Les petites fouines donneuses de leçon. Elles ont fait leur retour en force ces dernières années. C'est logique : elles font partie du paysage traditionnel américain, après tout. Bien qu'à notre époque, « théocratie totalitaire » soit une expression qu'on associe plus communément à l'Arabie saoudite ou à l'EI, elle peut s'appliquer à certaines des premières colonies qui s'établirent sur le territoire qui, au fil du temps, deviendrait les États-Unis. Et même si elles ont abandonné leur religion au fil des siècles, elles n'ont pas perdu leur penchant pour les postures moralisantes et l'autoritarisme coercitif. L'esprit des puritains de la Nouvelle-Angleterre n'est pas mort.
Les puritains : « Vous ne pouvez pas dire cela, c'est blasphématoire ! » Les SJW : « Tu peux pas dire ça, c'est offensant ! » C'est toujours le même refrain…
Dans les années 1630, les puritains s'installèrent dans la baie du Massachusetts. Contrairement au mythe populaire, ces individus n'étaient pas des champions de la liberté de culte. Certes, ils fuyaient une forme d'oppression en Angleterre, mais ce qui les intéressait n'était pas tant la liberté de culte et de conscience en tant que telle que leur propre liberté - et au diable leurs congénères.
En essence, les puritains voulaient être libérés de l'oppression afin d'exercer leur propre forme d'oppression contre le reste de humanité.Certes, les puritains ne furent pas les seuls à contribuer à la culture américaine contemporaine. Comme le rappelle Colin Woodard dans son ouvrage
American Nations, le Canada, les États-Unis et le nord du Mexique étaient principalement constitués de onze cultures aux racines distinctes auxquelles appartenaient les premiers colons. Dans chacune de ces régions bien définies, les mœurs de leur « pères fondateurs » respectifs perdurent encore aujourd'hui : on citera la culture espagnole mestizo (métisse) du nord du Mexique et des États du Sud (El Norte), les catholiques français féodalistes de la Nouvelle-France, les royalistes conservateurs et la néo-aristocratie de Virginie et des Carolines (Tidewater), les puritains utopistes de la Nouvelle-Angleterre (Yankeedom), les marchands corporatistes néerlandais de la Nouvelle-Amsterdam (future New York), la société esclavagiste barbadienne du Deep South (le Sud profond), les Quakers libertaires des Midlands, ou encore la culture guerrière et clanique des Appalaches, sans oublier les influences plus récentes (XIXe et XXe siècles) : la « Left coast » (Côte Ouest) influencée par la culture Yankee et constituée d'individualistes, d'activistes et d'entrepreneurs ; le « Far West » corporatiste et semi-indépendant ; et la « First nation » renaissante du nord du Canada, qui représente sans doute la culture la plus ancienne (et aujourd'hui la plus récente) d'Amérique du Nord. Toutes ces cultures ont beau avoir des frontières communes et les traverser parfois, elles sont nettement distinctes les une des autres. (Il faudrait aussi mentionner la culture polynésienne d'Hawaï et celle du sud de la Floride, teintée d'hispanisme caribéen).
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