Traduit par Anne Wolf
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La maire de Madrid, Ana Botella, présente une ordonnance de "convivialité" qui sanctionne et poursuit avec une cruauté spéciale les personnes qui se retrouvent obligées de vivre dans la rue, de mendier ou laver des pare-brise pour survivre.


Ana Botella a décidé de criminaliser la pauvreté qui stigmatise les rues de Madrid par le moyen d'une ordonnance de "convivialité" citoyenne qui est un exercice de sadisme institutionnel contre des milliers de personnes qui ne possèdent absolument rien.

Plutôt que de chercher des solutions à la vertigineuse augmentation de l'exclusion sociale et de la pauvreté, le projet d'ordonnance présenté par la Mairie de Madrid opte pour criminaliser et punir les personnes qui se sont vues jetées à la rue par un système radicalement injuste. Ainsi la nouvelle ordonnance municipale prévoit des sanctions de 750 euros pour mendier à la porte des centres commerciaux, bureaux, collèges et hôpitaux. 750 euros, c'est aussi le montant de l'amende prévue pour les personnes qui offre des foulards aux feux rouge pour s'assurer un repas ou qui se voient obligées de dormir sur un banc. 1 500 euros de sanctions (le double du salaire minimum) sera le montant qui affectera les personnes qui nettoient les pare-brise aux feux rouges et carrefours en échange d'un peu de monnaie. Cuisiner dans la rue - une chose toujours plus fréquente, vu que des familles entières sont sans abri, et usent de petits réchauds pour chauffer leurs aliments - sera également sanctionné de 750 euros d'amende.

L'acharnement de la corporation présidée par Ana Botella contre les personnes exclues des politiques économiques et sociales qu'incarnent cette dame et son parti est notoire. Dans un sinistre ricochet, la municipalité commence par expulser les personnes de leurs logements, comme c'est le cas des expulsions de l'Entreprise Municipale du Logement et ensuite elle inflige des amendes aux familles qui se retrouvent à la rue après avoir brisé leurs vies.

La norme ne sanctionne pas que la pauvreté. D'autres réalités du paysage madrilène se verront affectées. Madrid s'ajoute à la persécution généralisée que pratiquent les gouvernements municipaux du PP contre les skaters interdisant l'usage des planches à roulettes sur la voie publique au point de les avoir éliminés de la rue dans presque toutes les localités régies par le PP, l'esthétiques de ces jeunes et leurs goûts de rappeurs ne sont pas bien vu par la droite.

La municipalité madrilène infligera également une amende à toute personne qui donnera à manger à un animal sur la voie publique, criminalisant ainsi une des images les plus typiques et précieuse de la ville ; des anciens et des enfants alimentant avec des mies de pain les pigeons et les moineaux dans les parcs de Madrid.

Tout cela dans un pays dans lequel selon 'institut national des statistiques, 1 personne sur 5 se trouve en situation de pauvreté, 2,2 millions d'enfants ne mangent pas à leur faim et 29,9% des foyers ont des hypothèques impayées et sont menacés d'expulsion.