Ce n'est pas un nouveau paradigme mais une curiosité géopolitique que Jacques Foccart, l'éminence grise de la Françafrique à l'Élysée est en train de concocter en République Centrafricaine.

Pour la deuxième fois en une année, la France intervient dans un pays de sa zone d'influence exclusive africaine sans aucun motif valable. Encore moins cette fois-ci à Bangui où Paris a renversé l'ex-Président Bozizé en soutenant la rébellion du SELEKA sans se concerter avec Sassou N'guesso et Déby pour que maintenant il faille encore intervenir pour mettre fin à un prétendu chaos sur fond de menace islamiste avec une possible ingérence du groupe Nigérian Boko Haram...Bon la consommation de stupéfiants lors de réunions consacrées à la sécurité régionale peut aboutir à ce genre de situations!

Exit les pontes de la FranceAfrique que sont le Congolais Denis Sassou N'guessou, l'Ivoirien Ouattara et le Tchadien Idriss Déby. Exit toute menace islamiste ou encore un chaos dont tout le monde s'en accommode fort bien lorsqu'il sert les intérêts des multinationales. L'intervention de la France en Centrafrique résulte d'une hantise de l'influence chinoise se décaler de la Corne de l'Afrique vers l'Afrique Occidentale après que les intérêts chinois ont été mis à mal par les États-Unis en obtenant la scission du Soudan et la perte d'une partie importante de ses gisements énergétiques ainsi que l'OPA israélienne sur des pays comme le Kenya.

Si l'intervention flagrante de Paris au Mali se justifiait par sa volonté de remodeler sa zone d'influence en sécurisant les gisements d'uranium du Niger voisin d'un intérêt croissant de la part de la Chine d'un côté et en dissuadant Alger d'y empiéter après la disparition de la Libye et le cauchemar de son influence en Afrique subsaharienne durant des années, celle qui se déroule en Centrafrique relève moins d'une politique cohérente que d'un alignement sur les objectifs US en matière de géostratégie africaine et dont l'objectif numéro un est d'y chasser la Chine là où il est encore possible de le faire. On relèvera l'ambigüité, voire le flou qui entoure la politique africaine de la France depuis 2010.

Ce qui est dur dans ce genre d'interventions, c'est qu'il faille inventer de toutes pièces un ennemi à combattre sur place. Or si en Côté d'Ivoire, c'était Gbagbo et au Mali, l'épouvantail d'une narco-Qaïda, contre qui la France va se battre à Bangui? Les rebelles qu'elle a crée elle même...Cocasse cette histoire!