Dire qu'un État ou un régime est meurtrier constitue une personnification commode d'une abstraction. Les régimes sont en réalité des personnes qui ont le pouvoir de commander une société entière. Ce sont ces personnes qui ont commis les nombreux méga-massacres de notre siècle, et leur identité ne doit pas être dissimulée sous l'abstraction de l'« État », du « régime », du « gouvernement » ou du « communiste ».En raison du titre du livre de Rummel, certains pourraient penser que cette citation est contradictoire, mais elle ne l'est pas. Les gens tuent ou permettent délibérément le meurtre ; ainsi, identifier les tueurs uniquement par le biais d'une abstraction identitaire revient à blâmer une arme à feu qui tire et tue toute seule au lieu de blâmer le véritable meurtrier qui a appuyé sur la gâchette. Par le biais d'une ruse psychologique, il s'agit en fait de dissimuler les responsables. Cette stratégie ne peut être efficace que lorsqu'elle est utilisée par la classe dirigeante comme propagande pour les imbéciles.
~ Rudolph Rummel (1994) Death by Government [La mort par le gouvernement - NdT]
Les gouvernements sont composés de personnes, et ces personnes appelées politiciens sont issues des rangs de la population générale, et elles sont le pire de l'humanité. Faut-il alors incriminer l'humanité tout entière ? Je n'irais pas aussi loin, et ceux qui sont au gouvernement sont des meurtriers, mais la complicité par la servitude volontaire de masse et le soutien envers l'État dans le meurtre des autres constitue un facteur majeur dans la persécution, le génocide et le démocide des innocents.
Note du traducteur : Le démocide est un concept proposé par le politologue Rudolph Rummel pour décrire « le meurtre intentionnel d'une personne désarmée ou non armée par des agents gouvernementaux agissant en leur qualité d'autorité et conformément à la politique gouvernementale ou au haut commandement. » Selon Rummel, cette définition couvre un large éventail de décès, y compris les victimes du travail forcé et des camps de concentration, les meurtres commis par des groupes privés non officiels, les exécutions sommaires extrajudiciaires et les décès massifs dus à des actes gouvernementaux d'omission et de négligence criminelles, comme dans le cas des famines délibérées, ainsi que les meurtres commis par des gouvernements de facto, c'est-à-dire les meurtres liés à la guerre civile.
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