Des heurts ont éclaté samedi soir entre la police et des groupes de manifestants rassemblés dans le centre d'Athènes en mémoire d'un adolescent tué par un policier en 2008 et en solidarité avec un détenu en grève de la faim.

Des bris d'arrêts de bus et de quelques vitrines de magasin ont accompagné le cours de la manifestation qui a pris un tour plus offensif lorsqu'elle est parvenue au niveau de la place Syntagma, face au parlement: dans les rues adjacentes, des jets de pierres et de cocktails Molotov sont partis de groupes de manifestants tandis que la police faisait usage de gaz lacrymogène.

Le cortège, de 5.000 personnes selon la police, 10.000 selon les organisateurs, s'est ensuite divisé en plusieurs blocs, l'un prenant notamment la direction du quartier d'Exarcheia, secteur contestataire de la capitale où les échauffourées se concentraient en début de soirée. Plusieurs bennes à ordures ont brûlé, du mobilier urbain a été dégradé, tandis qu'un incident d'origine indéterminée a éclaté dans un appartement de ce quartier, sans qu'aucune victime ne soit rapportée.

Des forces anti-émeutes en très grand nombre empêchaient d'approcher à plus de 200 mètres du bâtiment de l'École Polytechnique, dans le même secteur, occupé par des militants radicaux depuis plusieurs jours, selon un journaliste de l'AFP. Des heurts se déroulaient dans le même temps à Thessalonique (Nord), deuxième ville de Grèce, où 6.000 manifestants ont défilé dans l'après-midi. Les forces de l'ordre étaient en alerte pour cette journée de commémoration de la mort d'Alexis Grigoropoulos tué à 15 ans par un policier dans le quartier d'Exarchia, le 6 décembre 2008, drame qui avait entraîné des troubles urbains inédits en Grèce pendant un mois.

La tension est renforcée cette année par la mobilisation en soutien à Nikos Romanos, 21 ans, un détenu anarchiste condamné pour braquage, en grève de la faim depuis 27 jours pour revendiquer son droit d'étudier hors de prison. Nikos Romanos était un ami d'Alexis Grigoropoulos et était présent lors de sa mort. Une première manifestation avait rassemblé dans le calme 4.000 personnes à Athènes samedi après-midi sous des banderoles proclamant "la flamme de décembre n'est pas éteinte", "lutte contre la politique antisociale et la répression", "Victoire pour la lutte de Nikos Romanos".

Des incidents avaient éclaté lors d'un rassemblement à Patras (Ouest). La mobilisation en faveur de Nikos Romanos a déjà donné lieu à plusieurs manifestations cette semaine en Grèce, notamment à Athènes où des bâtiments ont été occupés et où des heurts avec la police se sont déjà produits mardi soir.