Le fait politique le plus frappant de cet été 2018 est le silence complet sur l'un des événements les plus importants de l'Histoire de l'Europe : en juillet 1918, l'armée française gagna la guerre. Puisque la propagande qui tient lieu d'information ne cesse de harceler l'esprit par des détails insignifiants et bientôt oubliés, il faut rappeler l'essentiel.

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Rivalités mimétiques
La Grande-Bretagne et l'Allemagne, longtemps alliées contre la France, devinrent progressivement concurrentes commerciales après que la Prusse eut fédéré autour d'elle les États allemands.
1. Pendant le dernier tiers du XIXe siècle, des entrepreneurs hardis développèrent l'industrie allemande, tandis que les maîtres britanniques de la banque choisirent d'étendre leur contrôle financier sur le monde, au moyen d'une monnaie forte mais au détriment de la puissance industrielle. Dès la fin du XIXe siècle, les productions des États-Unis et de l'Allemagne dépassèrent celles de la Grande-Bretagne. Aussi, par analogie avec les anciennes guerres dynastiques, des historiens imaginatifs ont-ils nommé
« Guerre de succession d'Angleterre » le conflit aux aspects multiples qui dura pendant trente années de 1914 à 1945. Réducteur, mais bien pensé.
À la fin du XIXe siècle et au début du XXe, le moteur à explosion commença à supplanter la machine à vapeur, et donc l'essence à remplacer le charbon. Au début du XXe siècle, l'État allemand entreprit de développer une marine de guerre, et des firmes allemandes commencèrent à construire le chemin de fer de Bagdad pour fournir l'Allemagne en pétrole du Proche Orient et lui ouvrir l'accès au Golfe Persique.
Les voies de communication vers l'Asie risquaient d'échapper au contrôle maritime britannique. Inquiets, les financiers de Londres et les politiciens à leur service voulurent contrecarrer ces développements, mais, n'ayant d'autre armée que des troupes coloniales insuffisantes pour affronter l'armée allemande, ils cherchèrent un allié sur le continent. Ils pensèrent, bien sûr, à la France, opposée à l'Allemagne par l'irréductible contentieux sur l'Alsace-Lorraine, hérité de Napoléon III - dernier exemplaire en date d'une longue série de crétins couronnés. Malgré des siècles de conflits entre la Grande-Bretagne et la France, cette alliance ne présentait pas de risque pour la Cité, car, depuis la suite de défaites de 1713, 1763 et 1815, dues aux politiques irréalistes de souverains chimériques, les possédants français, craignant plus le peuple qu'un pouvoir étranger, s'efforçaient d'imiter le régime politique anglais afin de maintenir leur domination sociale. Mandaté par les dirigeants britanniques, le roi Édouard VII, habitué de longue date à se procurer à Paris de la chair féminine, vint officiellement s'y fournir en chair masculine. En chair à canon.