Au 1er juin, on comptait près de 68 000 personnes incarcérées dans les prisons françaises.

Au 1er juin, il y avait 67 977 détenus en France pour 57 325 places de prison - un chiffre que Libération s'est procuré confirmé par l'administration pénitentiaire. Une hausse de 1,6% par rapport au 1er juin 2012 et un pic historique : la seule période où l'on ait connu pire, c'était l'immédiat après-guerre et ses condamnations pour collaboration. «Le taux de détention est de 103 pour 100 000 habitants, un record absolu», confirme le démographe des prisons Pierre-Victor Tournier, chercheur au CNRS.

Ereintés, angoissés par la recrudescence des agressions, les surveillants de l'Ufap, syndicat majoritaire, ont appelé à la grève ce mardi. Un an après son arrivée au pouvoir, le gouvernement Ayrault n'a toujours pas légiféré, malgré l'urgence. Marie Crétenot, militante à l'Observatoire international des prisons, résume durement : «On n'a jamais tant parlé de la fin du "tout carcéral" et les prisons n'ont jamais été si pleines : merci la gauche !»

Si cette augmentation du nombre de détenus est une conséquence de politiques votées sous Sarkozy (notamment les peines planchers), les tergiversations de l'actuel gouvernement n'arrangent pas les choses. La Conférence de consensus sur la prévention de la récidive, organisée par la garde des Sceaux, Christiane Taubira, en février, prônait des mesures novatrices pour ne faire de la prison qu'un dernier recours: libération conditionnelle automatique, déjudiciarisation de certains délits, peine de probation alternative à la prison... Sans cesse repoussée, la loi sur la politique pénale promise par François Hollande - qui devrait abolir les peines planchers et transcrire dans la loi les conclusions de la conférence - n'a toujours pas de contours clairs. Et les collectifs craignent que dans le texte final, les ambitions affichées soient drastiquement revues à la baisse.