Lors d'une conférence récemment organisée à Copenhague, Bernard-Henri Lévy a taclé les centaines de milliers de Danois qui protestent contre l'entrée de Goldman Sachs dans le capital d'une entreprise publique.

Le sujet dont on parle le plus ces jours-ci, à Copenhague, c'est, hélas, l'affaire Goldman Sachs - c'est-à-dire l'entrée de la célèbre banque d'affaires américaine au capital de Dong Energy, la grande compagnie d'État danoise fournisseuse d'énergie.

On a beau dire et répéter qu'il s'agit d'une prise de participation minoritaire. On a beau rappeler, et rappeler encore, que Goldman Sachs était le mieux-disant en termes de savoir-faire autant que d'investissement.

Rien n'y fait. C'est comme si le diable en personne était entré dans le royaume. C'est comme si l'on voyait soudain poindre le visage même de l'Antéchrist. Et rien ne semble devoir arrêter le déferlement d'antiaméricanisme dans un pays qui passe pour vacciné contre cette passion rouge-brune. Autre signe des temps ? On se croirait en France - c'est tout dire.

Ces propos sont extraits de la tribune de Bernard-Henri Lévy parue jeudi dans l'hebdomadaire Le Point et relayée vendredi par le Huffington Post américain.



La défense inattendue d'une banque d'affaires américaine -réputée pour sa cupidité et pour son rôle dans la crise financière de 2008- par le philosophe germanopratin s'est manifestée, pour la première fois, jeudi 6 février à Copenhague. Invité par l'Institut français du Danemark et la prestigieuse Bibliothèque Royale, Bernard-Henri Lévy -également honoré lors de sa visite par François Zimeray, ambassadeur de France, ancien proche de Laurent Fabius et défenseur zélé de l'image d'Israël- a tenu, devant 400 personnes, bon nombre de propos singuliers.

Si le débat a d'abord porté sur l'affaire Dieudonné, donnant l'occasion à BHL d'affirmer que tout juif "portant kippa" serait nécessairement "tabassé dans certains quartiers" de France (à 19' de la vidéo ci-dessous), l'échange s'est prolongé sur ce qui était alors au coeur de l'actualité locale: le vent de révolte des Danois à l'encontre de Goldman Sachs, nouvelle venue dans le capital d'une entreprise publique. À la 48ème minute de la conférence, BHL fait connaître son dépit et son incompréhension envers ce soulèvement populaire (1 Danois sur 30 a signé une pétition) contre la puissante banque américaine. Après avoir fustigé la croyance selon laquelle il existerait un "impérialisme" américain, l'essayiste français, acteur majeur de l'axe Washington-Tel Aviv, a déploré que l'on fasse de la banque un "bouc émissaire de la crise", le "cheval de Troie de l'Amérique" ou une "incarnation du mal". Dans la polémique vivace au sein de la population danoise, il dit avoir reconnu le thème de "l'impureté de l'argent".


Coïncidence significative. Goldman Sachs a été récemment accusée d'agissements abusifs et malhonnêtes par le gouvernement d'un pays précisément bouleversé par l'activisme politico-médiatique de BHL: la Libye. Un journaliste audiovisuel ayant l'opportunité d'interviewer prochainement le philosophe ne devrait pas manquer, soyons-en assurés, de l'interroger sur ses relations troubles avec le symbole par excellence SaveFrom.net de la prédation financière américaine.