Une épaisse chape de pollution recouvrait lundi 21 octobre une métropole du nord-est de la Chine célèbre pour son festival de glace, y abaissant la visibilité à 10 mètres selon des médias -- un nouveau phénomène qui reflète l'ampleur des défis environnementaux du pays.

Un brouillard de couleur brun foncé s'est abattu sur les rues de Harbin, réduisant à des silhouettes indistinctes bâtiments, circulation automobile et feux de signalisation, selon des images diffusées par la télévision d'Etat CCTV.

En témoigne ces deux images d'un gratte-ciel prises à 10 jours d'intervalle :
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Une concentration en particules fines 40 fois supérieures au seuil recommandé

Des automobilistes ayant brûlé des feux rouges parce qu'ils ne pouvaient pas distinguer clairement la couleur du feu "ne seront pas sanctionnés", a indiqué un cadre local chargé de la circulation, Xue Yuqing, cité par l'agence Chine nouvelle.

Selon les données de stations de contrôle de l'air au centre de Harbin, les concentrations en particules fines, les PM2,5 -- jugées particulièrement nocives pour la santé --, ont atteint 900 microgrammes par m3, presque 40 fois le seuil recommandé par l'Organisation mondiale de la santé (OMS).

L'indice de pollution fourni était de 500 -- ce qui constitue théoriquement le niveau maximal mesuré par l'échelle chinoise-- , mais a été décrit comme "hors échelle".

Des collisions entre véhicules

Les écoles primaires ont annulé leurs classes, les autocars longue distance ont interrompu leur service et les autoroutes ont été fermées, même si des collisions entre plusieurs véhicules y étaient encore recensées, selon les médias. Le brouillard sur Harbin intervient alors que la ville vient de redémarrer son système public de chauffage à l'approche de la période hivernale, particulièrement rude dans la région, a précisé le quotidien Beijing Times.

Les niveaux de pollution de l'air des principales villes chinoises ont atteint des records ces dernières années, en raison essentiellement des émissions des centrales à charbon. Un épais brouillard extrêmement chargé en particules nocives avait enveloppé Pékin, ainsi que le nord et l'est de la Chine, en janvier dernier, suscitant la colère des citadins et provoquant un afflux dans les hôpitaux de patients en détresse respiratoire ainsi qu'une ruée sur les masques filtrants.

Le gouvernement avait annoncé en juin qu'il rendrait désormais les cadres locaux responsables de l'amélioration de la qualité de l'air dans leurs villes. La pollution de l'air a contribué au décès prématuré de 1,2 million de personnes en Chine sur la seule année 2010, avait estimé l'organisation Health Effects Institute, dans une étude parue en mars dernier.