La Science de l'Esprit
Le temps semble nous filer entre les doigts. Plus on vieillit, plus les jours, les mois, les années paraissent s'accélérer. Pourtant, une nouvelle hypothèse avancée par des chercheurs espagnols de l'Université du Pays Basque à Bilbao et de Salamanque, en Espagne, suggère que l'accélération de l'expansion de l'Univers serait une illusion induite par le temps qui ralentit. En observant les supernovas, et en se basant sur la théorie des cordes, ces chercheurs ont conclu à une décélération graduelle du temps qui, dans quelques millions d'années, pourrait complètement s'arrêter, laissant l'Univers comme figé. Si cette théorie crée le buzz dans les journaux, la communauté scientifique demeure silencieuse à cette annonce. L'astrophysicien Morvan Salez reste dubitatif : « Pour moi, parler d'accélération ou de ralentissement du temps n'a pas de sens car le temps est une dimension, un espace. Ce n'est pas quelque chose en mouvement, avec une vitesse et un déplacement. On peut seulement mesurer les choses qui vivent dans cette dimension. »
C'est désormais chose faite : une équipe du Laboratoire sur le langage, le cerveau et la cognition (CNRS/Université Claude Bernard-Lyon 1) vient de révéler que l'activation du réseau neuronal « théorie de l'esprit » augmente lorsqu'un individu est confronté à des phrases ironiques. Publiés dans la revue Neuroimage, ces travaux représentent une avancée importante dans l'étude de la « théorie de l'esprit » et de la linguistique. Ils permettent de mieux comprendre les mécanismes en jeu lorsque des individus communiquent. Dans nos communications avec autrui, nous devons aller constamment au-delà de la signification des mots. Par exemple, à la question "avez-vous l'heure ?", on ne répond pas simplement "oui". La distance entre ce qui est dit et ce que cela veut dire est étudiée par une discipline de la linguistique qu'on appelle la pragmatique. Pour cette science, la « théorie de l'esprit » donne aux interlocuteurs la capacité à franchir ce pas. Pour parvenir à décrypter le sens et les intentions cachés derrière un discours, même le plus banal, la « théorie de l'esprit » se sert de divers éléments verbaux ou non verbaux : les mots employés, leur contexte, l'intonation, les expressions corporelles...
« Docteur, j'ai des trous de mémoire. Est-ce grave ? » «Ce n'est rien. Ce sont vos récepteurs du glutamate qui n'ont pas été réactivés à temps. » Il va falloir s'habituer à ce jargon en vogue chez les neurologues. Tout le monde connaît désormais l'action des « hormones du bonheur » : ocytocine, vasopressine, sérotonine, adrénaline, dopamine. L'étude de ces mécanismes de régulation est d'ailleurs devenue une discipline très en vue baptisée d'un nom plein de promesses : les « sciences affectives ».
En fait, on commence à peine à connaître la biochimie des états amoureux, le rôle majeur de l'amygdale dans le stockage des souvenirs émotionnels ou les effets désastreux et durables du stress post-traumatique. Les émotions ne sont donc plus seulement le piment de la vie qui nous font rougir, rire ou pleurer. Elles semblent interagir en permanence avec les processus cognitifs et donc influer sur notre vie quotidienne.
On ne va pas se mentir : les participants de l'étude pouvaient réduire drastiquement leurs mensonges quotidiens et cela permet effectivement de mieux se porter. L'étude a concerné 110 personnes durant 10 semaines (34 % d'adultes et le reste, des étudiants). Précisons que cette étude n'a pas été encore publiée.
La méditation en pleine conscience, qui joue un rôle primordial dans le bouddhisme, consiste à être centré sur l'instant présent, sans jugement, et en accueillant tout ce qui vient aussi bien de l'extérieur de soi que de l'intérieur. Cette attitude focalisée sur l'observation des sensations, de leur temporalité, leur durée, leur profondeur, permettrait ensuite d'apprendre à se détacher de toutes ces sensations, à "se nettoyer, se purifier".
L'étude publiée dans la revue Brain, Behavior & Immunity a été réalisée auprès de 40 personnes âgées de 55 à 85 ans. Elles ont participé à un programme de huit semaines appelé "Mindfulness-Based Stress Reduction" (réduction du stress basée sur la pleine conscience), qui a été mis en place par Jon Kabat-Zinn, de l'école de médecine de l'Université du Massachusetts.
Cette étude montre qu'après huit semaines de méditation en pleine conscience (à raison de deux heures et demi par semaine), les sujets se sentaient significativement moins seuls.
L'Université de Strathclyde, Glasgow, associée à l'Université de Cagliari ont étudié des enfants bilingues. Une partie d'entre eux pratiquait l'anglais et le gaélique, une autre partie pratiquait l'italien et le sarde et enfin une troisième partie n'était pas bilingue. Les enfants suivaient des cours en école primaire. Dans les deux cas de bilinguisme, on présente une langue normative et majoritaire (anglais ou italien) associée à une langue plus régionale. Le gaélique est une langue parlée en Écosse.
Le gaélique écossais était parlé par 200.000 personnes au début du XXe siècle et par environ 60.000 personnes au tout début du XXIe. Le sarde de son côté est une des langues locales de la Sardaigne, elle est de type roman et est proche du latin. La majorité des habitants de l'île sont bilingues.
La relation sociale globale durant l'enfance est définie par ce que disent les parents et les enseignants sur l'isolement ou pas de l'enfant, s'il est aimé, ainsi que sur la confiance en soi de ce dernier. Lorsqu'il est adolescent, on a mesuré aussi son esprit d'équipe et son tissu social. On a alors remarqué que tous ces paramètres avaient un grand impact sur le bien-être à l'âge adulte. L'étude a démontré également que le parcours académique n'a pas d'influence notable en la matière. La morale de l'histoire est qu'il faut bien suivre le développement personnel de l'enfant et pas seulement ses résultats scolaires.
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