Traduit par Dominique Muselet pour LGS

Al-Quds TV cameraman Khader al-Zahhar at the intensive care unit of al-Shifa hospital after he was seriously injured in an Israeli air strike on a media building.
© Anne Paq/ActiveStillsKhader Al-Zahhar, le cameraman de la chaîne Al-Quds TV au service de soins intensifs de l'hôpital Al-Shifa après qu'il ait été sérieusement blessé dans un raid aérien israélien sur un bâtiment médiatique.

« La roquette m'a frappé de plein fouet après avoir fait un trou dans le plafond » a dit Khader al-Zahhar, 20 ans, interviewé dans son lit de l'hôpital al-Shifa dans la ville de Gaza dimanche.

The Electronic Intifada et d'autres reporters ont interviewé Al-Zahhar, un cameraman de al-Quds TV, après que sa jambe droite ait été amputée à la suite d'une frappe israélienne sur le building de presse Shawa and Hussari dans le quartier de al-Rimal de la ville de Gaza, la nuit précédente.

Selon Al-Zahhar, juste avant la frappe "quelques collègues et moi-même, nous nous reposions après une longue journée de travail pour couvrir l'escalade israélienne. Il me semblait y avoir une petite accalmie et je voulais dormir un heure tout au plus."

Mais le calme était illusoire. Israël a intensifié ses attaques samedi soir portant le nombre des morts à plus de 60, sans compter les centaines de blessés supplémentaires.

En une seule frappe meurtrière, une bombe israélienne a détruit un bâtiment de deux étages, la maison de la famille Dallou, dans le district résidentiel de Gaza, en tuant onze personnes. Parmi les morts, il y avait cinq femmes, dont une de 80 ans et quatre petits enfants, rapporte Associated Press en citant un officiel de la santé de Gaza, Ashraf al-Kidra.

Les journalistes se reposaient quand le bâtiment a été frappé par un missile

On a appris que le cameraman al-Zahhar avait été ensuite transféré dans un hôpital égyptien pour y recevoir d'autres soins. Selon ses collègues, l'attaque a eu lieu vers 1H30 du matin.

« Nos bureaux se trouvent dans un appartement de quatre pièces au onzième étage de l'immeuble [Shawa and Hussari]. Au moment de la frappe aérienne mon collègue, Darwish Bulbul, et moi, étions couchés dans une des pièces » a expliqué Hussein al-Madhoun, 22 ans, un collègue de al-Zahhar, tout en montrant les dommages occasionnés par l'attaques.

Après l'attaque « nous avons entendu nos collègues appeler à l'aide et nous nous sommes précipités » a - t-il dit.

« Nous avons commencé à déblayer les gravats qui recouvraient Khader et mon autre collègue Muhammad Khrais pendant que tous les deux continuaient d'appeler à l'aide, mais une autre roquette est tombée et nous avons dû nous arrêter un moment, et ensuite nous avons pu sortir Khader et Muhammad qui était légèrement blessé » a ajouté al-Madhoun.

Smoke rises as an Israeli air strike hits a media center in Gaza, 18 November.
© Majdi Fathi/APA imagesDe la fumée s'élève après un raid aérien israélien qui a frappé un centre médiatique à Gaza, le 18 novembre
« Environ cinq à six roquettes ont frappé notre bâtiment » a dit al-Madhoun, « Je suis vraiment surpris de voir qu'ils attaquent les journalistes. Qu'est-ce qu'il veulent ? Ils veulent nous faire taire et nous empêcher de dire la vérité ? Il n'y arriveront pas, nous continueront notre travail sans faiblir et leurs frappes ne réussiront pas à nous effrayer » a affirmé al-Madhoun.

En plus de l'attaque des bureaux de al-Quds TV, les Israéliens ont attaqué le bureau du média iranien Press TV, et de Russia Today TV qui se trouvent eux aussi dans le bâtiment Shawa and Hussari, faisant en tout sept blessés.

Les avions israéliens ont aussi bombardé les bureaux de al-Aqsa TV au quinzième étage du bâtiment al-Shorouq.

Le sol était presque entièrement détruit et trois3 journalistes de Palestine Media Production, dont le bureau se trouve au quatorzième étage ont été blessés, selon un communiqué, ce jour, du Centre Palestinien pour les Droits HumainsOngoing Israeli Offensive on Gaza : Palestinian Civilian Deaths Rise to 27 »...).

Les journalistes ne reculeront pas

« Nous blesser ne nous fera pas renoncer à notre importante mission qui est de faire savoir au plus grand nombre ce qui se passe ici » a déclaré Samir Khalifa, un des correspondants à Gaza de la station de télévision de l'Autorité Palestinienne, Palestine TV.

« Les attaques israéliennes contre les journalistes montrent que, jusqu'ici, nous avons réussi à révéler les crimes israéliens contre la population civile de Gaza ; par conséquent il n'est pas question d'arrêter, » a dit Khalifa à l'hôpital al-Shifa, où il couvrait l'arrivée en masse des blessés à l'hôpital.

Un autre journaliste, Wisam Khadra, un producteur qui travaille pour une agence de presse russe et une télévision russe a exprimé la même détermination : « Je voudrais dire clairement que nous resterons sur le terrain pour relater et relater tout ce que nous voyons jusqu'à ce que toute la vérité soit communiquée au monde entier. »

L'attaque précédente contre les journalistes qui a eu lieu dimanche a suscité une large condamnation de la part des organes de presse dans toute la bande de Gaza. Le bureau des médias gouvernementaux basé à Gaza a fait une déclaration demandant qu'Israël rende des comptes pour cette dernière attaque et toutes celles qu'il prépare contre Gaza.

« Nous avons envoyé des lettres aux organes de presse qui s'intéressent à la question dans le monde entier de même qu'aux ministères de l'information des pays arabes et à l'union internationale des journalistes et au Comité de Protection des Journalistes de New York. Quoique fasse Israël pour étouffer la vérité, la vérité continuera d'être proclamée jusqu'à ce qu'Israël soit obligé de rendre des comptes devant les tribunaux internationaux, » a dit au téléphone Salam Marouf, le directeur général du bureau des médias gouvernementaux de Gaza à The Electronic Intifada, dimanche.

« Les journalistes sont des civils et ils sont protégés par le droit international dans les conflits armés" a dit Robert Mahoney, le directeur adjoint du Comité de Protection des Journalistes, dans une courte déclaration sur le site de l'organisation dimanche. "Israël le sait bien et doit arrêter immédiatement de cibler les bâtiments où sont installés des organes médiatiques et des journalistes. »

A propos de l'auteur :
Rami Almeghari est journaliste et chargé de cours à l'université. Il est basé dans la bande de Gaza.