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Les animaux pensent-ils ? est un documentaire ( voir en bas de page ) qui s'intéresse aux avancées en matière d'évolution, d'éthologie, d'anthropologie et de sciences cognitives remettant en question la définition du propre de l'homme, c'est-à-dire le langage, la culture, la conscience et l'empathie, qui existent aussi chez les animaux. Des chercheurs ont mis en place une série de tests pour évaluer les capacités cognitives de différents animaux.

Nous avons longtemps cru que les animaux n'agissaient que par instinct, mais des chercheurs ont conçu une batterie de tests étonnants qui tendent à prouver qu'ils sont tout à fait capables de réfléchir et semblent même nous surpasser dans de nombreux domaines. Que sait-on vraiment sur la façon dont les animaux perçoivent le monde et ses transformations au cours des siècles ? Cette frontière entre humains et non humains, qui domine la culture occidentale, est-elle universelle ?

Ils sont zoologue, ethnologue, psychologue, biologiste ou cogniticien et se passionnent pour le comportement des bêtes. Ces chercheurs ont évalué les capacités cognitives d'un cacatoès, d'un chimpanzé, d'un pigeon, d'un chien, d'un orang-outan, d'un nestor kéa et d'un corbeau. Un cacatoès saura-t-il ouvrir cinq verrous différents ? Un chimpanzé reconstituera-t-il une suite de quinze nombres ? Un pigeon parviendra-t-il à entraîner sa mémoire visuelle ? Un chien réagira-t-il à une phrase ? Un orang-outan récupérera-t-il une cacahuète dans un tube en verre ? Un corbeau se rappellera-t-il le cri d'un congénère côtoyé des années plus tôt ?

L'opinion exprimée jadis par Descartes, "Je sais bien que les bêtes font beaucoup de choses mieux que nous, mais je ne m'en étonne pas, car cela sert même à prouver qu'elles agissent naturellement et par ressorts, ainsi qu'une horloge, laquelle montre bien mieux l'heure qu'il est que notre jugement ne nous l'enseigne", aurait pu sceller pour toujours le sort des animaux en les plaçant dans la catégorie des automates à laquelle le grand philosophe les a destiné.
Il faut cependant rappeler qu'une telle préoccupation visait moins à exclure les animaux du domaine de la pensée humaine que de proposer une dissociation entre, d'une part, ce qui relève du fonctionnement automatique et de l'activité réflexe par le corps et, d'autre part, ce qui est sous le contrôle de la pensée et de la conscience par l'esprit.

Le perroquet Micky est en mesure de résoudre un casse-tête. Il doit comprendre comment ouvrir un quintuple système de verrous pour atteindre la friandise cachée dans une boîte, mais il ne se contente pas de sa mémoire pour atteindre son but, puisque lorsque certains verrous sont retirés, il ne reproduit pas son comportement à l'identique pour arriver à ses fins. Il serait donc capable de faire le lien entre les différentes étapes lui permettant d'y parvenir.
Les corbeaux ne montrent pas d'hésitation non plus lorsqu'il s'agit de résoudre des problèmes complexes, y compris en utilisant un outil lorsque leur bec ne suffit pas.
Le pigeon et le Nestor Kéa savent classer des objets par catégorie. Les oiseaux peuvent s'adapter aux circonstances pour résoudre un problème, même s'ils sont confrontés à des changements de configuration répétés. Les enfants, jusqu'à un an et demi, ont besoin de suivre le regard de l'humain pour comprendre ce qu'il doivent faire, comme les chiens d'ailleurs.
La pie peut retirer une pastille de couleur collée sur ses plumes si elle la voit dans un miroir. Cela démontre qu'elle reconnaît sa propre image dans un miroir. On sait à présent que les animaux ont conscience de savoir ce qu'ils savent, mais peuvent aussi déduire ce que pensent leurs congénères.

Deux chimpanzés du centre de primatologie de Kyoto, Ay et Ayumu, sont capables d'identifier des symboles abstraits et de les remettre dans l'ordre. Leur rapidité est stupéfiante, car Ayumu peut retenir quinze nombres et, en quinze centièmes de secondes, les replacer dans l'ordre alors même qu'ils sont disposés différemment à chaque fois. Un humain met vingt centièmes de secondes à en replacer cinq dans l'ordre, le singe en met seulement cinq.
Josep Call, ethologue de Leipsig, a mis en place une expérience avec une cacahuète placée au fond d'un tube. L'orang-outan, nommé Daguna, disposant de nourriture et d'eau, doit trouver comment récupérer la cacahuète. Elle imagine une stratégie pour l'extraire du tube qui en pensant à remplir le tube d'eau pour la faire remonter et l'extraire. Des enfants de 4 à 10 ans mettraient largement plus de temps pour parvenir au même résultat. Les animaux sont donc plus attentifs à l'analyse du problème et des paramètres de l'environnement avant d'agir. Daguna est aussi capable d'anticiper l'usage d'un outil en le conservant, ce qui démontre qu'elle va au-delà de la simple résolution du problème auquel elle a été confrontée une première fois.

Déjà dans les années 1960, Jane Goodall démontrait que les chimpanzés pouvaient utiliser un outil, révolutionnant l'idée que seuls les hommes en étaient capables. Toutes espèces confondues, le règne animal prouve qu'il dispose de trésors d'inventivité, que l'apprentissage existe et que sa curiosité peut l'amener à progresser en reproduisant des gestes. La distance vis-à-vis de l'homme s'amenuise, car les enfants humains avancent parfois moins vite que les chimpanzés dans la résolution d'un problème.
La pensée animale est proche de la pensée humaine pour certaines capacités liées à la représentation, à l'abstraction et même au raisonnement, mais il n'en est pas de même pour des processus cognitifs plus élaborés comme le langage. "Nous ne sommes pas les rois de la création, conclut le professeur Gerhard Roth, de l'Université de Brême en Allemagne. Même si nous pouvons affirmer que nous sommes les plus intelligents, il n'est pas certain que nous soyons pour autant les plus sensés."
La liste est longue des performances animales dont l'homme croyait avoir l'apanage exclusif...