cette année, un chiffre bien plus élevé que les statistiques fédérales, incomplètes, a révélé dimanche le Washington Post.

Selon le quotidien, qui a enquêté sur ces homicides à travers tout le pays, au moins 385 personnes ont été tuées par la police aux Etats-Unis depuis janvier.

Pas de rapport obligatoire

Le chiffre de deux tués par la police par jour est beaucoup plus élevé que celui publié par le gouvernement fédéral ces dix dernières années, qui repose uniquement sur des statistiques incomplètes du fait que la police locale n'est pas contrainte de faire un rapport après chaque homicide perpétré par les forces de l'ordre.

People

Le zoo humain

Les pressions de la vie moderne deviennent accablantes, le citadin harassé qualifie souvent le monde grouillant où il vit de jungle de béton. Expression pittoresque qui veut décrire le mode de vie dans un centre urbain à forte densité de population, mais ce n'en est pas moins une description grossièrement inexacte, comme pourrait le confirmer quiconque a étudié une vraie jungle.

Dans des conditions normales dans leur habitat naturel, les animaux sauvages ne se mutilent pas, ne se masturbent pas, n'attaquent pas leur progéniture, n'ont pas d'ulcère à l'estomac, ne de viennent pas fétichistes, ne souffrent pas d'obésité, ne forment pas de couples homosexuels et ne commettent pas de meurtres. Chez les humains citadins, inutile de dire que tout cela se produit. Cela trahit-il alors une différence fondamentale entre l'espèce humaine et les animaux ? Au premier abord, il le semblerait. Mais c'est là une illusion trompeuse. D'autres animaux ont en effet ce comportement dans certaines circonstances, et plus précisément lorsqu'ils sont victimes des conditions anormale qu'impose la captivité. L'animal de zoo en cage présente toutes ces anomalies que nous connaissons si bien pour les avoir observées sur nos congénères humains. Il est dès lors évident que la ville n'est pas une jungle de béton, mais un zoo humain.

Nuke

Risques toxiques : comment les cancers des ouvriers sont occultés par les industriels

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Souvent convoquée pour énoncer des vérités indiscutables, la science n'est pas neutre. Depuis 50 ans, elle participe même activement au développement incontrôlé des risques industriels : amiante, nucléaire, pesticides ou perturbateurs endocriniens. C'est ce que révèle le livre La science asservie. Santé publique : les collusions mortifères entre industriels et chercheurs, écrit par Annie Thébaud-Mony, directrice de recherche à l'Inserm et spécialiste des questions de santé au travail. Elle y défend aussi une autre conception du travail scientifique, ancré dans la réalité des ouvriers, premières victimes des risques industriels. « En 1984, un ouvrier avait quatre fois plus de risques de mourir d'un cancer qu'un cadre supérieur. En 2008, ce risque est dix fois plus élevé », explique-t-elle. Entretien.

Basta ! : Quand, lors de votre carrière scientifique, avez-vous été confrontée pour la première fois aux collusions entre industriels et chercheurs ?

Ce livre est issu de deux parcours de chercheurs, le mien bien sûr, mais aussi celui d'Henri Pézerat, décédé en 2009, qui fut directeur de recherche au CNRS dans le domaine de la toxico-chimie des minéraux. Il fut le premier chercheur à identifier les mécanismes de toxicité des fibres d'amiante et de bien d'autres poussières minérales. Dès les années 1980, nous étions convaincus l'un et l'autre, de la nécessité d'être à l'écoute d'une demande - implicite ou explicite - émanant de collectifs ouvriers aux prises avec les risques du travail, pour élaborer des recherches utiles à l'amélioration des conditions de travail. Nous ne savions pas alors à quel point la recherche en santé publique était dominée par les intérêts - lucratifs - des industriels et du patronat.

Arrow Down

Quand la télé-réalité « éduque » la populace

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© Inconnu La télé-réalité prétend enseigner aux populations les grands faits historiques « par imprégnation »
La téléréalité se veut aujourd'hui didactique. Elle pense - ou du moins fait-elle comme si - avoir une mission éducative envers les populations, et je ne parle pas là des pratiques du coït primal chez les Kevin et les Cindy face caméra. Non, la télé-réalité prétend enseigner aux populations les grands faits historiques « par imprégnation ». Un peu comme la prof de philo baba cool qui nous emmenait passer le cours au bistrot en face du lycée et écrivait dans le cahier de classe « Étude de milieu » (elle était prof principale).

On a ainsi appris hier qu'une chaîne de télévision belge venait de racheter les droits d'un « concept de télé-réalité australienne plaçant les candidats dans une position de réfugiés migrants ». L'émission porte un joli nom : « Go back to where you came from », c'est-à-dire « Retourne d'où tu viens », lancée au pays des kangourous en 2012. Un truc sympa où six candidats, migrant d'Australie vers le Kenya, la Somalie, l'Irak ou encore l'Afghanistan et peut-être la Libye, vivent « les mêmes déboires que les vrais réfugiés : traversée à bord de frêles embarcations, arrivée dans des camps de réfugiés sans argent, sans papiers ni téléphone. Les candidats vont à la rencontre des vrais réfugiés, partagent leur quotidien et affrontent les préjugés. L'exposition à des défis physiques et émotionnels semble être au cœur du concept. » Ah ben oui ! Avec 15 caméras pour les suivre, un staff médical et sans doute quelques agents des compagnies d'assurance auprès desquelles on n'aura pas manqué de les inscrire avant d'entreprendre cette grande aventure.

Eye 2

Big brother : dressage du peuple avec le soft power

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En 2013, le journaliste et écrivain Laurent Obertone s'est fait connaître du grand public avec un document choc, La France Orange mécanique, (éditions Ring), où il décrivait une France livrée à l'ensauvagement et à la pure violence. Dans la foulée, il signe aujourd'hui La France Big Brother, (éditions Ring), où il dissèque un système de domination des peuples via l'usage intensif du soft power. Deux livres qui ont suscité de nombreuses polémiques mais qui ont le mérite d'engager une réflexion de fond sur notre devenir. Dans l'entretien qu'il a accordé à Bruno Racouchot, directeur de Comes Communication, Laurent Obertone décortique la "machine à dresser les peuples". Il montre à partir de quel socle mental sont élaborés les messages, comment ils circulent et formatent les esprits, rendant toujours plus ardu le travail de la pensée et délicat l'exercice de la liberté.

Dans votre dernier ouvrage, La France Big Brother, vous montrez qu'il existe des interactions entre d'une part les jeux d'influence engagés par les opinion makers et relais d'opinion, et d'autre part des disciplines comme la génétique ou l'éthologie. Vous allez même jusqu'à parler de techniques de dressage via les outils du soft power, terme qui pour le moins est fort. Pourquoi ?