L'État, c'est ainsi que s'appelle le plus froid des monstres froids et il ment froidement et le mensonge que voici sort de sa bouche: « Moi, l'État, je suis le peuple ! »... Là où le peuple existe encore, il ne comprend pas l'État et il le hait comme un mauvais œil et comme un pêché contre les coutumes et les droits... L'État, lui, ment dans tous les idiomes du bien et du mal ; et quoi qu'il dise, il ment et ce qu'il possède il l'a volé. Tout est faux en lui, il mord avec des dents volées, lui qui mord si volontiers. Fausses sont même ses entrailles... « Sur Terre il n'est rien de plus grand que moi : je suis le doigt qui crée l'ordre, le doigt de dieu », voilà ce que hurle ce monstre...

- Friedrich Nietzsche