La Science de l'Esprit
Ils achètent eux-mêmes toutes les marchandises qui les asservissent toujours un peu plus. Ils courent eux-mêmes derrière un travail toujours plus aliénant, que l'on consent généreusement à leur donner, s'ils sont suffisamment sages. Ils choisissent eux-mêmes les maîtres qu'ils devront servir.
Pour que cette tragédie mêlée d'absurdité ait pu se mettre en place, il a fallu tout d'abord ôter aux membres de cette classe toute conscience de son exploitation et de son aliénation. Voila bien l'étrange modernité de notre époque. Contrairement aux esclaves de l'Antiquité, aux serfs du Moyen-âge ou aux ouvriers des premières révolutions industrielles, nous sommes aujourd'hui devant une classe totalement asservie mais qui ne le sait pas ou plutôt qui ne veut pas le savoir. Ils ignorent par conséquent la révolte qui devrait être la seule réaction légitime des exploités. Ils acceptent sans discuter la vie pitoyable que l'on a construite pour eux.
Le totalitarisme est un phénomène de « masses ». Hannah Arendt définit celles-ci comme des groupes déstructurés, amorphes, et en cela prêts à toutes les transformations et à toutes les aventures. C'est le capitalisme qui a rendu possible la transformation du peuple en masse en détruisant les solidarités traditionnelles.
Il y a quelques semaines je vous parlais de l'un de mes livres préférés, les Notes de chevet de Sei Shônagon.
En ce dimanche, j'aimerais vous parler de romans, de nouvelles, de contes.
Car une étude publiée il y a quelques jours a mis en lumière les bienfaits de la lecture de fiction.
Qui serait un moyen simple d'aller mieux... et de vivre plus longtemps !
Les pouvoirs de la fiction
Publiée dans Reading and writing l'étude dévoile que la littérature de fiction serait, de loin, la plus efficace pour « muscler » votre cerveau.
Plus exactement, pour accroître vos capacités cognitives :
- avoir un vocabulaire plus étendu ;
- mais aussi une réflexion plus subtile, et complexe.
Ceux qui lisaient davantage d'ouvrages scientifiques ou philosophiques, en tous cas spécialisés, n'avaient pas d'aussi bons résultats !
Dans la Grèce antique, le stoïcisme faisait partie de la culture populaire — s'étendant d'une manière dont les écoles sophistiquées de Platon et d'Aristote ne pouvaient que rêver. Comme les épicuriens et les sceptiques, les stoïciens doivent beaucoup à Socrate — qui a toujours souligné que la philosophie devait être pratique, capable de changer nos priorités dans la vie.
Les stoïciens étaient très attachés à l'ataraxie (absence de perturbation) comme état idéal de notre esprit. Le sage ne peut pas être troublé, car la clé de la sagesse est de savoir ce dont il ne faut pas se soucier. Les stoïciens étaient donc socratiques — dans le sens où ils s'efforçaient d'offrir la paix de l'esprit à tout un chacun. Comme une version hellénistique du Tao. Le grand ascète Antisthène était un compagnon de Socrate — et un précurseur des stoïciens.
Elles se sont abreuvées de notre lâcheté.
Les âmes féroces ont eu faim. Très faim.
Elles se sont repues de notre hébétude.
Tous unis et égaux dans la pleutrerie.
La collectivisation (à peine) forcée de notre veulerie.
Un spectacle unique dans les annales de l'épopée occidentale : une (quasi) unanimité dans la reculade, la retraite et la soumission face à un ennemi à peine plus grand que le néant.
La peur du bourgeois cultivé devant le célèbre microbe se fondant dans celle des masses apeurées par la peur même : voilà le triste spectacle qu'il nous a été donné de voir, de contempler et de subir.
Un air de 40, avec ses ombres rasant les murs, ses délateurs dénonçant les faibles, les milices (sanitaires et morales) militant pour l'hystérie collective, les kapos capitulant devant la hiérarchie des hiérarques bureaucrates au service des Princes de Davos.
La police de la pensée et des bonnes mœurs aux ordres de la trouille.
La trouille comme métaphysique d'une humanité en quête d'effroi et de servitude.
Il s'agit d'une période de transition très intense puisque de l'homme crucifié elle permet de passer à celui qui sort de son tombeau et réapparaît dans le jardin avec un nouveau corps si différent du précédent qu'il fut pris pour un jardinier.
Désormais, une aristocratie de lecteurs mène le monde. Un Balzac en poche, Baudelaire, Shakespeare, Dante pour sept euros ! Mesurons-nous, à son juste prix, notre bonheur d'être en relation avec les plus grands esprits de tous les temps, chez soi, dans le train, dans un aéroport, dans le métro ? Un livre en poche ? Le bonheur !
Peu de phénomènes ont eu un impact profond au niveau mondial aussi rapidement que l'actuelle épidémie de Coronavirus. En un rien de temps, la vie humaine a été complètement réorganisée. J'ai demandé à Mattias Desmet, psychothérapeute et professeur de psychologie clinique à l'université de Gand, comment une telle chose est possible, quelles en sont les conséquences et à quoi nous pouvons nous attendre à l'avenir.

« Nous vivons dans un monde psychotique. Les fous sont au pouvoir. »
~ Philip K. Dick, L'homme dans le château fort
Mattias Desmet — Pour l'instant, il existe peu de chiffres qui montrent l'évolution d'indicateurs possibles comme la prise d'antidépresseurs et d'anxiolytiques ou le nombre de suicides. Mais il est surtout important de replacer le bien-être mental lié à la Coronacrise dans sa continuité historique. La santé mentale était en déclin depuis des décennies. Le nombre de dépressions et de problèmes d'anxiété ainsi que le nombre de suicides ont depuis longtemps régulièrement augmenté. Et ces dernières années, l'absentéisme dû à la souffrance psychologique et aux burnouts a connu une croissance énorme. L'année précédant l'épidémie de Coronavirus, on pouvait sentir ce malaise croître de manière exponentielle. Cela donnait l'impression que la société se dirigeait vers un point de basculement où une « réorganisation » psychologique du système social était impérative. C'est ce qui se passe avec la Coronacrise. Au début, nous avons remarqué que des personnes ayant peu de connaissances sur le virus évoquaient des peurs terribles, et une véritable réaction de panique sociale s'est manifestée. Cela se produit surtout si une forte peur sous-jacente existe déjà chez une personne ou au sein d'une population.
Les dimensions psychologiques de l'actuelle Coronacrise sont sérieusement sous-estimées. Une crise agit comme un traumatisme qui prive un individu de son sens de l'histoire. Le traumatisme est considéré comme un événement isolé en soi, alors qu'il fait partie d'un processus continu. Par exemple, nous négligeons facilement le fait qu'une partie importante de la population a été lors du confinement initial étrangement soulagée, se sentant libérée du stress et de l'anxiété. J'ai régulièrement entendu des gens dire : « Oui, ces mesures sont sévères, mais au moins je peux me détendre un peu ». Parce que le train-train de la vie quotidienne s'est arrêté, un calme s'est installé dans la société. Le confinement a souvent libéré les gens d'une ornière psychologique, ce qui a permis de créer un soutien inconscient pour le confinement. Si la population n'avait pas déjà été épuisée par sa vie, et surtout par son travail, elle n'aurait jamais soutenu le confinement. Du moins pas en tant que réponse à une pandémie qui n'est pas trop grave par rapport aux grandes pandémies du passé. Quelque chose de similaire s'est produit lorsque le premier confinement a pris fin. On a alors régulièrement entendu des déclarations telles que « Nous n'allons pas recommencer à vivre comme avant, être à nouveau coincés dans les embouteillages », etc. Les gens ne voulaient pas revenir à la vie normale d'avant la Coronacrise. Si nous ne tenons pas compte du mécontentement de la population vis-à-vis de son existence, nous ne comprendrons pas cette crise et nous ne pourrons pas la résoudre. D'ailleurs, j'ai maintenant l'impression que la nouvelle normalité est redevenue une ornière, et je ne serais pas surpris que la santé mentale commence vraiment à se détériorer dans un avenir proche. Peut-être surtout s'il s'avère que le vaccin n'apporte pas la solution magique que l'on attend de lui.
L'amour, miel et poison, l'amour philtre de feu,
Fait du souffle mêlé de l'homme et de la femme,
Des frissons de la chair et des rêves de l'âme »
a écrit Victor Hugo dans un poème intitulé Noces et Festins, extrait du recueil, Les chants du crépuscule... Hugo, dans ce texte, met en scène les festins des grands de ce monde, repas démesurés faits de plaisirs et d'excès.
Le mot "philtre", qui apparaît dans ce poème, évoque la puissance de l'amour, à travers une image, mais ce nom désigne, le plus souvent, un breuvage magique destiné à inspirer l'amour : l'étymologie même révèle bien le sens premier, "philtron" en grec est formé sur le verbe grec "philein, aimer", que l'on retrouve dans nombre de mots : philosophe, philanthrope, bibliophile, philharmonie...
Ce terme est, donc, forgé à partir du radical du verbe, auquel on a ajouté un suffixe -tron, à valeur d'instrument : le philtre est ce qui sert à susciter l'amour...
Lié à la magie, à la sorcellerie, le philtre nous entraîne dans un univers mystérieux, inquiétant, celui des contes où tout est possible, celui des légendes anciennes, comme celle de Tristan et Iseult...
Tristan et Iseut forment un couple mythique. Leur histoire illustre la force irrésistible de la passion amoureuse, force symbolisée par le philtre qui leur fait braver l'ordre social, le mariage. Ce récit relate les principaux moments de la passion irrésistible qui lie le chevalier Tristan et l'épouse de son oncle le roi Marc.
Des roches comme suspendues en apesanteur, posées les unes sur les autres. Ses créations éphémères racontent des histoires d'eau, de forêt, des habitants secrets des sous-bois, puis se défont aux rythmes du temps, des airs, des forces.
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