Image
La conseillère à la sécurité nationale du président Barack Obama, Susan Rice
Combien de fois, durant ces trois ans de guerre en Syrie, avons-nous entendu les dénis en tout genre concernant l'aide militaire américaine aux djihadistes, à laquelle il ne manquait que leur intervention directe. Il y a d'abord eu négation de toute aide, qui s'est transformée en aide « purement » et « strictement » humanitaire, pour aboutir finalement, peut-être à la suite d'un long travail des think tanks washingtoniens, à la formule magique : « aide non létale ».

De non létale, l'aide est aujourd'hui devenue létale à part entière, avec une longue période de flou artistique où le contenu des déclarations suggérait des phases intermédiaires, selon un discours Orwellien que nous ne connaissons que trop bien : létale mais pas trop, à peine létale, pas tout à fait létale, semi létale, etc... Dans le même temps, on nous précise que ces armes sont exclusivement destinées aux rebelles modérés dont on ne sait pas trop de qui il s'agit en Syrie. Peut-être les reconnait-on à la longueur de leur barbe ?. Le maintien de ce flou permet de faire passer les lois qui autoriseront la livraison d'armes américaines, largement financées par les monarchies du Golfe.

L'Amérique est un de ces pays de droit où la lettre prime sur l'esprit des lois. Montesquieu ? Ils ne connaissent pas. On peut tout à fait imaginer une armée d'avocats dans les think tanks en train de décortiquer chaque mot du code des lois et de la jurisprudence américaines pour tenter de faire entrer les actions gouvernementales dans les textes juridiques. Par exemple, puisque les armes létales sont interdites, il n'y a qu'à dire qu'elles ne sont pas létales, la frontière entre les deux étant si large qu'on peut pratiquement tout y loger. Ou encore, puisqu'il est interdit de livrer des armes à des terroristes, il suffit de préciser qu'elles ne seront livrées qu'aux rebelles « modérés », et le tour est joué.

Malheureusement, ces jeux juridiques subtils sont de moins en moins adaptés à ce qui se passe sur le terrain. Le statu quo qui devait maintenir un état de guerre permanent en Syrie est en train de tourner court avec les succès militaires de l'Armée Arabe Syrienne et la réélection de Bachar Al Assad et, surtout, les conditions de cette réélection qui affaiblissent les discours de diabolisation du président syrien. Et, par-dessus tout, les faucons de Washington commencent à s'agiter dans tous les sens et s'inquiètent des échecs répétés de la politique extérieure de leur président.


Commentaire : Ne perdons pas de vue qu'Obama n'est que le pantin de service !


Obama, malgré le ton belliqueux qu'il se croit tenu d'adopter pour plaire aux fauves de Washington, sent bien que tout lui file entre les doigts. Lors de son discours à West Point où, habituellement le chef d'état, chef des armées, est ovationné par les cadets heureux d'entendre le discours musclé de leur chef (ne sont-ils pas les futurs conquérants du monde ?), le président Obama n'a obtenu que de timides applaudissements polis, malgré sa réécriture des événements mondiaux à la gloire de l'Amérique. Si même les cadets de West Point ne tombent plus dans le panneau, c'est que rien ne va plus pour le président américain.

En Europe non plus rien ne va, et les gesticulations contre la Chine et la Russie, sont de plus en plus perçues pour ce qu'elles sont : du vent. Mais il reste la Syrie où l'administration américaine peut encore faire quelque chose. En annonçant la livraison d'armes létales aux djihadistes, la Maison Blanche ne fait que confirmer ce qui était déjà, mais cela leur permet désormais de le faire à grande échelle, sans fard ni faux-semblants. L'annonce a été faite par la conseillère à la sécurité nationale du président Barack Obama, Susan Rice qui a déclaré Vendredi : « Les Etats-Unis ont intensifié leur soutien à l'opposition modérée et certifiée comme telle, délivrant une aide létale et non létale là où nous pouvons soutenir l'opposition civile et militaire ». Qu'y aura-t-il de plus par rapport à ce qui se faisait avant, où il ne manquait que l'intervention directe ? L'avenir le dira, mais d'ores-et-déjà nous entrons dans une nouvelle phase de la guerre menée contre la Syrie.