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Carte de l'Europe centrale et du Nord Ouest. Les points indiquent la localisation des sites archéologiques; les couleurs définissent les sous-régions utilisées pour estimer les tendances démographiques.
Selon une étude publiée dans la revue Nature Communications, l'introduction de l'agriculture en Europe a été suivie par des effondrements régionaux de la population en dépit des tendances de la croissance démographique.

Sean Downey, professeur assistant au Département d'anthropologie de l'Université du Maryland, est le co-auteur de l'étude.

L'étude suggère que ces fortes baisses de populations n'ont pas été engendrées par des changements des conditions climatiques, et par conséquent, les auteurs ont proposé des causes internes.

Leur recherche représente une révision majeure de notre compréhension sur la façon dont l'introduction de la technologie agricole a affecté les hommes.

Un boom de la population

L'agriculture a été introduite dans la région Egéenne (en Turquie moderne), il y a environ 8500 ans et s'est propagée uniformément à travers l'Europe, atteignant la France, il y a environ 7800 ans, et la Grande-Bretagne, l'Irlande et l'Europe du Nord il y a environ 6000 ans.

Dans tous les cas, l'introduction de l'agriculture signifiait un changement radical de la production alimentaire et des habitudes de consommation, ce qui a conduit à un boom de la population.

En utilisant la datation au radiocarbone, et une nouvelle méthode innovante pour améliorer l'exactitude de ces données, les auteurs de l'étude ont examiné la façon dont les niveaux de population ont changé au fil du temps à travers l'Europe au cours de la fin du Mésolithique et du Néolithique.

Une baisse de 30 à 60%

L'équipe de recherche a découvert que, dans l'ensemble des 12 régions européennes étudiées, du sud de la France à l'Ecosse et au Danemark, des fluctuations importantes de population pouvaient être observées.
En fait, ils ont noté que dans certains cas, le déclin a atteint 30% à 60% de la population après l'introduction de l'agriculture.
Ces changements importants dans la population sont d'ampleur similaire à la baisse estimée lors de la fameuse Peste Noire !

Les auteurs ont constaté que ces fluctuations ne pouvaient pas être associées à des facteurs climatiques, cependant les raisons exactes de cette baisse de population restent inconnue. «Il est frappant de constater que le développement de l'agriculture - l'une des principales étapes de l'évolution de l'humanité - n'a pu éviter l'effondrement social généralisé durant cette période de croissance rapide de la population en Europe», explique Downey, "à ce stade de la recherche, nous ne pouvons que spéculer sur les causes directes, mais l'étude démontre que les sociétés basées sur l'agriculture dans le passé étaient vulnérables à un effondrement de la population sur une grande échelle."

Downey poursuit en expliquant la découverte de cette étude: "il n'y avait aucune corrélation entre l'effondrement des populations régionales et les changements climatiques connus. Ce n'était pas le climat, nous pensons donc qu'il y a du avoir un impact à long terme des nouvelles technologies agricoles sur l'environnement local, dans la réduction des ressources. Le stress que cela causé chez les agriculteurs a probablement été exacerbé par d'autres conséquences bien connues de la vie dans les populations à forte densité: augmentation de l'incidence des conflits sociaux et de la maladie".

Le document est disponible gratuitement via le site Nature: Source: