Le témoignage du douanier à l'origine de l'interpellation de Mehdi Nemmouche contient un détail troublant.

Mercredi 4 juin, BFM TV annoncait avoir obtenu "en exclusivité" le témoignage d'un personnage-clé dans l'affaire de la tuerie survenue au Musée juif de Bruxelles: le douanier de Marseille qui a interpellé -vendredi 30 mai- l'homme suspecté d'avoir perpétré ces meurtres. C'est ainsi que la chaîne tout-info diffusa la brève séquence en question: 1 minute chrono au cours de laquelle ce douanier raconte, visage hors-caméra, ce qui se serait passé au terme du voyage effectué par le bus Amsterdam-Bruxelles-Marseille.


En réalité, cette "exclusivité" n'en était pas une : le même jour, le site du quotidien marseillais La Provence publiait un article accompagné du témoignage vidéo du douanier (dont des extraits seront retranscrits le lendemain dans un nouveau papier).

D'une durée approximative de 14 mn, cette longue vidéo a été nettement moins visionnée (au vu du nombre de clics sur Dailymotion) que la séquence courte réalisée par BFM TV.

Cliquez ici pour découvrir la vidéo de La Provence

C'est fort dommage car un élément troublant émerge de ce témoignage. À la fin du monologue, face caméra et voix floutée, le douanier insiste (à 12'17) pour exprimer une "précision qui a sa petite importance": l'énumération des affaires retrouvées dans le sac de Mehdi Nemmouche dont la "panoplie" est tacitement censée incriminer le suspect. Parmi les objets signalés, il évoque notamment "une veste bleu ciel avec un appareil numérique fixé, visiblement collé en amateur, sur la partie gauche".

La caméra en question est la GoPro censée avoir été utilisée par le tueur de Bruxelles.

Problème: selon la presse belge du 26 mai (La Dernière Heure & Sud Info) ainsi que le Procureur de la République de Paris (lors de sa conférence de presse du 1er juin), la GoPro était fixée sur la bandoulière du sac porté par le tueur - et non "collée" directement sur sa veste.

Les images de surveillance attestent d'ailleurs de son emplacement.
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Question: comment cette caméra, utilisée initialement en mode portatif sur le sac, se retrouve-t-elle "collée en amateur" sur la veste?

De deux choses l'une:

* Soit le témoignage du douanier constitue une affabulation qui ne s'appuie sur aucun fait matériel (il ne peut confondre une caméra fixée sur une bandoulière avec une caméra "collée" contre une veste).

* Soit il a réellement trouvé une telle veste, munie d'une caméra ainsi "collée en amateur", auquel cas celui qui a inséré cet équipement dans le sac de Nemmouche (qu'il s'agisse d'un complice, de Nemmouche lui-même ou d'un tiers auquel il aurait "volé" le sac) croyait imiter, à tort, la combinaison du tueur de Bruxelles.

Le détail a son importance.

De nombreux citoyens, ainsi que des experts du terrorisme, ont fait connaître -notamment sur les réseaux sociaux- leur stupéfaction en découvrant les circonstances rocambolesques de l'arrestation de Nemmouche: un type de bus réputé pour transporter des trafiquants de drogue, un fusil qui dépasse presque d'un sachet Décathlon entrebâillé, quatre Unes de journaux (relatives à la tuerie) en sa possession, une casquette similaire à celle ayant servi au tueur, et l'enregistrement audio d'une voix qui revendique la tuerie et qui sera retrouvée dans le "fichier caché" d'un autre appareil numérique rangé dans sa poche.

Flashback

Le 26 mai, Panamza était le premier média francophone à évoquer, avec des détails inédits, la piste d'un assassinat ciblé à propos du couple israélien (auquel Yitzhak Aharonovich, ministre de la Sécurité publique et proche de son collègue Avigdor Lieberman, a rendu hommage).
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Aujourd'hui, il est possible de confirmer que Miriam Riva et son époux, présentés par certains comme de simples "comptables", ont bien pris leurs fonctions à Berlin en août 2007 (exactement lors du lancement de "l'Opération Allemagne" -animé par "deux émissaires"- sous la tutelle de Lieberman) grâce à la trace figurant sur un site allemand géré par le ministère israélien du Tourisme. Chose intéressante, Miriam Riva y dispose du titre d'"attachée" diplomatique (couverture typique dans le monde de l'espionnage) tandis que son mari est laconiquement mentionné à ses côtés. Son patronyme figure également sur un autre site dévolu à l'identification du "corps diplomatique" opérant en Allemagne.

En outre, mercredi 4 juin, Intelligence Online, une lettre confidentielle française spécialisée dans les services de renseignement, a publié une brève information (réservée aux abonnés) selon laquelle, d'après leurs sources, Emanuel Riva aurait été un agent spécialiste du "Hezbollah et des mouvements chiites combattants". En voici le cache Google:
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Là encore, à l'instar de l'appartenance désormais avérée des Riva dans le renseignement israélien, ce détail n'a pas été creusé, ni même rapporté, par la presse hexagonale.

Qu'il s'agisse des éléments relatifs au passé trouble du couple abattu par revolver à Bruxelles ou des faits troublants concernant l'arrestation du suspect à Marseille, l'affaire Nemmouche n'a pas fini de dévoiler ses arcanes.