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© InconnuSolomon Asch
En répondant à la question posée par le titre de cet essai, le chapitre de la semaine dernière, les parties 4 et 5 ont exploré les concepts de double pensée, de déni et de dissonance cognitive. Nous avons recours au déni afin d'éviter la dissonance cognitive, ce sentiment inconfortable et parfois inquiétant de perdre notre équilibre émotionnel lorsque nous sommes confrontés à des informations nouvelles qui défient notre vision du monde, ou lorsque nous nous accrochons à des croyances qui sont en contradiction avec les faits connus.

Dans la partie 6, nous allons continuer l'analyse de Mme Shure avec les expériences de Solomon Asch sur le conformisme et la théorie de la « spirale du silence » de Elizabeth Noelle-Neumann.

Au début des années 1950, les expériences de Solomon Asch (Swarthmore College) ont démontré de manière flagrante notre propension humaine à nous conformer à l'opinion dominante d'un groupe. Plusieurs étudiants sélectionnés avant l'expérience ont été invités à agir comme s'ils étaient des sujets de l'expérience, alors qu'en réalité, ils en étaient des complices, ou autrement dit des « plantes ». Ces complices ont tous été invités à donner la même mauvaise réponse en donnant la longueur d'une ligne sur une carte.

Un sujet authentique et sans méfiance a alors rejoint le groupe, et pendant que l'expérience était en cours, un instructeur lui a donné pour tâche de faire correspondre la longueur d'une ligne sur une carte avec la bonne ligne parmi trois lignes de tailles différentes sur la même carte ou une autre carte. Dans 36,8% des cas, le sujet aurait renoncé à sa bonne réponse initiale et aurait à la place été d'accord avec une mauvaise réponse donnée unanimement par les autres participants. (1)

Cette recherche brillante montre clairement la puissance de la pression émanant de nos pairs afin d'inciter les individus de se conformer à la majorité. Le résultat était identique dans les différentes expériences successives, sauf dans une variante de l'expérience où il y avait un autre « partenaire » (également un complice), qui avait donné la bonne réponse avant que le véritable sujet ne réponde. Si ce partenaire « de soutien » était présent, le sujet suivait l'opinion de la majorité seulement une fois sur quatre, montrant ainsi la puissance d'un allié pour nous donner le courage de rester indépendant. Pourtant, beaucoup de sujets niaient qu'un tel partenaire avait une quelconque influence sur leurs réponses. (2)

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© Inconnu Cartes utilisées dans les expériences de la conformité
Cette variante de l'expérience montre que la puissance du groupe ne vient pas du nombre de personnes qui le constitue, mais de l'unanimité de l'opposition. Lorsque l'unanimité du groupe est rompue, l'influence du groupe est fortement réduite.
Pourquoi 36,8% des élèves se sont ainsi conformés [à l'avis unanime d'un groupe] ? Grâce à des entrevues, on a découvert que, parfois, ils étaient convaincus que les autres avaient raison. On appelle cela « la conformité d'information. » D'autres se sont conformés parce qu'ils craignaient que le groupe les désapprouverait s'ils étaient déviants. Ceci est connu sous l'appellation de « conformité normative. »

Une autre variante de l'expérience faisait le sujet arriver en retard. De ce fait, il devait écrire les réponses en secret, ce qui a abouti à une chute du conformisme des deux tiers. Lorsque le sujet pouvait garder sa réponse secrète, il disposait, encore une fois, de davantage de capacité pour rester indépendant. (3)

La leçon de ces expériences n'est pas sans intérêt pour les sceptiques et militants du 9/11. Nous pouvons voir dans les sondages (4) et dans nos expériences personnelles au contact des autres que de plus en plus de gens sont prêts à écouter les témoignages que nous présentons, et à parler ouvertement du 11 Septembre comme d'un événement sous faux pavillon. En effet, l'unanimité de la version officielle a bien été rompue, malgré le refus irresponsable des médias corporatistes à remettre en cause la thèse officielle gouvernementale. Néanmoins, il y a beaucoup de gens qui ne sont pas encore informés, et qui trouveront inévitablement cette question très difficile. Nous devons donc continuer à parler de notre vérité calmement et rationnellement en nous basant sur les preuves évidentes tout en évitant la spéculation, car cela donne à une personne réfractaire une fenêtre pour discuter et pour rejeter les preuves établies.

Dans une autre étude illustrant notre tendance humaine à nous conformer, les scientifiques sociaux allemands des années 1960 et 1970 ont remarqué que lors de deux élections différentes les intentions de vote étaient au coude à coude, mais que les prévisions du groupe qui allait effectivement gagner ont progressivement suivi une réalité distincte et indépendante. Dans chaque cas, le groupe dont les partisans se faisaient le plus entendre, étaient les plus enthousiastes et étaient prêts à afficher leurs convictions, est devenu le groupe que l'on s'attendait à voir gagner, même si les intentions des vote restaient stables, à égalité.

Dans chacune des élections, les prévisions des citoyens allemands quant à celui qui gagnerait ont augmenté de semaine en semaine. Puis, à la dernière minute, un basculement s'est produit, et suffisamment de citoyens (parmi les millions) ont rejoint le train en marche du gagnant attendu pour finalement donner la victoire à ce candidat.

Comment cela est-il arrivé ?
- Ceux qui étaient davantage convaincus que leurs partis politiques et leurs candidats étaient ceux qui exprimaient le mieux et ouvertement leurs points de vue : ceux-là étaient convaincus que leurs opinions seraient finalement adoptées par presque tout le monde.

- Ceux qui ont rejeté ces points de vue se sont sentis laissés de côté : ceux-là se sont retirés et se sont tus.
Cette dynamique a fait que le vainqueur attendu semblait encore plus populaire que ce que ce candidat ne l'était en réalité. Dans un processus en spirale, la pression sociale encourage les gens à proclamer leur point de vue ou à se taire. Ce processus est appelé la « spirale du silence. » (5)

Les chercheurs allemands ont découvert que, dans un processus apparemment inconscient, les gens cessent de défendre le candidat perdant environ douze heures avant que ne soit annoncé à l'opinion publique que le soutien à ce candidat ne se soit émoussé. (6)

Comment les scientifiques sociaux expliquent-ils cet « effet d'entraînement » ? Tout le monde, disent-ils, veut être du côté des gagnants - "d'appartenir" au camp gagnant. Faisons un parallèle avec le football : que nous nous sentons heureux, exaltés lorsque « notre équipe » gagne, et qu'à l'inverse nous nous sentons déconfits quand elle perd. Que ce soit envers les équipes de sport ou les partis politiques, il existe un besoin humain de s'identifier au gagnant, et de proclamer cette identification à d'autres.

Quand il s'agit d'élections et de la spirale du silence, la politologue allemande Elizabeth Noelle-Neumann nous explique avec perspicacité :
« Personne ne veut être isolé ... tellement isolé que les voisins détournent le regard quand ils vous croisent sur le palier de votre appartement, ou que les collègues s'éloignent, laissant un siège vide à côté de vous. Nous commençons seulement à observer les centaines de signaux qui informent une personne qu'il ou elle n'est pas entouré par une chaude lueur de sympathie, mais par un cercle d'évitement. »

Les interrogatoires répétés des mêmes personnes ... nous ont révélé que celles qui se sentent relativement isolées des autres ... sont les plus susceptibles de procéder à un revirement électoral de dernière minute. Ceux qui ont une faible confiance en eux et qui ont un intérêt moins marqué pour la politique sont également susceptibles de faire un changement au dernier moment. En raison du peu d'estime d'elles-mêmes, quelques-unes de ces personnes pensent ne jamais se situer du côté des gagnants ou de pouvoir « jouer de la trompette dans le train en marche ». « Courir avec le peloton » décrit mieux la situation de ceux qui « suivent ». Pourtant, cette situation s'applique, plus ou moins, à toute l'humanité. « Quand les gens pensent que les autres se détournent d'eux, ils souffrent tellement qu'ils peuvent être guidés ou manipulés aussi facilement par leur propre sensibilité que par une bride. La peur de l'isolement semble être la force qui met en mouvement la spirale du silence. » (7)
Un de mes amis est friand de l'utilisation de la phrase « au milieu de la courbe en cloche » pour illustrer notre tendance humaine à nous conformer à, ou à nous mélanger avec, les normes et les styles de nos pairs de n'importe quelle manière, y compris les maisons où nous vivons, les voitures que nous conduisons, les coiffures que nous adoptons, les vêtements que nous portons, et le candidat que nous soutenons. Nous voulons être respectés, et nous voulons appartenir et être aimé par notre groupe d'amis. Pour atteindre ces objectifs, nous croyons que nous devons être comme nos amis. Nous ne voulons pas être en marge de notre groupe d'amis. Nous voulons être perçus comme « normaux ». Si nous adoptons des opinions minoritaires sur des questions impopulaires, nous pouvons craindre que notre réputation ne se ternisse, que nous ne soyons pas respecté, et que nous soyons ostracisé, au moins par nos amis et nos collègues, parce que la famille peut parfois être plus tolérante.

Les sceptiques connaissent bien ce sentiment d'isolement qui arrive en refusant de croire ce que les officiels nous ont dit à propos du 9/11, mais on peut se sentir particulièrement ostracisés si nous parlons des preuves qui contredisent la version officielle. Nous faisons partie d'une minorité sur une question très émotionnelle, qui suscite une crainte chez la plupart des gens.

Une remarque de la directrice d'une organisation de paix et de justice de premier plan illustre cette peur fondamentale de l'homme : quand je lui ai demandé si son organisation voulait bien coparrainer un événement avec notre mouvement pour la Vérité sur le 9/11, au lieu de me répondre, elle m'a spontanément et énergiquement demandé, « Fran, as-tu perdu beaucoup d'amis à cause de ton travail sur le 9/11 ? »

Dans une autre conversation, alors que je parlais à une connaissance de mon travail d'information en tant que sceptique de la version officielle du 9/11, elle a immédiatement détourné le regard, s'est dressée et a fait un pas en arrière, et a annoncé sur un ton autoritaire concluant la conversation : « Dans notre famille, nous croyons que le 9/11 est arrivé à cause de l'incompétence du gouvernement. » J'allais comprendre. Il est apparu que sa famille était assez intelligente pour ne pas adhérer à la version officielle dans son intégralité, mais ils avaient choisi d'approuver une autre analyse respectable qui les ancrait solidement au centre de la société. Il était clair qu'il n'y avait pas de place pour la discussion.

Dans ces cas, le besoin de l'être humain social que nous sommes de rester dans le milieu de la courbe en cloche, d'adhérer à des normes sociales afin de garder sa réputation et sa respectabilité intacte, l'emporte sur la preuve, sur l'ouverture et la curiosité ainsi que sur la nécessité humaine de [connaître] la vérité. Bien sûr, il y a toujours des exceptions, que les études sur la Diffusion des Innovations montrent clairement.

Les sociétés humaines sont bien sûr diversifiées. Certaines personnes nous encouragent à maintenir notre société stable et prévisible, tandis que d'autres nous encouragent à la faire avancer. Si nous pouvions trouver et maintenir nos connexions humaines - l'amour et le respect de l'autre - tout en exprimant nos points de vue divergents, alors nous aurions une société merveilleusement stable et dynamique, capable de manifester le potentiel le plus élevé de la civilisation.
Il faut des personnes qui soient psychologiquement solides afin d'envisager des opinions divergentes ouvertement et avec respect. Ces personnes sûres d'elles sont également davantage disposées à persévérer avec leurs propres opinions si elles sont renforcées par les preuves, contrairement à ceux qui se laissent happer par la spirale du silence et ceux qui ont pris le train en marche dans les derniers moments des élections allemandes, contrairement aux 36,8% des sujets d'Asch qui ont abandonné leurs réponses correctes en faveur des mauvaises réponses de la majorité, bref, contrairement à ces personnes relativement précaires qui ressentent un plus grand besoin d'être aimées que d'être libres d'avoir leurs propres opinions.
Les expériences de Milgram, Elliott, Zimbardo, Festinger, et Asch, ainsi que la théorie de Elizabeth Noelle-Neumann sur la spirale du silence montrent toutes les caractéristiques de la « pensée de groupe », un sujet que nous allons étudier prochainement.

Notes :

(1) Solomon Asch, « Les opinions face à la pression sociale », Scientific American (1955). http://www.columbia.edu/cu/psychology/t ... s/asch.pdf

(2) Ibid. Voir aussi http://www.youtube.com/watch?v=TYIh4Mkc ... e=youtu.be

(3) Voir http://www.youtube.com/watch?v=TYIh4Mkc ... e=youtu.be

(4) Les Américains interrogent Bush sur la compréhension du 9/11 (Ndt : lien cassé depuis la parution de l'article original) ; se reporter maintenant par exemple à : http://www.mindfully.org/Reform/2006/911-Polls-Question-Bush14oct06.htm

(5) Elizabeth Noelle-Neumann, La Spirale du Silence : l'Opinion publique, notre peau sociale, 2 e éd. (Chicago : University of Chicago Press, 1993).

(6) DeHaven-Smith, la Théorie de la Conspiration (191-192).

(7) Elizabeth Noelle-Neumann, La Spirale du Silence.