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Cette jeune mère de famille attend de monter dans un avion qui l'amènera loin de Tacloban avec son bébé, âgé de deux semaines. Photo : AFP/NOEL CELIS
La colère commence à se faire sentir dans la région de Tacloban, aux Philippines, où le typhon Haiyan a fait d'importants ravages, vendredi dernier, alors que des milliers de personnes se sont rassemblées à l'aéroport de la ville dans le but désespéré d'obtenir une place sur l'un des rares avions qui quitte la zone.

Depuis quelques jours, des pillages ont été signalés, le dernier en date, mercredi, ayant fait huit morts dans un entrepôt de riz à Alangalang, une petite localité située à un peu plus de 15 km à l'ouest de Tacloban. Un mur se serait effondré sur la foule.

Cet entrepôt contenait plus de 100 000 sacs de 50 kilos de riz chacun, selon l'Autorité nationale de l'alimentation. Il est maintenant vide, et ce, malgré la tentative d'interposition des policiers et des soldats, qui ont été totalement dépassés par les événements.

Un autre événement a créé un émoi, mercredi, lorsqu'un camion transportant des dépouilles devant être inhumées a dû rebrousser chemin après que des coups de feu eurent été tirés. L'enterrement collectif qui devait avoir lieu a été reporté.

Voilà maintenant cinq jours que le typhon de catégorie 5 Haiyan a touché terre dans cette région des Philippines avec des vents atteignant 380 km/h, dévastant tout sur son passage. Ceux qui ont eu la chance de survivre ont rapidement déchanté. Plusieurs ont perdu tout espoir et ne pensent plus qu'à une chose : quitter cet enfer.

Épuisés, traumatisés et affamés, certains ont provoqué une bousculade, mercredi matin, à l'aéroport de la ville, suppliant les représentants de l'État de les laisser embarquer dans un des avions militaires qui apportent aide humanitaire et équipement aux populations sinistrées.

Et la panique des sinistrés ne fait qu'ajouter au problème.

Une petite fille de sept ans, qui s'était rendue à l'aéroport avec sa famille, s'est évanouie, écrasée par la foule. Sa famille attend son tour depuis trois jours. « Nous allons peut-être mourir de faim », craint sa mère, Angeline.

C'est que les vols, militaires uniquement, sont très peu nombreux à atterrir et à décoller de Tacloban. Les transbordeurs, eux, sont surchargés.

Quant à l'aide internationale, elle parvient encore au compte-goutte dans la région, notamment parce que les infrastructures routières et aéroportuaires ont été lourdement endommagées, voire détruites.

Les appels aux dons se multiplient néanmoins. Mardi, l'ONU a demandé aux pays membres de lui verser de toute urgence 300 millions de dollars.

Plutôt cette semaine, les Nations unies avaient évoqué la mort de 10 000 personnes dans la seule ville de Tacloban. Mardi, le président philippin, Benigno Aquino, a plutôt estimé que le bilan se chiffrerait autour de « 2000 à 2500 » morts. Et mercredi, le Conseil national de réduction des risques et de gestion des catastrophes a établi son bilan à 2275 morts, 3655 blessés et 80 disparus.

Le nombre de déplacés, lui, serait de 670 000, selon l'ONU.

Natasha Reyes, coordinatrice d'urgence pour Médecins sans frontières, juge le niveau de dévastation sans précédent pour l'archipel philippin, pourtant balayé régulièrement par les typhons. « Il y a des centaines d'autres villes et villages s'étendant sur des milliers de kilomètres qui étaient sur le passage du typhon, avec lesquels toutes les communications sont coupées », dit-elle.

Le gouvernement local est paralysé depuis la tempête, selon le ministre de l'Intérieur Manuel Roxas. Les responsables sont morts, portés disparus ou trop choqués pour pouvoir travailler.

Le coût financier des destructions est encore difficile à établir. Selon les premières estimations, il varierait de 8 à 19 milliards de dollars.